Après un premier épisode dense et nerveux, on peut dire que c'est ce mois-ci que commencent vraiment les choses sérieuses pour Captain Marvel - et pas seulement parce que le film sortira début Mars. Kelly Thompson terminait le numéro précédent sur une image intrigante, dont on découvre seulement un début d'explication... Et qui révèle, non sans malice, une sorte de nouvelle version d'A-Force dans un cadre dystopique. Carmen Carnero assure pour le représenter.
En poursuivant Nuclear Man derrière la barrière dimensionnelle parce qu'il a kidnappé la journaliste Ripley Ryan, Captain Marvel découvre New York dans un environnement post-apocalyptique. Le combat reprend. Et bascule vite...
... Car elle reçoit le renfort de Spider-Woman, Echo et Hazmat. Face à elles, Nuclear Man bat en retraite. Les héroïnes rejoignent un abri souterrain uniquement peuplé de femmes, et Captain Marvel comprend que le temps s'écoule différemment dans cette dimension.
La situation s'éclaircit un peu plus encore quand elle fait la connaissance du seul mâle présent, Som, évadé de la Citadelle de Nuclear Man, qui garde les hommes (mari, frère, père, fils) prisonniers, gardés par ses Metal-Men.
Une alerte retentit pour signaler une attaque de ces robots justement et Captain Marvel prend spontanément la direction de la riposte. Echo et Spider-Woman prennent position, soutenues par Hazmat et Som.
En infériorité numérique, les héroïnes ne peuvent empêcher la capture de Som. captain Marvel est contenue par des Metal Men. Lorsqu'une invité surprise apparaît...
Quand on prévient de ne pas juger un livre à sa couverture, c'est autant pour pointer la médiocrité de celle-ci (Amanda Conner est toujours aussi peu inspirée sur cette série) que parce que le contenu s'avère souvent très différent (voire sans rapport). C'est exactement ce qui est à l'eouvre avec cet épisode de Captain Marvel, où rien n'est ce qu'il semble être.
Tel Alice chez Lewis Carroll, Kelly Thompson a fait basculer son héroïne dans un étrange terrier conduisant à un pays qui n'a rien de merveilleux mais tout d'inquitant. New York est ravagé, les femmes vivent sous terre, protégées par trois super-héroïnes et un homme, tandis que Nuclear Man, le responsable de la situation, est à l'abri dans une citadelle, avec des gardes et des prisonniers.
C'est donc aussi au récit chevaleresque qu'emprunte la scénariste. Mais en offrant le beau rôle à des femmes, elle en détourne savoureusement la tonalité et s'offre une variation doucement militante, post-#metoo.
Pourtant, Thompson évite soigneusement de verser dans le discours politique, privilégiant l'exploration, la découverte et l'action. Elle n'a pas besoin d'insister sur le fait que Carol Danvers est une militaire pour en faire la Captain de cette résistance, le big gun espéré des survivantes. On découvre, médusé, le décor, mesure l'enjeu, avant d'assister à une belle bataille. La narration est rapide mais précise, et Thompson n'oublie rien au passage (ni la condition de Hazmat, ni la surdité d'Echo, ni l'amitié entre Carol et Spider-Woman).
La fin de l'épisode voit l'arrivée d'une nouvelle héroïne dont le statut providentiel est aussitôt remis en cause. C'est très malin et efficace, tout en posant des questions pour le futur (comment est-elle arrivée là ? Comment en sortiront-elles ?). Kelly Thompson réussit même à glisser une allusion à l'arc narratif en cours de Avengers de Jason Aaron (avec les vampires) - tout en omettant que Captain Marvel en fait partie... Alors qu'on la sait coincée ailleurs ! C'est pas bien grave, même si ça montre les limites de "l'univers partagé" où les héros ne peuvent pas être partout...
Carmen Carnero m'avait enthousiasmé le mois dernier, se hissant à un niveau que je ne lui soupçonnais pas. Elle récidive en illustrant un chapitre bien fourni où elle se montre généreuse dans l'effort. Elle a conçu elle-même tous les designs de cet autre New York, des costumes des super-héroïnes (inspirés de Mad Max : Fury Road à l'évidence).
Tout est vraiment très soigné, imaginé de manière à être crédible (plutôt que réaliste). La dessinatrice s'emploie aussi à découper le récit de manière inventive (en usant brièvement de la continuité séquentielle) et en privilégiant les plans larges pour qu'on partage avec Captain Marvel la découverte de cet environnement.
Les couleurs de Tamra Bonvillain sont sobres mais nuancées, ne mangeant jamais l'encrage. Comme Carnero n'est pas une artiste encore très côté, on peut espérer que Marvel ne la déplacera pas de la série et donc que, cette fois, Thompson pourra s'appuyer sur sa partenaire régulièrement, évitant la mésaventure actuelle de West Coast Avengers.
En tout cas, la série confirme sa bonne reprise en main. C'est, sans problème, la meilleure version de Captain Marvel produite depuis celle de Kelly Sue DeConnick, et un parfait accompagnement pour le film.
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