vendredi 8 février 2019

AGE OF X-MAN : MARVELOUS X-MEN, de Zac Thompson, Lonnie Nadler et Marco Failla


Marvelous X-Men est la première mini-série déclinée de Age of X. Mais dans la mesure où elle exploite les mêmes personnages que dans le prologue (Alpha), avec les mêmes scénaristes, il n'est abusif de dire qu'il s'agit de sa prolongation directe, son vaisseau amiral, le titre autour duquel vont graviter les autres. Cette fois, Zac Thompson et Lonnie Nadler sont accompagnés par le dessinateur Marco Failla.


Alors que les membres des X-Men profitent de leur temps libre, une alerte les ramène au Sanctuaire X. Un gigantesque feu de forêt s'est déclaré à Los Angeles et menace Cerebro West, un centre pour jeunes mutants.


Les X-Men se rendent sur place avec pour chacun une mission précise : Colossus et Nature Girl portent secours aux animaux de la forêt, Storm déclenche une averse pour éteindre les flammes, X-Man détourne un avion de ligne en approche.


Nightcrawler téléporte Magneto, Jean Grey et X-23 dans Cerebro West pour évacuer les enfants et les nouveaux nés dans leurs couveuses. Magneto consolide la structure de l'immeuble. X-23 a un flash en découvrant les couveuses.
  

Elle se souvient de sa soeur Gabby sans comprendre d'où vient ce souvenir. La mission est un succès et les médias célèbrent les héros tout comme les enfants. Les X-Men peuvent rentrer chez eux avec le sentiment du devoir accompli.


Mais X-23 s'ouvre à X-Man à propos de sa vision et il lui confirme l'existence de sa soeur avant d'effacer sa mémoire à nouveau. Le lendemain, Jean Grey a une violente crise en interceptant un message télépathique de résistants au régime : Apocalypse, Genesis et Kitty Pryde - que les X-Men ne connaissent pas...

Il s'agit donc moins d'une déclinaison que d'une suite au prologue Age of X-Man : Alpha, ce qui situe Marvelous X-Men comme la mini-série mère du projet. Encore une fois si le principe de cette réalité alternative, créée par X-Man, n'est pas neuf, il est efficacement développé.

Ce qui m'a lassé avec les histoires de mutants depuis de nombreuses années, rarement bousculé (hormis dans Wolverine et les X-Men, et All-New X-Men), c'est à quel point les scénaristes (souvent forcés pas les editors de la franchise "X", réputés pour leur interventionnisme) tournaient en rond, ressassant encore et toujours le thème de la persécution, la métaphore des droits civiques. 

On le sait, à l'origine, Stan Lee avait imaginé les X-Men comme sa version de la lutte menée par les activistes comme Martin Luther King et Malcolm X en faveur des afro-américains. Mais même si Chris Claremont a su ensuite traiter les personnages plus comme des héros que comme des victimes d'une communauté, le noeud du problème demeurait : les mutants étaient considérés comme des parias, au ban de l'univers Marvel (quand bien même certains devenaient des Avengers).

En investissant le champ d'une réalité parallèle, Zac Thompson et Lonnie Nadler se donnent en fait de l'air et s'autorisent à écrire les X-Men comme des héros. Certes dans un environnement artificiel et, on l'a vu dans le prologue, vicié, mais tout de même. Ce ne sont plus des personnages s'excusant d'exister ou menacés, mais les vedettes de l'histoire.

Cet épisode les met en scène dans un sauvetage et on apprécie leur complémentarité et leur efficacité en mission. Il n'y a pas (pas encore ?) de grand méchant, "juste" un incendie à maîtriser et des enfants à secourir, rien d'extraordinaire en soi. Mais c'est agréable de lire ces pages où les X-Men ne sont pas montrés comme des freaks effrayants bien qu'altruistes.

En même temps, les deux scénaristes poursuivent leur travail de sape sur le monde réinventé par X-Man, où, pour une raison nébuleuse, les mutants n'ont pas le droit de vivre en couple, de s'aimer librement (parce que cela risquerait de compromettre l'ordre en place ?). Et c'est alors savoureux de constater que le danger provient de résistants qui encouragent à enfreindre ces règles, surtout quand ces contestaires sont Apocalypse, Genesis et... Kitty Pryde (une forme de phase trangressive ?).

Ramon Rosanas cède sa place à Marco Failla au dessin et ce dernier s'en sort très bien. Pour être franc, je ne connaissais pas son travail, juste son nom. Ses pages sont propres, bien composées, classiques. On y entre sans difficulté.

Le trait est simple, clair et souple ; il s'approprie les personnages aisèment et leur donne une belle allure. L'épisode donnant la part belle à X-23 (dont le look a été très modifié - un peu garçonne avec les cheveux courts, et des vêtements évoquant une tenue de viking, avec chaussures à lanières, pantalon noir, gilet beige), on note que Failla n'hypersexualise pas ses personnages féminins (Storm avec un look très élégant, aux influences africaines, et Jean Grey, dans sa tenue de Marvel Girl sans masque, sont également sobrement représentées). Quant aux hommes, ce ne sont pas non plus des culturistes. X-Man, en revanche, a un aspect très christique et caricatural.

Les scènes mouvementées du sauvetage sont bien découpées, le lecteur passent d'un personnage à l'autre de façon très fluide, avec une belle variété dans la valeur des plans et un rythme soutenu. Les couleurs, douces, respectent le dessin sans manger l'encrage.

S'il est encore trop tôt pour juger de la qualité globale du projet, on peut au moins souhaiter qu'une de ses caractéristiques soit retenue quand viendra l'heure de son terme et du "vrai" retour d'Uncanny X-Men : celle que les X-Men peuvent (doivent !) être écrits comme des héros et non comme une sorte de tribu un peu honteuse et marginale.

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