Ce 9ème épisode de Tony Stark : Iron Man ne déroge pas à la règle : il est une fois encore plein comme un oeuf, bourré d'idées, déchaîné, jubilatoire. En coulisses, cependant, les choses bougent aussi car Dan Slott se fait aider par Jim Zub. Les crédits sèment la confusion pour les dessins qui semblent pourtant bien n'être que le fruit des efforts de Valerio Schiti.
Rhodey et la Guêpe tentent de maîtriser le Controller et appellent des renforts mais leurs amis super-héros sont tous occupés à contenir les assauts des joueurs manipulés par leur adversaire.
Dans l'e-Scape, le chaos règne également. Tony est sous la coupe de Maria, l'intelligence artificielle qui gère désormais l'interface et le confronte à ses démons intimes sous le regard impuissant d'Amanda, sa mère biologique, coincée dans le jeu.
Amanda est contrainte de fuir mais où se cacher dans cet environnement virtuel que Maria compose à sa guise. Elle reçoit l'aide de Machine Man, qui s'est infiltré incognito dans la partie et dissimule leurs présences.
Tout comme dans la réalité, la Guêpe parvient à distraire le Controller, annulant brièvement son emprise sur Bethany Case qu'Andy Bhang neutralise, Amanda convainc Machine Man de faire diversion pour qu'elle rende sa lucidié à Tony.
Tony se souvient alors d'Amanda mais Martia abat sa carte maîtresse : depuis qu'il est revenu d'entre les morts, Tony a été obsédé par la confection de l'e-Scape car confus sur sa propre réalité. Ne vaut-il pas mieux qu'il reste dans l'interface où il peut tout faire plutôt qu'errer à l'extérieur, doutant de lui-même ?
Un mot d'abord sur les crédits de l'épisode : depuis le début, la série souffre de petits retards, qu'on pouvait mettre sur le compte de l'agenda de Dan Slott, écrivant par ailleurs Fantastic Four. Il semble que le problème soit plus sérieux puisque, comme c'était souvent le cas sur Amazing Spider-Man, le scénariste a recours à un assistant, hier Christos Gage, aujourd'hui Jim Zub (un auteur sur lequel mise Marvel). Quel est son rôle exact ? Mystère. Peut-être la rédaction des dialogues, vu que Slott garde la main sur l'intrigue et le script. Il faudra surveiller si Zub continue à jouer les seconds.
Plus opaque encore, la partie graphique : la couverture mentionne Valerio Schiti, qui paraît n'avoir eu aucun renfort, mais qui est pourtant accompagné d'un mystérieux Villanelli puis, sur la page d'entrée, encore plus surprenant, le dessins sont attribués à Schiti et Paolo Rivera. Le style de ce dernier, reconnaissable entre mille, est invisible dans les vingt pages suivantes !
Visiblement, il n'y a pas que Tony Stark et Amanda Armstrong (et Machine Man, mais lui évolue incognito) à être perdu dans l'e-Scape, cette interface ludique piratée par le Controller.
L'histoire est extrêmement touffue, s'articulant entre monde virtuel (mais avec des enjeux bien physiques) et réel (avec là aussi des rebondissements en cascade). Pourtant, on est à la fois submergé par la quantité d'infos à digérer et totalement entraîné par le flux du récit, très fluide, mené sur un rythme soutenu. C'est la marque de cette série qui en donne vraiment pour son argent aux fans.
Slott et Zub recomposent Le démon dans la bouteille version 2.0 en sondant la psyché de Tony Stark via cette interface corrompue où une intelligence artificielle a pris l'apparence de Martha Stark pour convaincre le héros qu'il se réalise bien mieux dans cet environnement factice que dans la réalité. Les scénaristes soulignent que Stark est revenu d'entre les morts en se refaçonnant de pied en cap, d'où des doutes profonds sur sa nature actuelle. Est-il encore l'homme qu'il a été ? Un homme tout court ? Ou un programme dans une enveloppe humaine ?
Dès lors, en sombrant à nouveau dans l'alcoolisme (même virtuel), en se laissant griser par le potentiel illimité de l'e-Scape (où le plaisir passe avant les responsabilités), en renouant avec sa mère adoptive disparue plutôt qu'avec sa mère biologique quasi-étrangère, Tony n'est-il pas plus à sa place dans l'interface, n'est-il pas plus lui-même ici qu'ailleurs ?
Ces interrogations, pimentées par un savant dosage d'action et de comédie (une page accompagnant Iron Man sur un générique musical à sa gloire, Amanda vêtue par Maria comme la Veuve Noire à ses débuts - donc quand elle projetait de dérober des secrets industriels à Stark - , les interventions toujours loufoques et cyniques de Machine Man), relèguent au second plan la bataille contre le Controller, même si Sunset Bain apporte son aide à la Guêpe et Rhodey (non sans arrière pensée, puisque le bazar provoqué par son concurrent et nettoyé par elle réhabilite son image de marque).
Valerio Schiti, qui, à mon humble avis, n'a reçu aucune aide, est en feu : l'italien tient une forme incroyable depuis le début (il n'a zappé qu'un épisode sur neuf) et fait vivre le script avec toute l'énergie dont il dispose.
L'espèce de tourbillon que suscite la lecture de la série chez le lecteur vient en grande partie aussi de sa partie visuelle. Pour encore plus souligner les différences entre les deux mondes, avec le coloriste Edgar Delgado, Schiti a appliqué une sorte de filtre sur les planches situées dans l'e-Scape, leur donnant un aspect vieilli, presque tramé, avec des teintes passées, ternies, comme mal imprimées sur du mauvais papier.
Ajoutez-y un découpage fou et vous mesurerez l'intensité du dessin de Schiti, qui refuse tout effet facile (pas un plan qui ressemble au précédent ou au suivant, une variété dans les angles de vue, dans la valeur des plans, etc). C'est très costaud.
Malgré, donc, quelques remous et bizarreries dans les crédits, Tony Stark : Iron Man garde sa place en tête du peloton des séries Marvel actuelles.
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