vendredi 31 mai 2019

PUNK MAMBO #2, de Cullen Bunn et Adam Gorham


Pour son deuxième épisode (sur les cinq que comptera la série), Punk Mambo lève un peu le pied. Mais à peine ! Cullen Bunn déploie son métier en variant le rythme d'un chapitre à l'autre, et parfois même à l'intérieur du chapitre lui-même, alternant action et dialogues de façon dosée. Adam Gorham lui emboîte remarquablement le pas. On ne s'ennuie pas.


Les adeptes du Loa invoquent les dieux vaudou d'Haïti. Punk Mambo ne leur montre pourtant pas beaucoup de respect, ce qui les irrite. Elle devine vite qu'ils veulent se servir d'elle pour leur sale boulot contre le démon Gunnysack.


Aussi, si elle est disposée à collaborer, elle interviendra d'abord pour elle, pour récupérer son esprit Aye. En retour, les dieux vaudous lui imposent Josef, un de leurs hougan, le relais entre le monde des morts et des vivants.
  

Avec Marie Laveau, une fois dehors, ils sont entraînés au coeur de Haïti par Maman Brigitte. La désinvolture de Punk Mambo irrite Josef, attaché aux traditions. Mais la jeune femme n'en a cure : elle a un job à accomplir et veut le faire vite.


L'apparition des tontons macoute, sbires de l'oncle Gunnysack, va lui fournir l'occasion de se défouler. Elle les attaque aussitôt en les menaçant d'une sévère correction tant qu'ils ne lui auront pas livrée l'adresse de leur boss.


Mais en se battant, Punk Mambo et Josef négligent de surveiller leurs arrières et l'oncle Gunnysack resurgit pour kidnapper Marie Laveau. Punk Mambo a juste le temps de lancer un traceur magique pour suivre sa trace...

En misant sur des formats courts (des mini-séries de cinq épisodes), l'éditeur Valiant oblige certes ses équipes artistiques à aller au plus vite à l'essentiel, mais pour cela le job est confié à des professionnels, capables de s'adapter aux contraintes tout en ayant de la personnalité.

C'est une métaphore qui colle au personnage de Punk Mambo : elle aussi a peu de temps pour accomplir son boulot - vaincre le démon Gunnysack qui menace les dieux vaudous d'Haïti et détient son esprit Aye - mais elle a du tempérament et sait faire preuve de souplesse et d'initiative. Ses méthodes déplaisent à Josef, le hougan qu'on lui impose, mais ce n'est pas ça qui va la freiner.

Et c'est là qu'on mesure le savoir-faire de Cullen Bunn car, pour la peine, il convient de ne pas mélanger vitesse et précipitation. Bunn ne verse pas dans la psychologie ou l'ethnologie : tout est défini par l'action et la réaction. Punk Mambo se fiche des convenances, le scénariste aussi : le vaudou, les démons, les esprits, les traditions locales, tout ce folklore exotique, il le traite avec la même insolence que son héroïne, pressée d'en finir et à sa manière.

Quoi de plus naturel au fond ? C'est une prêtresse mais aussi une punk, qui se fiche donc de l'autorité, de la hiérarchie, des conventions. On ne peut pas s'ennuyer en sa compagnie et on rigole quand elle charrie Josef, hérissé par cette anglaise irrespecteusue des traditions, qui emploie sa magie avec insouciance... Mais qui, in fine, s'avère très efficace puisqu'elle a le bon réflexe - à défaut d'avoir de bonnes manières.

L'intrigue est cousue de fil blanc et Bunn ne se cache pas derrière son petit doigt pour la faire avancer, mais grâce à son dessinateur, Adam Gorham, on en prend plein la vue.

L'artiste remplit bien ses cases, impose un découpage très tonique, avec des personnages bien expressifs. Le lecteur n'est vraiment pas floué, il y a de quoi faire et lire. C'est un divertissement à la fois léger et dense, agrémenté d'une colorisation superbe (par José Villarubia, qui a bossé avec Alan Moore, et dont ce n'est qu'une des activités puisqu'il est également photographe et designer).

A l'image de la couverture "pétante" de Dan Brereton, Punk Mambo a de la ressource, du nerf, de la personnalité. Cette combinaison lui assure d'être appréciée.

2 commentaires:

Zaïtchick a dit…

ça a l'air sympa. C'est une version féminine de John Constantine ?

Mysterycomics-rdb.blogspot.fr a dit…

Il y a de ça, oui. Mais le décor est plus exotique.
Néanmoins, on a là une héroïne bien cynique et indocile dans un contexte surnaturelle, qui évoque évidemment Constantine.
Et d'autres mini-séries Valiant sont au programme, toutes aussi alléchantes (Psi-Lords, Killers...). A surveiller de près, pour changer des "big two".