mardi 2 avril 2019

SABRINA THE TEENAGE WITCH #1, de Kelly Thompson et Veronica Fish


Le succès récent de la série Les Nouvelles Aventures de Sabrina sur Netflix a motivé l'éditeur Archie Comics à lancer un nouveau comic-book avec la jeune sorcière (en parallèle avec le titre Chilling Adventures of Sabrina, plus horrifique). Pour l'instant, Sabrina the Teenage Witch se présente comme une mini en cinq numéros, qui deviendra régulière en cas de succès. Et la qualité étant au rendez-vous, ça devrait le faire.


C'est le jour de la rentrée des classes à Greendale. Sabrina Spellman se réveille et son chat, Salem (un ancien sorcier réincarné), se moque d'elle car elle modifie par la magie son apparence pour passer inaperçue au lycée.


En arrivant au lycée, Sabrina est bousculée par Radka Ransom mais un jeune élève, Harvey, l'aide à ramasser ses affaires puis lui indique le bureau du principal. Son premier cours sur l'Histoire américaine l'ennuie tant qu'elle jette un sort pour l'abréger.


Alors qu'elle range ses affaires dans son casier, Sabrina est abordée par Ren Ransom qui la drague en se croyant irrésistible. Elle n'est pas insensible à son charme et jette un nouveau sort pour l'encourager.


C'est l'heure du cours de sport et Sabrina fait connaissance avec Jessa Chiang, la souffre-douleur de Radka. Elle reçoit un sort humiliant qui vaut aux trois filles une convocation chez le principal.


Punies, Sabrina et Jessa quittent le lycée à la nuit tombée et rentrent chez elle en coupant par la forêt. Elles y sont attaquées par un démon qui assomme Jessa. Sabrina use de magie contre la créature dont elle découvre les hôtes..

Il faut vraiment souhaiter que cette production rencontre le succès escompté par son éditeur car c'est véritablement une exquise friandise. Après plusieurs jours à critiquer des comics super-héroïques plus ou moins convaincants, plonger dans ce premier numéro de Sabrina the teenage witch est une respiration enthousiasmante.

La récente série sur Netflix donnait une version sombre de l'ancien show des années 90, qui a justement pu déconcerter ou ravir à cause de cela (pour ma part, en tout cas, j'ai apprécié). Kelly Thompson a choisi, en accord avec l'équipe éditoriale d'Archie Comics, de ne pas suivre cette direction pour livrer un divertissement plus léger mais non puérile.

En surface, il y a quelque chose de désuet : Archie Comics et son emblématique héros-vedett Archie ont longtemps donné l'image de BD kitsch, au graphisme cartoon, même si le propos était plus progressiste. Puis récemment, sous l'impulsion de Mark Waid, la série a mué pour être plus raccord avec l'époque, graphiquement aussi grâce à Fiona Staples, puis Annie Wu et Veronica Fish. Ayant atteint les 700 numéros, elle est désormais pilotée par Nick Spencer et Marguerite Sauvage.

Véritable franchise, les comics Archie se déclinent sur tous les tons, y compris avec des vampires, des histoires durant la seconde guerre mondiale, et a droit à des crossovers avec DC Comics.

Kelly Thompson a donc choisi de privilégier un récit qui conserverait la fraîcheur des origines tout en l'inscrivant de nos jours. L'héroïne est telle qu'on la connaît dans la série télé, déjà au fait de ses pouvoirs magiques, avec ses cheveux blancs, mais à moitié humaine et à moitié sorcière. Son chat parlant Salem (réincarnation d'un sorcier) lui sert de garde du corps et d'animal de compagnie, elle vit avec lui chez ses tantes Hilda et Zelda et va au lycée - la série débute par la rentrée des classes.

La scénariste, qui excelle dans ces portraits de jeune fille/femme à la double vie (voir Kate Bishop/Hawkeye chez Marvel), nuance tout ça très habilement avec les commentaires en voix-off (ou "on") de Sabrina, qui décrit le lycée comme un petit enfer sur Terre. On le vérifie très vite avec le personnage de Radka, une vraie peste, qui va s'attirer les foudres de la jeune sorcière et va lui attirer des ennuis de la part du principal.

Il y a aussi du sentiment dans cette chronique pimentée de fantastique avec deux garçons pour lesquels le coeur de Sabrina balance : d'un côté le galant Harvey, de l'autre le séducteur Ren - qui se trouve être le frère de Radka. En peu de pages et quelques scènes bien campées, Thompson établit le contexte et pose le casting de sa série, avec une efficacité remarquable. Le tout saupoudré de dialogues enlevées, plein d'esprit : l'auteur est en grande forme, requinquée après les échecs de Hawkeye et West Coast Avengers. Sa fantaisie s'exprime bien plus librement ici.
  
 Character's designs par Veronica Fish.

Thompson n'est pas toujours bien servie chez Marvel pour les artistes chargés d'illustrer ses scripts (exception faite de sa collaboration avec Leonardo Romero). Archie Comics lui a adjointe Veronica Fish, une habituée de leurs projets. Et ça "matche" formidablement.

Fish présente la particularité de travailler avec son mari, Andy, encreur (une curiosité : de nos jours, je ne vois guère que Terry et Rachel Dodson qui forment aussi un duo pareil). Leur complicité est impeccable et le trait superbe de Veronica est particulièrement bien mis en valeur.

Elle croque des personnages très expressifs, dont le jeunesse est idéalement rendue. Sabrina et ses camarades sont très crédibles, faisant leur âge, vêtus comme des adolescents normaux, avec une légère touche rétro (voir le character's design de l'héroïne ci-dessus). Et la mise en couleurs est superbe, délicate et lumineuse.

Les amateurs de variant covers auront l'embarras du choix, mais ceux qui achéteront l'exemplaire avec la couverture régulière de Veronica Fish (également réussie) ne sont pas frustrés puisquà la fin du numéro, on trouve une galerie complète. J'ai quand même un gros faible pour celle d'Adam Hughes, qui signe une Sabrina sexy en diable (voir ci-dessous).

Pétillant, efficace, très beau, ce premier épisode est une réussite totale. Le cliffhanger est accrocheur. Je croise les doigts pour que ça marche !

 La variant cover d'Adam Hughes.
Toutes les variant covers de ce premier épisode.

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