vendredi 1 février 2019

WEST COAST AVENGERS #7, de Kelly Thompson et Daniele di Nicuolo


West Coast Avengers est-elle une série que Marvel est en train de lâcher ? On pourrait le croire avec cette couverture épouvantable, le peu de promotion dont bénéficie le titre, son retitrage prochain, et les ventes en chute libre. C'est dommage, mais Kelly Thompson est impuissante, affichant quelques limites évidentes...


Noh-Varr alias Marvel Boy apprend à Kate Bishop, son ancienne partenaire (et amante) au sein des Young Avengers, qu'il a inflitré le gang de Mme Masque. Pour le démanteler, il compte sur son aide.
  

Alors que Masque et ses acolytes s'amusent toujours à malmener le reste des West Coast Avengers, Kate a trouvé grâce à Noh-Varr le moyen de rendre leurs pouvoirs à ses acolytes.


L'avantage bascule du côté des héros mais leurs adversaires s'échappent grâce à MODOK qui les téléportent. Il ne reste plus qu'aux WCA à rentrer à leur base, accompagnés par Noh-Varr.


Le jeune guerrier Kree leur annonce alors que la fin du monde est proche s'ils ne l'aident pas pour une mission. Mais Kate obtient une nuit de repos avant de s'engager dans une nouvelle aventure.


Les héros font le point devant la caméra de l'équipe de l'émission de télé-réalité qui les finance et mesurent la chance qu'ils ont eue. Une veine que compte bien saper Mme Masque et ses complices, dont l'un d'eux révèle son visage : Derek Bishop, le père de Kate !

La mayonnaise ne prend pas avec cette série et les fans. Il y a une part d'injustice là-dedans car West Coast Avengers est une production sans prétention mais sérieusement réalisée, très sympa à lire, et bien dans le ton voulu par C.B. Cebuski, le rédacteur-en-chef de Marvel, pour l'actuel statu quo "Fresh Start".

Mais les chiffres sont là, têtus et implacables, et les ventes sont basses, trop basses pour espérer un redressement et éviter une annulation proche. La série passera-t-elle seulement le Printemps ? En tout cas, elle ne pourra pas compter sur le retour de son premier artiste, Stefano Caselli (même si ce dernier n'est annoncé sur aucun nouveau projet) - sur ce coup, le staff éditorial a visiblement menti à Kelly Thompson, qui avait reçu la garantie de récupérer son partenaire pour le troisième arc (qui débute le mois prochain).

A moins que la faillite de WCA ne trouve ses racines bien en amont, dans le run d'Hawkeye par Thompson, également annulée faute d'un score suffisant... Et dont l'actuelle série se voulait la prolongation. N'était-il pas maladroit (pour le moins) de fonder un titre sur les cendres d'un précédent qui n'avait pas fonctionné ? En tout cas, les références à Hawkeye dans WCA ont dû échappé à beaucoup de lecteurs qui n'avait pas suivi les aventures solo de Kate Bishop - et ces allusions sont importantes, avec la complicité des parents de l'archer dans les manoeuvres de Madame Masque.

Par ailleurs, Thompson s'est lancée dans une entreprise risquée en voulant conjuguer action et humour, un cocktail qui réclame une rigueur infaillible et qui n'est plus souvent exploitée depuis Justice League International, Excalibur ou, plus récemment, Wolverine & les X-Men. La scénariste à de l'esprit, le sens de la répartie, un casting qui interagit bien, mais ses deux premiers arcs sont légers en termes d'intrigue, recyclant beaucoup (trop ?) des éléments issus de son Hawkeye. Il y a du potentiel, mais Thompson est finalement plus à l'aise dans la vie de son groupe d'outsiders que pour nous passionner avec leurs ennemis (plus grotesques qu'autre chose). Il manque une tension, une menace réelle pour contrebalancer.

Et puis, donc, Caselli n'est pas facile à remplacer. Daniele Di Nicuolo a des atouts, mais il est encore bien trop "tendre" pour espérer supplanter son collègue italien. Souvent, ses décors sont réduits à leur plus simple expression (c'est aussi le défaut d'Oscar Bazaldua, le dessinateur de Mr & Mrs X, autre série de Thompson) et si cela lui permet certainement de tenir les délais, ses planches ont l'air bien vides.

Di Nicuolo s'encre lui-même : je ne suis pas partisan des encreurs, bien des artistes s'en passent et s'expriment mieux sans eux. Mais quand on débute, c'est un collaborateur qui peut s'avérer précieux pour donner du caractère au trait, de la substance aux ambiances - toutes choses qui manquent terriblement ici, l'italien ayant même la fâcheuse tendance à verser dans des tics manga.

Il y a de bonnes choses - des compositions dynamiques, de la lisibilité, de l'expressivité. Mais rien qui bonifie, "plussifie" la narration. Alors que Caselli en imposait naturellement par sa maîtrise du média, sa compréhension du script et ses ressources pour le "doper" visuellement.

Ce qu'on retient de l'épisode est par conséquent quasi anecdotique et éloquent : l'addition de Noh-Varr/Marvel Boy à l'équipe, le triangle romantique avec lui, Fuse et Kate, l'identité du dernier complice de Masque, l'annonce presque blagueuse d'une menace type "fin du monde". Révélateurs d'un défaut de consistance, malgré la sympathie qu'inspire West Coast Avengers.  

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