vendredi 13 septembre 2019

CAPTAIN MARVEL #10, de Kelly Thompson et Carmen Carnero


Le mois dernier, la lecture de Captain Marvel m'avait notablement irrité, au point de me demander si j'allais poursuivre la série. J'ai décidé de terminer cet arc malgré tout, mais sans grand espoir. Le résultat reste très décevant, même si l'action est au rendez-vous. Kelly Thompson a raté son coup, ça arrive. Carmen Carnero est plus inspirée. Avant des jours meilleurs ?


Après l'avoir trouvée battue à mort, Captain Marvel a transporté Minerva chez Tony Stark pour qu'il la soigne. A peine rétablie, la scientifique kree passe aux aveux : elle reconnaît avoir provoqué la disgrâce récente de Carol Danvers pour la forcer à l'aider à relancer leur peuple.


Avant cela, Minerva avait mené des expériences sur des humains volontaires pour créer des super-soldats. Un seul de ces cobayes a produit un résultat satisfaisant : la super-héroïne Star. Dont la source des pouvoirs provient du fait qu'elle siphonne l'énergie de Captain Marvel.


Carol n'a pas le choix : elle part défier Star en la provoquant publiquement au centre de New York. Les deux femmes s'affrontent et Captain Marvel tente de compenser son manque de puissance par son expérience du combat.


Pour éviter de mettre les civils en danger, Carol entraîne Star dans l'espace mais elle comprend que cela ne suffit pas. Elle extrait alors de sa poitrine l'implant qui permet à Star de siphonner son énergie. Mais ce faisant, elle provoque leur chute.


Malgré tout, elles survivent, Star davantage que Captain Marvel à qui elle révèle alors la raison pour laquelle elle la déteste tant : sous son masque, elle est la journaliste Ripley Ryan, qui avait kidnappée par la faute de l'héroïne par Nuclear Man. Et, pour ne rien arranger, elle peut désormais aspirer l'énergie vitale des êtres humains...

L'erreur qu'a commise Kelly Thompson pour cette histoire est évidente : lorsqu'on choisit de fournir au lecteur plus d'information que n'en dispose le héros de la série, ce dernier passe pour un imbécile qui met trop de temps à deviner ce qui nous est évident. Or, dans le genre super-héroïque, on attend toujours du héros qu'il soit à égalité avec nous concernant le mystère qu'il doit résoudre afin que nous soyons aussi surpris que lui par la vérité.

Il ne fallait pas être bien futé pour imaginer que Star, cette super-justicière sortie de nulle part, très providentiellement, était liée à la méforme de Captain Marvel. Et il fallait encore être moins naïf pour penser que Minerva, elle aussi surgie d'on ne sait où à un moment critique, avançait innocemment vers Carol Danvers en lui offrant une porte de sortie.

En jouant trop sur ces coïncidences énormes, Kelly Thompson a trop mésestimé l'intelligence et la sagacité de ses lecteurs. Bien entendu, l'explication à laquelle on a droit sur les dessous de l'affaire dans cet épisode présente l'avantage de dévoiler en détail ce qui lie Minerva et Star, l'origine des pouvoirs de cette dernière, l'état dans lequel Captain Marvel a trouvé Minerva à la fin de l'épisode précédent. Et c'est assez habile. Mais le mal est fait. L'intrigue est trop plombée pour mériter l'indulgence.

Le point le plus malin là-dedans, c'est de relier la motivation de Star au sort subi par la journaliste Ripley Ryan apparue dans le premier arc : Kelly Thompson a de la suite dans les idées. Dommage qu'elle manque parfois de rigueur pour les développer (c'est récurrent chez elle, au point parfois de sombrer dans le wtf - comme lorsqu'elle fit de la mère de Kate Bishop une vampire).

On s'achemine donc vers un final spectaculaire avec une bagarre épique entre Captain Marvel et Star, du très convenu en vérité, qui passe par une scène passablement idiote (lorsque Carol s'arrache l'implant dans la poitrine : on se croirait dans ce que Geoff Johns fait de pire). Carmen Carnero fait tout son possible pour ne pas illustrer ça de manière trop grossière et nous épargne des flots d'hémoglobine.

L'artiste réussit peut-être d'ailleurs son meilleur numéro, ce qui est assez ironique vu la médiocrité du script dont elle a hérité. L'épisode est coupé en deux, avec d'abord toute une partie explicative que Carnero met en scène de façon efficace, variant les angles de vue, les valeurs de plan, sans sacrifier les décors et en soignant les expressions. Puis ensuite le duel Captain Marvel-Star est dynamique, avec une belle diversité dans les cadres (tangents, verticaux, horizontaux). Les couleurs de Tamra Bonvillain font le reste.

Après le onzième épisode, qui conclura cet arc calamiteux, la série va s'aventurer dans une direction audacieuse (Captain Marvel passe du côté obscur), avec au dessin Lee Garbett. L'occasion pour Kelly Thompson de regagner mes faveurs sur ce titre pour l'instant peu satisfaisant ? 

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