Avec ce neuvième épisode, la série Hawkman de Robert Venditti et Bryan Hitch semble amorcer un tournant, entamer la fin d'un cycle. Le titre de l'arc en cours est éloquent : Cataclysm. Après avoir voyagé dans l'espace et à travers les âges, le héros doit désormais faire face aux dieux qu'il a trahis et donc son destin.
Londres. Carter Hall entre dans la boutique de Mme Xanadu et lui demande de le remettre en contact avec l'artefact à l'origine de sa quête. Fébrile, il accepte cependant d'abord de lui expliquer où il était depuis leur précédente entrevue.
Résumant ses aventures, Carter Hall est convaincu qu'il est le seul à pouvoir contrer les Deathbringers, ces créatures divines qu'il a trahies, quitte à perdre la vie et donc briser le cycle des réincarnations.
Dehors, les passants voient leurs téléphones hors d'usage. Un homme fait irruption dans la boutique de Xanadu, affolé. Elle le raccompagne dans la rue et lève les yeux au ciel. Carter Hall comprend que les Deathbringers sont arrivés.
Hawkman ne se défile pas et défie les géants au-dessus de Londres, espérant les entraîner loin de la ville et même de la Terre. Mais l'un d'eux libère une armée d'hommes-oiseaux qui sème chaos et destruction.
A leur tête, Hawkman reconnaît son ancien lieutenant, Idamm, résolu à se venger. Ils s'affrontent dans les airs mais le héros est dépassé par la rage de son adversaire. Il le supplie d'épargner les civils mais Idamm entend bien raser la Terre avant les autres monde où a vécut Carter Hall.
Depuis le début de son run, Robert Venditti a tenu à distance les Deathbringers comme pour laisser le lecteur fantasmer à leur sujet, sur leur apparence, leurs pouvoirs, leur danger. Les rares fois où on les a vus, c'était brièvement et partiellement.
Ce parti-pris était risqué car il frustrait les lecteurs avides de sensations fortes, privilégiant la suggestion au grand spectacle. Mais, finalement, avoir fait attendre les fans s'avère payant car, lorsqu'ils surgissent enfin au grand jour dans cet épisode, la vision que Bryan Hitch nous fait partager est saisissante.
Venditti, conscient de l'importance de la mise en scène de cet instant, a donc en quelque sorte offert cet épisode à son artiste, le laissant, comme Hawkman, déployer ses ailes et proposer des planches démesurées, d'une grandiloquence qui n'a rien à envier à celle d'un Kirby (dont l'ombre plane sur ce chapitre).
De fait, après une ouverture réunissant Mme Xanadu et Carter Hall, où c'est l'occasion de faire le point sur des mois de recherches épiques et exotiques, la majorité du numéro est composée par le duel entre Hawkman et ses maîtres. La différence d'échelle entre l'homme ailé et ces géants en armure, lévitant au-dessus de Londres comme des cousins de Galactus ou des Célestes de Marvel (références donc à Kirby), ne laisse aucun doute sur, plus que le déséquilibre des forces en présence, mais sur la vanité de Hawkman dans l'espoir qu'il a de gagner cette partie. Comme le dit un passant à Xanadu, que peut faire un type avec des ailes et une masse contre des colosses pareils ?
Hitch traduit surtout le panache du héros qui ne se cache pas, pas plus que ses intentions - il veut éloigner les Deathbringers de la ville, de la Terre, mais il est aussi prêt à se sacrifier pour briser le cycle des réincarnations dans ce combat.
Venditti glisse une ironie amère dans la bouche de Carter Hall qui, lorsqu'il voit surgir des entrailles des géants une armada d'hommes ailés, constate qu'il a plus de trois ennemis à affronter. Puis la "blague" passée, le ton se fait volontiers mélodramatique quand, à la tête des soldats, se trouve Idamm, l'ancien subordonné de Hawkman.
On comprend alors que si Hitch va, encore le mois prochain, se défouler dans des scènes de destruction massive, le coeur de la bataille va se concentrer sur les deux hommes, qu'il s'agit moins de châtier le traître (Hawkman) que d'une vengeance entre deux anciens serviteurs des dieux.
La logique voudrait que la résolution passe par l'arrivée de la cavalerie (la Justice League), mais on devine que Venditti et Hitch veulent offrir à Hawkman une victoire difficile, improbable, authentiquement héroïque - peut-être pour redéfinir totalement le personnage, en réalisant son ultime réincarnation. Ce serait un épilogue malin, et qui pourrait aboutir au #12, une année de parution complète (coïncidant peut-être avec le départ de Hitch de la série - car le dessinateur, qui a renouvelé son contrat d'exclusivité avec DC, a précisé qu'il avait d'autres projets que ce titre).
Quoiqu'il en soit, hors de question de zapper la suite d'une des meilleures séries non seulement de DC mais de des "big two".
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