vendredi 15 février 2019

SUPERMAN #8, de Brian Michael Bendis, Ivan Reis et Brandon Peterson


En développant récemment son champ d'action au sein de DC Comics, Brian Michael Bendis peut désormais se permettre de jongler avec ses différentes séries,de façon à en harmoniser les parutions. Il est donc amusant de découvrir Superman #8 après les deux premiers numéros de Young Justice car les deux titres tournent autour de l'existence de deux Superboy. Néanmoins, ne vous fiez pas à la couverture ci-dessus : le contenu, dessiné par Ivan Reis et Brandon Peterson n'a rien à voir !


Dans la nouvelle Forteresse de Solitude (située dans le triangle des Bermudes), Superman procède à un scan complet de son fils, Jon. Tout comme Lois Lane, il veut comprendre comment un gamin de onze ans est devenu un ado de dix-sept.


En relatant son voyage avec Jor-El, Jon revient sur la raison pour laquelle il l'a suivi : grandissant dans l'ombre du plus grand des super-héros, l'enfant espérait que son grand-père l'aiderait. Mais ce dernier était hanté par d'autres interrogations.
  

Furieux que Jor-El l'ait privé de son fils et le lui rende ainsi, Superman s'absente un instant. Puis revient, calmé (après avoir administré une correction express à Mogul), pour découvrir que Jon est en parfaite santé.


Le garçon reprend le fil de son récit : Jor-El l'a impliqué dans de nombreuses batailles, faute de réussir à négocier la paix calmement avec des extra-terrestres. Lors d'un combat, Jon croise des Green Lanterns à qui il demande des nouvelles de la Terre.


Jor-El comprend que son petit-fils n'est pas à sa place et décide de le ramener chez lui. Mais c'est alors que son vaisseau est aspiré dans un trou noir... Séparé de son grand-père, Jon atterrit sur Terre-3, le monde de la Ligue d'Injustice !

Comme je le disais en préambule, Bendis a, en actant le retour de Connor Kent dans Young Justice #1, donné à Jon Kent une sorte de double pour le titre de Superboy, d'autant plus que le fils de Superman est aussi désormais un adolescent. Dans la mesure où le scénariste pilote ces deux intrigues, sans rapport (pour le moment ?) ni interaction, on peut raisonnablement penser qu'il a un plan solide pour la suite (quand Connor Kent reviendra sur Terre et que le statu de Jon sera établi).

Mais cela montre, incidemment, qu'en très peu de temps, Bendis a délimité son territoire en bouleversant la famille Kent, vieillissant Jon, ramenant Connor, et devant expliquer l'un et l'autre tout en exposant les réactions des parents du premier et des amis du second. Avant que tout ce beau monde ne se rencontre ? On verra (même si Bendis, pour le coup, n'a pas communiqué sur l'opportunité d'un crossover).

Bien entendu, la situation est acrobatique car le risque majeur est d'aboutir à un doublon. Deux Superboy, c'est certainement un de trop. Le mois dernier, je misais sur une exflitration possible de Jon qui rejoindrait La Légion des Super-Héros (série et personnages que DC voulait relancer) - pour se former, trouver sa voie, par exemple. A moins que Bendis ne résolve le cas Jon Kent en lui rendant ses onze ans au terme de cet arc (solution que souhaitent beaucoup de fans - même si je m'en méfie).

Le parallèle avec le dernier épisode de Young Justice (sorti la semaine dernière) ne s'arrête pas là : dans ce huitième épisode de Superman, on assiste à une narration similaire, où prédominent les dialogues, les explications. Tout n'est pas dévoilé, mais Jon Kent (comme Cassie Sandsmark/Wonder Girl) a largement la parole et, lui aussi, a des relations compliquées avec son grand-père. Le récit souligne subtilement la prise de conscience du garçon qui s'aperçoit vite qu'il est parti à l'aventure en espérant s'amuser et recevoir des conseils et qui constate qu'il voyage avec un vieillard instable. Le cliffhanger final promet de nouvelles péripéties, même si l'usage du trou noir est un "truc" bien facile pour justifier ce qui s'annonce.

Une nouvelle fois, Ivan Reis et Brandon Peterson se partagent les dessins de l'épisode, le second se réservant les flash-backs. La série conserve donc une belle qualité esthétique car même si les deux artistes évoluent dans le même registre réaliste, leurs traits sont bien distincts.

Reis a une rondeur hérité de Neal Adams et s'en sert pour des scènes tendues, jusqu'à un règlement de comptes éclair entre Superman et Mogul - le moment saisi sur une double page sert avec à-propos la colère et la frustration de l'homme d'acier qui en veut à Jor-El de l'avoir privé de son fils.

Peterson est un peu moins souple et charge parfois inutilement son dessin. Mais si certaines expressions sont forcées ou maladroites, ses pages sont bien remplies et les "effets spéciaux" sont utilisés avec parcimonie (voir la bataille dans l'espace, là aussi sur une double page, ou le passage dans le trou noir, avec un effet négatif inspiré).

Ce qui ressort de cet épisode au niveau graphique, c'est une vraie générosité. On est dans le ton de ce qui a précédé puisque la série se veut avant tout spectaculaire (plus en tout que Action Comics).

Mais, plus encore, c'est bel et bien le sentiment d'un mini-Bendis-verse en construction qui subsiste. Moins d'un an après son arrivée chez DC, le scénariste n'a pas perdu son temps, tout en respectant le cadre plus général, c'est-à-dire en jouant collectif (plus même que chez Marvel).   

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