Dîtes "trente-trois"... Ou bien bis repetita ? La question mérite d'être poser tant cet épisode de Supergirl donne l'impression d'un laborieux bégaiement avec le quatorzième de Superman, sorti la semaine dernière. Marc Andreyko marche dans les pas de Bendis, mais avec l'indépendance en vue, puisqu'une page se tourne pour Kara Zo-El. Pour illustrer ce chapitre un peu redondant, Kevin Maguire reçoit l'aide d'Eduardo Pansica, sans éblouir. Il était temps que ça se termine...
Ces derniers mois, Supergirl a beaucoup voyagé, depuis son premier affrontement contre Rogol Zaar avec Superman jusqu'à la mort de Gandelo en passant par Vega, sa rencontre avec Z'ndr et ses retrouvailles avec son cousin et son neveu.
Arrêtée avec Zod, Superman et Superboy, par la garde noire de Thanagar, elle attend avec eux la suite des événements. Rogol Zaar et Jor-El ont été incarcérés. Pour la première fois depuis longtemps, Kara se sent apaisée.
Mais la mort de Gandelo a créé des turbulences importantes dans l'univers, la guerre est imminente et on attend de Superman qu'il pacifie à nouveau toutes les parties. Pourtant c'est de Superboy que vient une solution, inspirée des Nations Unies sur Terre.
Cette inspiration provoque l'apparition de la Légion des Super-Héros, en provenance du XXXIème siècle, dont la formation a été rendue possible par l'idée de Jon Kent, à qui il demande d'intégrer leur formation.
Superman doit composer avec le choix que va faire son fils. Supergirl, après s'être confiée à Z'ndr, devenu le successeur de Gandelo à la tête du Collectif du Trillium, choisit de rentrer sur Terre pour y reprendre sa vie, en compagnie de Krypto.
On a donc droit à une redite très scolaire des scènes vues dans Superman #14, sorti la semaine dernière. Le point de vue de Supergirl prévaut et apporte un éclairage un peu différent, sans donner au lecteur la matière à relire vraiment la situation.
C'est l'aspect ingrat des épisodes tie-in, avec le risque de répéter ce qui a déjà été dit, de revoir des moments sans nouvelles perspectives. L'ultime combat contre Rogol Zaar, l'arrestation des kryptoniens par la garde noire de Thanagar, l'O.N.U. de l'univers imaginée par Superboy, l'apparition de la Légion, tout y est - à nouveau.
Marc Andreyko a hérité de la série à un moment où un autre que lui en avait orienté la course, et il s'est acquitté avec talent de ce boulot, sachant alimenter les aventures de l'héroïne avec vigueur tout en veillant à la rendre disponible à nouveau au moment où Brian Michael Bendis en aurait besoin. C'est très honorable, même si cela doit aussi être très frustrant à écrire.
Pourtant, Andreyko doit aussi avoir ressenti une satisfaction certaine à produire cet épisode qui va l'autoriser à voler enfin de ses propres ailes, sans dépendre des plans de Bendis. Le voyage de Supergirl, en quête de vérité sur la fin de Krypton et la responsabilité de Rogol Zaar, s'achève ici et elle décide de rentrer sur Terre, tenter de reprendre le cours normal de sa vie (bien sûr, il faut s'attendre à ce que cela ne se passe pas facilement).
Pour le lecteur, c'est l'heure du choix : continuer à suivre la série ? Ou s'arrêter là ? Je n'ai pas encore décidé. D'un côté, j'ai envie de m'en tenir là car je lis déjà beaucoup de séries (et donc je rédige pas mal de critiques) et j'ai envie d'avoir du temps pour autre chose. De l'autre, je me suis attaché à Supergirl, à la narration humble et efficace de Andreyko.
Visuellement, l'épisode de ce mois-ci est correct, sans plus. Kevin Maguire est à son avantage dans les moments "creux" où il peut souligner les expressions de l'héroïne perdue dans ses réflexions. Mais cela n'est qu'occasionnel. La série favorise l'action et une certaine gravité alors que Maguire excelle dans la comédie et les dialogues ou le silence introspectif. Il va, si j'ai bien compris, quitter le titre (pour d'ailleurs rebondir sur de prochains numéros de Superman).
Eduardo Pansica suppléé Maguire sur quelques pages et rend son propre style méconnaissable pour ressembler à celui de son collègue. Un effort louable, mais aussi un peu gênant pour un dessinateur qui a prouvé qu'il dépassait Maguire sur ce titre.
Si dans un mois, vous ne voyez pas de nouvelle critique de Supergirl sur mon blog, vous aurez compris que je ne poursuis pas l'aventure. Mais ça ne m'empêche pas de vous conseiller la lecture de cette série qui, sans faire de bruit, est très solide et agréable.
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