Ce troisième numéro de Young Justice reprend les choses où elles avaient été laissées au premier épisode mais annonce aussi la réunion prochaine de l'équipe au grand complet. Toujours aussi énergique, la narration de Brian Michael Bendis permet aussi bien à Patrick Gleason qu'à Viktor Bogdanivic, le guest artist, de s'éclater.
Conner Kent/Superboy et Bart Allen/Impulse se sont donc retrouvés dans le Gemworld. Mais ils n'ont pas le temps de s'expliquer comment ils sont arrivés là que des gardes de Lord Opal viennent les arrêter.
Comment Superboy a-t-il atterri ici ? Tout a débuté par une bataille contre un monstre échappé des S.T.A.R. Labs. La responsable du complexe veut étouffer cet incident et demande à Conner Kent de garder le secret.
Mais il ne l'entend pas de cette oreille et veut savoir ce qui se cache dans ces laboratoires. Après avoir défoncé quelques murs, il découvre une salle où est ouvert un portail inter-dimensionnel.
Aspiré dans ce tunnel, il se retrouve dans le Gemworld. Il semble y être depuis un moment car, comme le découvre Impulse, il est désormais marié et père de famille. Et les gardes de Lord Opal insiste pour que les deux amis les suivent.
Cependant, après avoir affrotné Lord Opal, le reste du groupe, composé de Robin, Wonder Girl, Jinny Hex, Teen Lantern et Amethyst, croupit dans les oubliettes de l'ennemi, sans savoir comment s'en évader...
Si la manière de raconter cette histoire joue avec les nerfs et la patience du lecteur, il faut reconnaître que les aventures de Young Justice sont un agréable moment livré par Brian Michael Bendis.
Le scénariste renoue ici franchement avec ce qu'il faisait dans l'univers Ultimate de Marvel et la série Ultimate Spider-Man, notamment quand il entourait le héros de ses "amazing friends" (comme la Torche Humaine, Firestar, Kitty Pryde, mais aussi MJ Watson, Gwen Stacy, sous le toit de Tante May). Bendis prouve qu'il est toujours à l'aise avec les jeunes personnages, dont il fait entendre la voix de façon très spontanée et naturelle. Ce ne sont pas des ados s'exprimant artificiellement : leur attitude, leur langage sont crédibles, même dans le cadre super-héroïque.
L'épisode reprend là où se teminait le premier avec les retrouvailles de Bart Allen/Impulse et Conner Kent/Superboy. C'est sur ce dernier que Bendis porte son attention, conscient que sa réapparition au-delà de ce titre, interroge beaucoup de lecteurs (au point qu'on a soupçonné Young Justice de ne pas se dérouler dans la continuité "Rebirth").
C'est que l'auteur a lui-même brouillé les pistes en montrant Jon Kent, le fils de Superman, devenu subitement un ado de seize ans dernièrement. Comment, dès lors, justifier l'existence de Conner Kent, l'autre Superboy - même si, lui, est un clone de l'homme d'acier et de Lex Luthor ?
Bendis s'en sort habilement en expliquant surtout pourquoi et comment avait disparu Conner. La "pilule" passe d'autant mieux que tout va très vite, et précise que le temps s'écoule différemment dans le Gemworld. La situation du personnage s'en trouve considérablement modifiée et nuancée, densifiant une intrigue qui pouvait sembler un peu légère avec des extra-terrestres débarquant sur Terre puis de jeunes héros étant téléportés sur une autre planète en les poursuivant.
Bien entendu, une fois encore, il faut en passer par un flash-back qui coupe l'épisode en trois (un prologue, un retour en arrière, un épilogue), donc qui décompresse le récit. Mais, sans cela, il serait aisé de reprocher à Bendis de ne pas justifier le retour de Conner. Si le rythme est un peu haché donc, au moins chaque héros a droit à une re- présentation (bien utile pour ceux qui ne sont pas familiers avec eux).
Après Emanuela Lupacchino, la série accueille un nouvel artiste invité à mettre en images le passage sur Superboy. C'est Viktor Bogdanovic qui s'y colle, et si, qualitativement, on baisse d'un cran, il faut reconnaître que le résultat reste honorable. Bogdanovic me pose surtout problème dans la mesure où il copie trop Greg Capullo sans que son dessin ait la même tenue, mais les pages qu'il livre tiennent le coup.
Je préfére de loin celles de Patrick Gleason, surtout quand il met en scène Impulse (qu'à l'évidence il prend un plaisir fou à dessiner). Il représente excellemment aussi Superboy en détaillant subtilement sa barbe naissante, son look décalé, qui le rend plus adulte que ses comparses. Enfin, les dernières planches (hormis une superbe double-page, voir plus haut) sont découpées en "gaufriers" et saisissent de manière efficace la détention dans des fosses du reste de l'équipe.
Agrémenté d'une couverture alternative très chouette d'Evan Shaner (dont le style conviendrait parfaitement au titre), cet épisode relance bien l'intérêt. Young Justice n'est peut-être pas le team-book le plus renversant qui soit, mais c'est un divertissement tonique et prometteur.
La variant cover d'Evan Shaner.
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