Ici s'achève l'aventure de Sabrina the teenage witch et c'est une réussite qui se confirme. Maladroite chez Marvel, Kelly Thompson donne le meilleur d'elle-même dans cette production délicieuse à laquelle les dessins de Veronica Fish ajoutent un charme irrésistible. Mais est-ce vraiment la fin ?
Sabrina a transformé son chat Salem en une panthère ailée et, sur son dos, elle s'envole en direction de la forêt voisine de Greendale où l'attire un sort destiné à retrouver ses tantes Hilda et Elda. Celles-ci sont ligotées, avec quatre autres sorcières, à un bûcher.
Alors que Sabrina va les délivrer, une bande de créatures mythologiques surgit et attaque. Utilisant les artefacts qu'elle a empruntés dans la cave de ses tantes et avec l'aide de Salem, la jeune sorcière riposte énergiquement.
Les créatures, désenchantées, s'avèrent être des lycéens sous la coupe d'un minotaure. Sabrina concentre ses ultimes efforts pour vaincre ce dernier et découvre qu'il s'agit du professeur Sampson. Celui-ci a voulu se venger car les sorcières lui ont toujours refusé l'accès à leur cercle intérieur.
Sabrina le prive de ses pouvoirs, issus d'un mélange prohibé de magie et de science, et il s'enfuit dans les bois. Les sorcières effacent les souvenirs de lycées qui reviennent à eux tandis que les Spellman rentrent chez elles avec Salem, redevenu un chat.
Le lendemain, Harvey vient chercher Sabrina chez elle, au grand dam de Ren Ransom. Jessa Chiang, la meilleure amie de Sabrina, refuse de lui dire de qui elle est tombée amoureuse. Puis Radka interpelle Sabrina en affirmant connaître son secret et menace de le révéler si elle ne l'aide pas...
Sur la conclusion de l'intrigue, Kelly Thompson ne surprend guère mais c'est le lot du genre : on attend (on espère) la victoire de l'héroïne et son acquisition procure un mélange de déception (due à l'absence de surprise - tandis que la série Netflix achevait sa première saison sur une évolution notable de Sabrina) et de soulagement.
Ce qui compte plutôt, c'est donc la manière de gagner et sur ce point, la fin de cet arc de Sabrina the teenage witch est réussi. L'identité du méchant de l'histoire est moins importante que son mobile (classique mais efficace) et la bataille qui occupe la majeure partie de l'épisode entre la jeune sorcière et Salem à des chimères est pleine de tonus. La façon dont l'héroïne détruit les artefacts pour venir à bout de ses adversaires, commentée par le chat (devenu une panthère ailée), est drôle tout en montrant bien que l'issue du combat n'a rien d'évident.
Ce qui séduit chez Sabrina, c'est moins son héroïsme que son inconscience : elle fonce bille en tête, mal préparée mais courageuse, pugnace, résolue. C'est rafraîchissant d'observer cette jeune sorcière qui ne sait pas vraiment ce qu'elle fait mais qui y va franchement, la fleur au fusil.
L'écriture de Thompson est bien plus fluide et entraînante ici que sur Captain Marvel. Est-ce que parce que le staff éditorial est moins dirigiste que celui de Marvel ? Ou simplement parce que la scénariste est plus à l'aise avec le ton plus léger et juvénile de Sabrina... qu'avec les codes super-héroïques classiques de l'Avenger kree ? En tout cas, il y a à la fois plus de rigueur dans la conduite du récit et plus d'entrain et de fluidité dans la lecture.
Cette réussite doit aussi beaucoup à Veronica Fish dont le style visuel convient merveilleusement à ce comic book. Son trait semi-réaliste est ce qu'il faut pour une aventure qui mixe romance, comédie et fantastique. Les personnages sont expressifs, le découpage tonique, et la colorisation de Andy Fish est superbe, parfaitement dosé avec l'encrage.
Le public auquel s'adresse cette production est large : sont ciblés évidemment les plus jeunes mais on peut prendre du plaisir au-delà de ce cadre car c'est tout simplement bien fait, divertissant sans être futile, léger sans être superficiel. L'intelligence du projet tient à ce qu'il a été bien défini.
Mais est-ce vraiment fini ? Hé bien non. La fin ouverte appelle une suite et elle aura bien lieu car Kelly Thompson l'a confirmé en même temps que son éditeur : Sabrina the teenage witch reviendra en 2020 et ça, c'est le meilleur tout qu'elle pouvait nous jouer.
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