Young Justice est une drôle de série : plutôt riche en péripéties et dotée de bons portraits de ses jeunes héros, son rythme est pourtant inégal car l'intrigue souffre quelque peu des flash-backs consacrés aux membres de l'équipe. Pourtant, ce mois-ci, Brian Michael Bendis presse le pas, sans d'ailleurs modifier sa construction narrative. Et surtout John Timms, l'artiste invité, livre une prestation épatante aux côtés de Patrick Gleason.
Prisonnière des geôles de Lord Opal avec Robin, Jinny Hex, Wonder Girl et Teen Lantern, Amethyst sait qu'elle ne doit pas attendre d'aide de la part des autres maisons du Gemworld. Car elle leur a reprochées leur passivité contre l'ennemi.
Cette prise de position virulente lui a presque valu d'être exclue du concile et bannie sur Terre (dont elle est originaire). Le salut pour les jeunes héros dépend donc de Conner Kent à qui Impulse apprend les circonstances de sa venue sur le Gemworld.
Cependant, Jinny Hex a aussi un tour dans son sac car les gardes de Lord Opal fouillent son véhicule et ouvrent imprudemment une malle de son arrière-grand-père, Jonah, remplie d'artefacts magiques dangereux.
Superboy et Impulse arrivent ensuite et libèrent leurs camarades. Young Justice est réunie. Mais Amethyst abrège ces retrouvailles pour expliquer que la situation reste critique.
En effet, la veille, au palais de Turquoise, qui lui conseillait de rentrer sur Terre pour calmer le concile, un tremblement de terre ébranla le palais. La princesse devait à l'intérieur trouver Robin tout juste téléporté sur le Gemworld...
La manière dont Brian Michael Bendis a choisi de construire de premier arc narratif de Young Justice est louable mais un peu frustrante. En effet le scénariste a pensé à présenter les personnages, historiques ou non, de l'équipe pour ceux qui ne les connaissaient pas (ou peu). C'est toujours mieux que tous ces auteurs qui démarrent une histoire comme si tout le monde savait qui était qui.
Mais ce dispositif a un inconvénient : il étire l'intrigue et en ralentit le rythme, malgré les scènes d'action spectaculaires à chaque numéro. Après avoir réintroduit Wonder Girl, Superboy, ce mois-ci c'est au tour de la princesse Amethyst d'avoir droit à ses planches rétrospectives.
Cependant, cette fois, il s'agit moins de dresser le profil de la jeune femme que d'exposer la situation du Gemworld à travers elle. Constatant depuis longtemps les agressions de Lord Opal contre les autres familles de cette planète, elle fustige la passivité des divers nobles et suspecte même l'un d'eux de vouloir s'allier avec l'ennemi. Cette attitude offensive lui vaut des inimitiés, une menace de bannissement, d'autant plus qu'elle est originaire de la Terre, tenue pour responsable de la désolation du Gemworld.
Bendis réussit impeccablement à conférer un tempérament de feu à l'héroïne, alors même qu'elle n'est pas une figure historique de la Young Justice. Ainsi devient-elle le pivot du récit.
L'autre réussite du numéro concerne Superboy alias Conner Kent, qu'on avait découvert bien docile face aux gardes de Lord Opal. Quand sa famille est menacée, il réagit et suit Impulse pour libérer Robin, Wonder Girl, Jinny Hex et Teen Lantern, co-détenus avec Amethyst.
Vous l'avez deviné : à la fin de cet épisode, l'équipe est réunie au grand complet. Enfin ! A deux numéros de la fin de l'arc, la suite s'annonce mouvementée, même si on aura droit à un retour en arrière concernant Robin puis Impulse.
Le tonus de ce chapitre doit beaucoup également à ses artistes. John Timms est l'invité du mois et pour celui qui a longtemps dessiné la série Harley Quinn, animer Amethyst est du sur-mesure. Son trait dynamique s'accorde parfaitement au caractère bien trempée de la princesse, et il ne mâche pas ses efforts pour les décors. Son découpage valorise bien chaque scène.
Patrick Gleason s'est montré très inégal depuis le début, visiblement mal à l'aise avec cette répartition des rôles graphiques mais aussi moins précis depuis qu'il se passe des services d'un encreur. Cependant, ici, ses planches retrouvent de l'allant et de la finesse, il dispose de quoi s'amuser davantage, notamment quand Superboy réagit et que les bagages de Jinny Hex font des siennes (deux splash-pages bien explosives).
Young Justice est donc une série un peu bancale, qui gagnera certainement à être rééxaminée durant son prochain arc, dans une histoire affranchie des contraintes de présentations de ses héros. En l'état, c'est un divertissement honnête, classique, scolaire, au potentiel encore en sommeil.
La variant cover de Dan Mora.
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