vendredi 10 mai 2019

CAPTAIN MARVEL #5, de Kelly Thompson et Carmen Carnero


Fin du premier arc de Captain Marvel et le bilan est mitigé. Kelly Thompson boucle son histoire sans génie, comme si elle avait sacrifié une bonne partie de sa personnalité dans le projet. Carmen Carnero livre des planches solides, sans plus. Si le personnage est sur les rails de nouveau, c'est au détriment de tout piment.


Nuclear Man, sur le point d'être dominé, a révélé à Carol Danvers qu'il avait placé une bombe parmi ses troupes. Tandis que Rogue occupe le méchant, Captain Marvel rassemble ses alliées à qui elle communique la nouvelle.


Echo, qui n'a pas cessé de surveiller Som, le fils de Nuclear Man, suggère qu'il est la bombe en question. Ce qui se vérifie rapidement lorsque les pouvoirs du jeune homme s'activent, sans qu'il sache les contrôler.


Appelée à la rescousse, Rogue absorbe le pouvoir de Som. Une réaction en chaîne s'ensuit : la barrière interdimensionnelle créée par Nuclear Man disparaît et Hazmat et She-Hulk récupèrent leurs capacités.


Nuclear Man riposte mais Rogue amortit son coup afin de laisser à Carol le soin de le neutraliser. Défait, le vilain se téléporte en embarquant son fils. Les civils, hommes et femmes, sont évacués vers les secours.


Rogue et Captain Marvel se séparent, rabibochées. Deux jours après, Carol découvre l'article rédigé par Ripley Ryan durant leur aventure, à charge contre elle. Ce qui réjouit déjà un nouvel ennemi de Captain Marvel...

Il y a deux manières d'apprécier ce premier arc de Captain Marvel conçu par Kelly Thompson.

La première, c'est de constater que le contrat est rempli. Il s'agissait de redonner une série attractive à la super-héroïne alors que son film cartonne en salles. De ce point de vue, la copie rendue est satisfaisante : cinq épisodes, c'est parfait, ni trop long, ni trop court, et Thompson a su établir le statut du personnage - puissante, féminine, leader - au coeur d'une intrigue solide. C'est classique, mais au moins il n'y a pas de décalage flagrant entre la version papier et celle au ciné.

La seconde, c'est de noter que, malgré toutes ces bonnes intentions, le résultat n'est pas aussi jubilatoire qu'attendu. En effet, impossible d'affirmer qu'on vient de lire une histoire passionnante, originale, qui positionne Captain Marvel comme un personnage qui sort du lot. Thompson a échoué à lui donner ce qu'elle était parvenue à faire avec Kate Bishop dans Hawkeye, une sorte de fantaisie, de singularité aussi : c'est en fait juste une justicière très puissante, avec un premier ennemi moyen, dans une intrigue où, c'est le comble, elle partage la vedette avec beaucoup de monde.

Que Kelly Thompson apprécie Carol Danvers et soit capable de l'animer correctement, ça ne fait guère de doute. Elle profite par ailleurs du contexte (Marvel ayant visiblement tout fait pour que ce soit une femme qui écrive la série, comme le fait qu'un black écrive Black Panther - je ne m'étendrai pas sur ce côté "discrimination positive" qui a ses vertus mais aussi ses limites).

En revanche, la scénariste affiche des limites indéniables. A moins qu'on les lui impose (ce qui rend alors la situation - une femme pour écrire une série avec une héroïne - moins évidente). Il me semble clair que Marvel n'est pas disposé à autoriser n'importe quel délire avec un personnage dsormais stratégique, et donc Thompson a dû composer avec des contraintes nouvelles.

Plus problématique cependant restent certains choix réellement imputables à la scénariste : Thompson apprécie les vilains improbables et elle a donc sorti de son oubliette Nuclear Man (apparu dans Fantastic Four). Dans un ultime rebondissement, elle le laisse filer et annonce clairement qu'il reviendra se venger. Mais Captain Marvel ne mérite-t-elle pas mieux que Nuclear Man, ce vilain de troisième zone, sans charisme ? Si Marvel mise sur Captain Marvel, alors qu'il laisse à Thompson des adversaires plus coriaces et connus ou, au besoin, les lui indique, parce que sinon les lecteurs risquent fort de pas se passionner longtemps pour les nouvelles aventures de Carol Danvers.

Enfin, Thompson n'a jamais caché le plaisir qu'elle avait eu à écrire, brièvement, la défunte A-Force (et Brie Larson a exprimé son souhait de la voir adaptée à l'écran). Néanmoins, en créer un ersatz pour accompagner ce premier arc n'est pas un service à rendre à Captain Marvel, dont la scénariste a pour mission d'imposer le personnage sans renfort. Le résultat, là encore, laisse à désirer car, en fin de compte, Echo, Spider-Woman, She-Hulk mais surtout Hazmat et Ripley Ryan (qui étaient les deux sujets de préoccupations initiales de l'héroïne) existent à peine dans cette intrigue.

Dans tout ça, la prestation de Carmen Carnero passe au second plan. Je continue de trouver qu'elle n'a pas un grand talent même si sa copie est très honorable. On ne sent pas une grande solidité chez cette artiste dont le découpage n'est guère inventif, les compositions fébriles, et l'expressivité des personnages limités.

Et je passe sur ses "characters designs" façon Mad Max : Fury Road hasardeux... Tout ça manque de caractère, de tonus. Carnero aussi semble avoir été choisie parce qu'elle était une femme, donc plus à même de dessiner une série avec une femme (?!). Mais du coup, on se rend vite compte que ça ne suffit pas. Tout est trop programmé en fait dans cette série (même les couvertures, ratées, sont signées par une artiste, Amanda Conner, de même que les couleurs, réalisées par Tamra Bonvillain).

Vais-je poursuivre cette série ? Je n'en sais rien. Je vais zapper le prochain numéro, sans conséquence puisqu'il s'agit d'un tie-in à la saga War of the Realms. On verra à quoi ressemble l'épisode de Juillet pour aviser. 

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