Brian Michael Bendis, neuf mois après son arrivée sur le titre, continue à mettre en place les fondations de son Event Leviathan (début en Juin) dans les pages d'Action Comics. Bien aidé par Steve Epting, jamais meilleur que dans ce type de récit, le scénariste orchestre magistralement une conspiration spectaculaire dans laquelle Superman change subtilement de registre.
Sous les ruine du siège du D.E.O., Bones, le directeur de l'agence détruite, reçoit la visite de Kate Spencer, avocate, venue préparer sa défense. Les médias, en effet, s'interrogent sur la possibilité que Leviathan soit une des officines gouvernementales détournée de sa mission.
Mais Bones devine le piège et sait qu'il ne parle pas à Kate Spencer mais Talia Al Ghul. Elle quitte l'abri souterrain en avertissant qu'on a voulu empoisonner le directeur et s'éclipse sans avoir identifiée.
A la Forteresse de Solitude, Amanda Waller compose avec la présence de Jimmy Olsen. Il la soupçonne d'être à la tête de Leviathan et d'avoir piégé Superman pour infiltrer son repaire.
Londres. Sous les fausses identités de Chaz et Andi, agents de l'organisation Spyral, Superman et Lois Lane rencontrent le Tigre de Kandahar, responsable de cette officine chargée de surveiller les méta-humains, et très méfiant.
La conversation est abrégée par l'arrivée de la créature responsable des destructions des agences. Superman agit en l'éloignant et survit à son implosion. Mais quand il redescend dans la rue, Lois a disparu avec le Tigre.
A mesure que cet arc narratif progresse, on observe deux choses : la première est qu'il se distingue du premier (The inivisble mafia) par le traitement de l'intrigue et des scènes d'action plus clairsemées ; et ensuite que chaque chapitre (on en est au quatrième) révèle une progression dans la nébuleuse des agences gouvernementales cibles du Leviathan.
Bendis a visiblement potassé son sujet puisque le DCU est bien garni en officines d'espionnage divers. Ce mois-ci, on aborde Spyral, popularisée lors de la série Grayson (par Tom King, Tim Seeley et Mikel Janin, à partir de 2011), et dont la mission est justement de surveiller les super-héros. Cette agence a connu bien des péripéties internes (son chef était un traître, puis Helena Bertinelli/Huntress en a pris la tête, avant de laisser la direction au Tigre de Kandahar), mais elle n'a pas encore été attaquée. Et si Spyral était la couverture du Leviathan (comme l'avance Lois Lane) ?
Avant cela, le scénariste montre une nouvelle manoeuvre de Talia Al Ghul, principale suspecte dans ces affaires de terrorisme, puisqu'elle a été la patronne d'une organisation du nom de Leviathan (exploitée par Grant Morrison, notamment dans sa série Batman, inc.). Visiblement, elle cherche des alliés pour se dédouaner mais aussi arrêter les attentats - on l'a donc spolié. Mais en bonne tueuse, elle n'hésite pas à se débarrasser de quiconque refuse sa main tendue ou la menace à son tour.
Et si c'était la machiavélique Amanda Waller qui manigançait tout depuis le début ? C'est que pense Jimmy Olsen en la photographiant dans la Forteresse de Solitude où Superman les a mis à l'abri - un endroit parfait pour pièger l'homme d'acier.
Bendis sème habilement le doute et ainsi teinte l'aventure de mystère, la baigne dans les barbouzeries des espions : une nouveauté pour Superman, héros spectaculaire (comme la série à son nom, écrite par le même Bendis, le prouve) qu'on n'attend pas dans ce genre d'histoire. Mais précisèment, c'est ce qui rend la lecture jubilatoire : la bienveillance naturelle du kryptonien est éprouvée au contact de ces manoeuvres de coulisses.
Steve Epting a désormais la série bien en main - au point qu'on regrette déjà de le voir partir à la fin de cet arc. Familier de ces ambiances entre chien et loup (depuis ses collaborations fructueuses avec Ed Brubaker, qu'on aurait bien vu élaborer une telle intrigue), il produit des planches superbes.
Avec un artiste de ce niveau, un dialogue révèle toute sa tension, même si les protagonistes ne se lèvent pas de leur chaise, ou que l'échange se déroule dans un magasin qui sert de façade à une agence d'espionnage.
Les confrontations entre Bones et Talia (déguisée en Kate Spencer - ce qui annonce le retour de Manhunter, version Marc Andreyko) ; Waller et Olsen ; Superman, Lois et le Tigre deviennent des moments intenses, plus palpitants que l'intervention finale de l'homme d'acier contre le destructeur.
En route pour une saga qui s'annonce captivante, ces épisodes d'Action Comics sont un régal.
La variant cover de Francis Manapul.
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