lundi 22 avril 2019

TONY STARK : IRON MAN #10, de Dan Slott, Jim Zub et Valerio Schiti


S'il y a bien une série Marvel qui ne déçoit pas, c'est bien Tony Stark : Iron Man. Et le renfort de Jim Zub auprès de Dan Slott pour l'écriture n'a en rien entamé l'ambition et la densité de ce titre. Valerio Schiti affiche une forme insolente. Tout est au maximum ici. Au point d'être infernal à résumer... 


La carte-mère de l'interface e-Scape, sous les traits de Maria Stark, a poussé Tony Stark dans ses derniers retranchements. Machine Man et Amanda Armstrong sont les derniers à pouvoir susciter une réaction d'Iron Man contre cette manipulation.


Mais Maria et Howard, qui personnifie Arsenal, le système de sécurité interne de l'interface, réagissent, d'abord en neutralisant Machine Man. Puis en renvoyant Tony à son plus jeune âge, dans l'espoir qu'il repousse Amanda.


Dans la réalité, Jocaste, au siège de Stark Unlimited, dirige les héros contre les joueurs manipulés par le Controller, qui reproduisent les violences du jeu contre la population. Sunset Bain et Arno Stark en profitent, eux, pour pirater les données personnelles de Stark Ulimited.


Dans l'e-Scape, le plan de Maria et Howard semble fonctionner puisque Tony éjecte Amanda du jeu. Mais il refuse aussi de se laisser asservir par la carte-mère de l'interface et l'annihile.


A présent, Tony, qui a recouvré son apparence adulte, est seul dans l'interface en compagnie de Machine Man (ou ce qu'il en reste). Il s'apprête à quitter le jeu lorsqu'il perd connaissance. Jocaste n'a plus de contact avec lui : est-il mort ?

Oui, le seul reproche qu'on peut adresser à la série, c'est qu'avec l'incroyable stratification de sa narration, c'est un casse-tête de résumer chaque épisode. Mais s'en plaindre, quand même pas. Car si le projet est ambitieux, il est magistralement maîtrisé et palpitant.

Rien ne préparait le lecteur, après un premier arc avec des épisodes self-contained où primaient l'humour et l'action, à ce que Dan Slott enchaîne avec une histoire aussi touffue, complexe et haletante. Est-ce pour cela qu'il a eu besoin du concours de Jim Zub ? Il semble en tout cas que Slott a dû se concentrer sur la construction de l'intrigue et déléguer la rédaction du script.

Inutile de préciser qu'il faut avoir tout lu pour saisir ce qui se passe, Tony Stark : Iron Man a atteint une dimension "feuilletonnesque" telle qu'on ne peut plus la prendre en route. Trop d'éléments ont été semés et arrivent maintenant à maturité pour qu'on s'y risque sans prévention.

Tout est foisonnant et paroxystique dans ces épisodes, et on en sort à chaque fois repu et rincé. De ce point de vue, rarement une série mainstream aura réussi à immerger le lecteur dans les épreuves traversées par le héros. Pourtant, et c'est le tour de force de Slott et Zub, la majeure partie de l'action se déroule dans un univers virtuel, avec des personnages simulés. Mais le récit interroge efficacement sur l'identité, la réalité, les conséquences de la virtualité sur la réalité.

Tony Stark se questionne depuis un moment sur son retour parmi les vivants : n'a-t-il pas perdu de son humanité en se plongeant (à la fin de Civil War II) dans une sorte de coma artificiel ? Et si oui, que reste-t-il de lui ? Est-il encore celui qu'il a été ? Ou bien une reproduction schématique, une simulation ? Tout cela prend, mine de rien, un virage existentiel, dépassant les codes super-héroïques (même si Iron Man peut être envisagé comme une version supplémentaire de Tony Stark - ce que suggère le titre de la série).

A ce jeu, le supporting cas souffre un peu : c'est que Slott a beaucoup de plats sur le feu, avec le Controller, les joueurs qu'il manipule, Jocaste, Andy Bhang, Bethany Case, Sunset Bain et Arno Stark (dont on mesure la complicité et découvre les projets). 24 pages, c'est très limite pour traiter de tout ça. Mais en contrepartie, zéro temps mort.

Même sans ça, des temps morts, il n'y en aurait guère grâce à la mise en images époustouflante de Valerio Schiti. Depuis le début de ce nouveau volume de la série, l'artiste italien est particulièrement en verve, mais chaque épisode semble lui inspirer de nouveaux tours de force.

Il alterne, sans difficulté apparente, les scènes dans l'e-Scape et dans la réalité, compose avec une foule de personnages, et leur applique une expressivité épatante. De ce vaste terrain de jeu, il a fait son domaine en hissant son niveau à des sommets encore inédits pour lui.

Schiti a toujours été bon et régulier, mais actuellement il est au sommet de son art. L'énergie qui l'anime envahit ses planches et colle au script. Le découpage est hyper-dynamique, les cases bien remplies, il y a quelque chose de jouissif dans cette lecture, sans doute parce que le plaisir pris par le dessinateur est communicatif.

Une partie seulement de l'enjeu est réglée ce mois-ci, le cliffhanger nous laisse pantelant. Encore !   

1 commentaire:

midnighter a dit…

sympa d' utiliser l' armure heroes reborn dans un univers virtuel