vendredi 24 mars 2023

SUPERMAN #2, de Joshua Williamson et Jaml Campbell


J'avais adoré le premier épisode de ce relaunch de Superman et, confiant, j'attendais avec impatience de lire le suivant. Joshua Williamson ne déçoit pas : on retrouve toutes les qualités de son interprétation du man of steel dans une succession de scènes trépidantes, au milieu de laquelle il introduit un personnage inédit. Quant à Jamal Campbell, sa production est remarquable, aussi énergique que superbe.


Superman est entre les mains d'une bande de savants fous après avoir été maîtrisé par des clones de Parasite, et ses ennemis sont résolus à profiter de la détention de Lex Luthor pour mettre la main sur Metropolis.... Avant cela, Superman s'est échiné à contenir la prolifération des clones, a fait la connaissance de la mystérieuse Marilyn Moonlight et découvert le triste sort de son épouse, Lois Lane...


Alors qu'une réédition remastérisée du cartoon des studios Fleischer (1941-1942) va bientôt être à nouveau disponible (et croyez-moi quand je vous affirme que ça n'a pas pris une ride), le Superman de Joshua Williamson et Jamal Campbell semble renouer avec l'âge d'or de ces épisodes animés.
 

D'ailleurs, il y a dans le trait, dans la manière qu'a Jamal Campbell de représenter le kryptonien comme une ressemblance troublante avec Superman dans les cartoons (pas spécialement celui des Fleischer, qui a davantage inspiré Steve Rude, mais du character's designer Sean Galloway). Il est en tout en rondeur, plus massif que sculpturalement musclé, bonhomme.


A l'image de ce qu'ambitionne Joshua Williamson, il est évident que cette série donne (ou redonne) aux fans une image de Superman en rupture avec celui qu'a voulu imposer Zack Snyder et la majorité des auteurs qui l'ont animé depuis un bail.

Et vous savez quoi ? Hé bien, ça fait un bien fou. Williamson paraît d'ailleurs avoir, avec les autres auteurs phares de DC actuellement, convenu qu'après les Crisis successives, il était temps, dans cette époque troublée, de refaire lire des histoires où les héros incarnent quelque chose de positif, de sympathique, voire de léger. Ce qui ne signifie pas niais, mièvre ou naïf.

L'intrigue qui s'est mise en route le mois dernier résume ce parti-pris : Superman est de retour à Metropolis après un long séjour dans l'espace à jouer les gladiateurs-libérateurs (lors de la saga Warworld de Philip Kennedy Johnson dans Action Comics, et même avant lors du run de Brian Michael Bendis avec les United Planets et vilains comme Rogol Zaar). Il redevient le champion de cette ville-lumière, lui-même le surhomme bienveillant entre tous.

Mais il est confronté à une menace dont les instigateurs sont un groupe de savants fous qui souhaitent profiter que Lex Luthor est en prison pour prendre le contrôle de la cité. Pour cela, ils ont cloné Parasite, un des ennemis du man of steel, capable de siphonner l'énergie vitale, et les gnomes qu'ils ont créés envahissent désormais tout Metropolis, s'en prenant à tout le monde.

La Super-famille est présente dans l'épisode, ce qui signifie que Williamson coordonne son récit à celui de Kennedy Johnson dans Action Comics, mais le scénariste veille à ce que le kryptonien ne soit pas éclipsé, qu'il reste au coeur du dispositif. C'est sa série, elle porte son nom. Et elle est spectaculaire, avec la panne qui gagne toute la mégalopole, le sort réservé à la rédaction du Daily Planet : Superman est dépassé et on comprend mieux comment il a pu être maîtrisé au point d'être allongé sur une table d'opération, sans connaissance, aux mains du mystérieux Dr. Pharm.

Car le récit est inscrit dans un vaste flashback : la majorité de ce qu'on lit date de quelque heures, Superman est déjà vaincu. C'est subtilement mis en scène, au point que je ne m'en étais pas tout de suite rendu compte. Et le talent de Williamson est de réussir à nous captiver avec ça, comme quand il introduit un personnage inédit, Marilyn Moonlight, dont on ignore si elle est dans le camp des gentils ou des méchants, mais qui fait une apparition mémorable et suggère que ses origines sont très anciennes.

Visuellement, encore une fois, je ne peux que louer le travail de Jamal Campbell, qui a designé Marilyn Moonlight de manière remarquable, et livre des planches splendides, au dynamisme grisant. Le rythme est soutenu, mais c'est toujours lisible. L'usage de l'infographie, omniprésent, a un rendu très esthétique, l'artiste maîtrise ses outils et les utilise au profit de l'histoire, du coup on n'a pas cette impression, souvent désagréable, de lire quelque chose de trop froid, trop numérique. De toute façon, le problème n'est pas l'ordinateur, mais la manière dont on s'en sert, et Jamal Campbell a d'abord un vrai talent de conteur et de dessinateur, qui ne repose pas sur la machine.

J'adore ce Superman (tout comme Action Comics), son ton, son graphisme. Coup de coeur confirmé !

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