Joe Henderson et Lee Garbett ont beau faire comme si de rien n'était, on sent bien dans cet épisode que la fin de Skyward est imminente et la narration flotte comme les personnages. Le lecteur a le sentiment qu'il faut gagner un peu de temps pour ne pas expédier le dénouement et en même temps ne plus trop tarder pour boucler l'histoire.
Dans la cité souterraine de Crystal Springs, Roger Barrow cherche une sortie car il est certain que Nate Fowler y a forcément songé. Pourtant Randy les a toutes condamnées. Mais Willa aussi veut partir pour rejoindre et aider Edison à Chicago.
Edison Davies, justement, s'invite dans les beaux quartiers à une réception donnée par sa mère à qui il demande comment accéder aux équipements de Barrow. Elle préférerait, sachant l'attaque imminente des fermiers, qu'il quitte la ville avec elle.
Barrow, Willa et sa mère Lily inspectent la ville à la recherche d'une issue cachée. Les enfants leur indiquent une maison "hantée" - celle où Nate avait prévue de s'installer avec femme et enfant. Barrow est certain que là se trouve la sortie.
Et il ne se trompe pas car il découvre au sous-sol une trappe. Willa s'y engage. Lily assomme Barrow et le confie à Randy et part rejoindre sa fille qui a accédé à un hangar avec un avion.
Lily convainc sa fille d'embarquer pour regagner Chicago malgré les risques d'un vol en avion dans un monde privé de gravité. Il ne reste plus qu'à espérer arriver à destination à temps... Or les fermiers et les insectes géants sont aux portes de Chicago.
Cet épisode est bizarrement construit et cela trahit les difficultés de boucler l'histoire en peu de temps sans bâcler le dénouement. Joe Henderson fait ce qu'il peut mais n'évite pas quelques chutes de rythme et invraisemblances (dans le cadre évidemment "réaliste" avec de gros guillemets de son projet).
Ce qui est le plus visible, c'est le traitement réservé au "subplot" avec Edison Davies : le jeune homme est de retour à Chicago où il doit à la fois accéder aux équipements de Roger Barrow, susceptibles de contrer l'attaque des fermiers et de leurs insectes géants, tout en avertissant sa famille de la catastrophe.
Or Henderson choisit de faire de la mère d'Edison une femme déjà au courant et prête à quitter Chicago, en laissant tout le monde se faire massacrer. Si cela explique la mauvaise relation entre Edison et sa famille, on se demande pourquoi il tient encore à les épargner.
Mais surtout cette partie semble sacrifiée alors qu'elle demeure importante. Lorsqu'on voit le nombre de pages qui lui est consacrée par rapport aux investigations de Willa et compagnie pour trouver une sortie dans la cité souterraine de Crystale Springs, le scénario souffre d'un déséquilibre flagrant. Dans cette affaire, c'est pourtant Edison qui a la tâche la plus cruciale (pour sauver Chicago).
Il ne fait guère de doute en effet que Nate Fowler avait prévu un moyen de quitter la ville sous terre. Or le comportement de Lily est incohérent : elle agit comme si elle ignorait où se situe cette issue de secours alors qu'il est évident qu'elle la connaît quand les investigations de Barrow et Willa aboutissent à la maison où son père et sa mère devaient s'installer.
A la fin de l'épisode, Willa et Lily partent pour Chicago à bord d'un avion et on touche aux limites du cadre de l'histoire : en décollant, l'appareil devrait directement être propulsé dans l'espace, mais il s'envole normalement.
Bon, on ne fera pas trop la fine bouche, d'autant que le récit est plaisant et que l'image finale est inquiétante, créant un suspense prometteur. Les deux épisodes avant la fin sont imprévisibles. Et les dessins de Lee Garbett sont toujours aussi remarquablement dynamiques.
Les finitions sont légères et plusieurs pages souffrent de plans qu'on devine faits à la hâte (l'épisode précédent est sorti il y a moins de trois semaines). Garbett, espérons-le, soignera un peu plus son ouvrage dans la dernière ligne droite, sans quoi on auraît la fâcheuse impression d'un bâclage.
On peut comprendre néanmoins ce relâchement : terminer une série qui a pris plus d'un an de votre vie sans conquérir un public survivant n'a rien d'une évidence. La tentation de renoncer à une certaine exigence est tentante. Mais je veux faire confiance aux auteurs pour réussir eux aussi leur sortie.
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