jeudi 11 avril 2019

CAPTAIN MARVEL #4, de Kelly Thompson et Carmen Carnero


Ce quatrième épisode de Captain Marvel rebondit agréablement après le coup de moins bien du mois dernier. Kelly Thompson a de la ressource, comme son héroïne, et Carmen Carnero le traduit bien à l'image. Ce qui n'empêche pas quelques faiblesses, récurrentes, et aussi de grosses ficelles.


Captain Marvel affronte donc l'arme secrète de Nuclear Man en la personne de Rogue. Elle parvient difficilement à vaincre la mutante mais cela la laisse très affaiblie. Trop pour ne pas perdre connaissance devant l'ennemi.


Au refuge de la rébellion, Som et Spider-Woman expliquent à Jennifer Walters, Echo et Hazmat la situation. Spider-Woman veut organiser le sauvetage de Carol Danvers mais Jen s'y oppose pour élaborer un assaut plus important contre la citadelle de Nuclear Man.


Ce dernier a organisé dans son arêne un combat entre Rogue et Captain Marvel afin de déterminer laquelle sera sa reine et la mère de sa progéniture. Carol convainc la mutante d'absorber toute son énergie pour mieux renverser leur ennemi commun.


Cependant, la rébellion avance sur la citadelle de Nuclear Man en trois groupes, par les airs (avec Echo et Ripley Ryan), sur terre (avec Hazmat et Jennifer Walters), sous terre (avec Spider-Woman et Som).


Rogue investie des pouvoirs de Captain Marvel attaque Nuclear Man tandis que les rebelles donnent l'assaut. Mais alors que l'ennemi semble dépassé, Nuclear Man révèle qu'une bombe détruira Manhattan s'il lui arrive malheur.

Depuis le temps que je suis les productions de Kelly Thompson, des récurrences se révèlent plus nettement. Elles soulignent les points forts de la scénariste, mais aussi ses faiblesses. Même si ces dernières ne sont peut-être pas toutes de sa responsabilité.

A cet égard, ce nouveau numéro de Captain Marvel est très instructif, surtout après la parution récente du premier épisode de Sabrina the teenage witch qu'elle écrit pour Archie Comics, avec visiblement plus de liberté que ne lui en octroie Marvel.

Parmi les éléments qui reviennent dans les séries Marvel de Thompson, on peut ainsi pointer le fait qu'elle n'emploie pas de méchants de premier ordre. On peut l'interpréter comme une volonté de renouveler la galerie des vilains, mais aussi comme le fait que l'éditeur lui refuse l'accès aux vedettes du côté obscur. Nuclear Man n'a pas le charisme d'un Kang, d'un Loki par exemple, et c'est tout de même un peu embêtant quand il s'agit de donner un ennemi pour l'héroïne supposément la plus puissante de Marvel.

En même temps, donc, cela introduit une dose de suspense supplémentaire et incite Thompson à trouver chez ce second couteau des dispositions capables d'inquiéter Captain Marvel, comme le démontre le cliffhanger final, classique mais efficace (en gros, les rebelles croyaient renverser le tyran mais il les a attirées dans un piège). Reste qu'il faut espérer que la série bénéficiera d'opposants plus charismatiques dans l'avenir.

L'autre récurrence, c'est le goût de Thompson pour les équipes. Peut-être parce qu'elle savait en rédigant cet épisode que West Coast Avengers était annulé, elle a subverti le titre pour mettre en scène un groupe et non pas seulement Captain Marvel. Si la caractérisation est bonne pour certaines (Spider-Woman, Jen Walters), pour d'autres il s'agit juste de figuration (Hazmat, Echo, et la journaliste Ripley Ryan). Là encore, il faudra voir si, dans le futur, Captain Marvel continuera d'agir avec des collègues ou vivra de vraies aventures en solo.

Carmen Carnero dessine son meilleur ouvrage à ce jour. Il faut dire qu'elle a de quoi faire et elle ne se démonte pas. L'épisode est riche, dense, on va et vient entre le refuge des rebelles et la citadelle de Nuclear Man, avec à chaque fois des décors fouillés (l'arêne, la salle de guerre, le déploiement des forces rebelles, etc).

Surtout l'artiste donne vie avec énergie à tous les personnages. Elle manque visiblement de temps pour leur donner des physiques distincts, seules leurs coiffures et couleurs de cheveux permettent vraiment de les distinguer (et selon que vous serez sensibles au look Mad Max : Fury Road, vous apprécierez le design général de l'épisode). Mais il est indéniable que Carnero ne réduit pas ces femmes à des objets de séduction aux proportions invraisemblables et aux costumes aguicheurs.

Il faut aussi saluer le travail sur les couleurs de Tamra Bonvillain, qui tout en appliquant une gamme sobre sur l'ensemble des planches, obtient des ambiances toniques, en particulier quand il s'agit de représenter les pouvoirs (de Rogue, qui n'a désormais plus besoin de contact pour aspirer l'énergie d'autrui, ou de Captain Marvel, qui prend de faux airs de Phénix quand elle s'active).

Tout n'est pas parfait donc, mais il y a du mieux. Si Marvel ne bride pas sa scénariste et que celle-ci se détache de quelques tics, alors Captain Marvel a tout pour s'imposer comme le hit qui manque à son auteur. 

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