vendredi 19 avril 2019

NAOMI #4, de Brian Michael Bendis, David F. Walker et Jamal Campbell


Ce quatrième épisode de Naomi par Brian Michael Bendis, David F. Walker et Jamal Campbell ne répond pas seulement à bien des mystères sur les origines de son héroïne, mais se distingue également par sa forme étonnante. En effet, il ne compte que dix-sept pages, mais ce sont tous des doubles pages ! Une originalité pour un numéro nerveux et dense.


Gary, le père adoptif de Naomi, l'a entraînée dans une grotte où elle découvre le vaisseau spatial de ce dernier. Il lui explique être un ancien soldat d'élite de la planète Rann, ayant combattu les Thanagariens aux côtés des Green Lanterns.


Détaché sur Terre pour y trouver et surveiller un agent ennemi, Gary s'est fondu dans la masse avant de rencontrer successivement Dee, qu'il soupçonnait d'être sa cible, puis Jan, dont il tomba amoureux - mais avec qui il ne réussit pas à avoir d'enfant.


Après lui avoir révélé la vérité sur son passé, Gary restait sur le qui-vive même si son état-major ne donnait plus de nouvelles. Un soir, il suit Dee jusqu'à un parking lorsqu'une femme apparaît, poursuivie par un commando.


Dee et Gary s'allient pour la sauver mais s'ils réussissent à vaincre le commando, ils n'évitent pas l'exécution de la femme. Gary découvre alors dans ses bras un nourrisson. C'était Naomi.


Avec Jan, il l'adopte et l'élève, en lui camouflant ses origines, attendant le bon moment pour lui en parler. Ce jour est venu et Jan remet à Naomi un artefact trouvé dans ses langes. En le touchant, elle l'active...

Avec cet épisode, Bendis et Walker jouaient très gros. Ayant très tôt promis que les origines de Naomi bouleverseraient le destin de leur héroïne mais impacteraient aussi l'univers DC, il fallait que les révélations attendues soient à la hauteur.

Le bilan est cependant mitigé. Sur le fond, non, soyons honnêtes, Naomi n'a (pas encore) l'étoffe d'un personnage qui révolutionne les fondations du DCU. Il faudra attendre le mois prochain et découvrir la nature de l'artefact que vient d'activer la jeune fille pour connaître sa race et donc son importance. A première vue, le dessin de cette espèce de médaillon ressemble à un emblême d'un des corps des Lanterns. C'est déjà pas mal, me direz-vous, et c'est indéniable, mais cela pose bien des questions.

A commencer par l'identité des agresseurs de la mère biologique de Naomi. Dee, dont on apprend qu'il est thanagarien, ne les a pas reconnus comme ses semblables. Et Gary, le père adoptif de l'ado, qui vient de Rann, est certain que ce ne sont pas ses pairs. 

Ensuite, sans vouloir dévaluer les corps des Lanterns, en termes d'importance cosmique dans le DCU, cela ne représente pas un chaînon si nouveau ni si puissant que ça (même si on parle des flics de l'espace ou de leurs dissidents - et Geoff Johns en a développés un paquet). Je suis un chouia déçu parce que j'avais misé sur le fait que Naomi venait de New Genesis ou Apokolips, qui, je trouve, ont plus de gueule.

Mais, ces bémols mis à part, force est de reconnaître que Bendis et Walker ont bien mené leur affaire. La conduite du récit se trouve renforcée par son découpage et sa mise en page. Jamal Campbell enchaîne donc les doubles pages avec excellence, ce qui n'est pas un mince exercice à une époque où bien des dessinateurs se servent de ce format juste pour en mettre plein la vue.

Une fois encore, les dialogues occupent une place prédominante dans l'épisode et les doubles pages permettent de les faire passer avec fluidité. Campbelle évite avec bonheur de collectionner des "talking heads", d'abuser du "copier-coller", et s'efforce de varier la valeur des plans, la dimension des vignettes, leur disposition. Parfois, il divise sa double-page en trois parties, comme des colonnes ; parfois il aligne les cases sur des bandes horizontales ; une fois il utilise toute la surface pour un plan unique spectaculaire ; ou alors il sépare une scène d'action en deux quartiers mais avec des cases tangentes.

Tout est bon à l'artiste pour que le lecteur ne s'ennuie pas dans un numéro explicatif, avec donc des dialogues abondants, une voix-off, un important flash-back, etc. Et c'est parfaitement réussi. 

Plus que deux chapitres avant la fin de ce premier acte, après quoi la série fera une pause. Reprendra-t-elle rapidement ? Et surtout avec le même artiste ? Rien n'est moins sûr (Campbell est réquisitionné sur une nouvelle série du label "Young Animals" de Gerard Way). Mais, ce qui semble certain, c'est que Naomi a fait son trou.  

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