Quand ça veut pas décidément... High Level peine trop à me convaincre pour que je poursuive l'aventure. L'ennemi de toute bande dessinée est la prévisibilité et de ce point de vue, Rob Sheridan ne réussit pas, depuis trois épisodes, à crééer un univers et une intrigue qui dépasseraient un air de déjà-vu. Barnaby Bagenda gâche clairement son talent dans cette entreprise dont il est le seul atout.
Thirteen et Minnow ont réussi à semer le Black Helix et fuir la ville. Mais cela leur a coûté leur véhicule et désormais ils évoluent dans la plaine désertique, sous un soleil de plomb. Jusqu'à ce que Monnow mette à jour, avec son pouvoir, un entrepôt souterrain.
Une moto side-car s'y trouve, et des armes que Thirteen dérobe pour pouvoir les vendre plus tard. La frontière se présente, menaçante, sans qu'on sache bien ce qui s'y est passé autrefois, mais devant laquelle passe un bétail transformé génétiquement.
Au comptoir de Nibi, Thirteen gagne le droit d'entrer grâce aux armes qu'elle échange. A l'intérieur, des camelots cherchent à lui fourguer leur marchandise. Minnow fausse compagnie à son escorte pour suivre un combat dans une arène.
Thirteen la retrouve et est abordée par une fille avec laquelle elle a récemment refusée de travailler. Celle-ci lui propose à nouveau un job et essuie un nouvel échec dont elle ne semble pas se formaliser.
Sauf qu'une fois dehors, Thirteen est maîtrisée et Minnow enlevée pour être livrée au Black Helix. Thirteen finit, rouée de coups, dans le caniveau, impuissante.
High Level s'inscrit dans un format monomythique très courant - Isola emprunte cette même structure narrative. Il s'agit du "voyage du héros" avec ses étapes balisées, qui suit un personnage dans une quête semée d'embûches mais qui révèle sa bravoure.
Autant dire que pour l'auteur qui s'aventure dans cette direction, il vaut mieux disposer d'une histoire solide et aux péripéties originales, car sinon on a la tenace impression d'avoir déjà lu mille fois ce qui est raconté.
La force d'Isola par rapport à High Level est d'avoir opté pour un récit plein de mystères, exigeant du lecteur un abandon : on ignore exactement où, quand on est, ce qui relève du mythe et de la réalité, on jongle avec des références multiples mais jamais assénées, le genre emprunte à l'heroic fantasy tout en en esquivant les figures imposées.
Rob Sheridan n'a clairement pas le talent de Brendan Fletcher et Karl Kerschl. Le cadre de son histoire est copié sur celui de Mad Max : Fury Road, son héroïne est un archétype de débrouillarde embarquée dans un projet qu'elle n'a pas désiré, la gamine qu'elle escorte se résume à une esquisse d'aimant à emmerdements et de pratique boite à outils, et tous les obstacles qui se dressent sur leur route échouent à surprendre.
Ce mois-ci, on a droit à la visite d'un comptoir avec son lot de camelots, ses combats clandestins, sa décharge à ciel ouvert, et l'apparition opportune d'une kidnappeuse rancunière. Tout est prévisible à un point tel qu'on se demande presque s'il ne s'agit pas d'un test où l'auteur nous prévient qu'il osera bien avoir recours à tout ce qu'on connait déjà. A la fin de l'épisode, Thirteen est rouée de coups et abandonnée dans un caniveau. Le mois prochain, elle se relévera et partira rattraper Minnow qu'elle réussira in extremis à sauver tout en se trouvant dans une nouvelle mauvaise passe. Etc, etc.
Et même si je me trompe, quelles chances y a-t-il que Sheridan propose une surprise réelle ? Le canevas de sa série est trop convenu (emmener Minnow à High Level - si tant est que cette cité existe - avec quelques détours). Rien, absolumen rien n'étonne, ni l'ambiance fin du monde, ni l'horizon de cette ville légendaire, ni le rôle de messie de Minnow, ni l'adversité au programme.
Dans ce contexte, Barnaby Bagenda et son coloriste Romulo Fajardo Jr. gâchent leurs extraordinaires talents à mettre en images cette odyssée aux petits pieds. Sans eux, ce serait tout simplement inutile. Mais avec eux, malgré tout, ça demeure insuffisant.
Les planches, dont certaines sont authentiquement impressionnantes (voir la traversée du comptoir de Nibi en plongée), sont superbes mais c'est du caviar pour un scénariste qui ne le mérite pas.
High Level est une série que j'aurai aimé aimer, mais elle est franchement trop banale pour cela.
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