mercredi 3 février 2021

FUTURE STATE : WONDER WOMAN #2, de Joelle Jones


La suite et fin de Future State : Wonder Woman ne produit aucun miracle : Joelle Jones rate complètement son affaire et son héroïne, Yara Flor, est toujours aussi horripilante. Il va falloir beaucoup plus que ça pour convaincre que cette nouveau personnage ne s'impose durablement dans le DCU, bien que l'éditeur ait déjà donné son feu vert pour une nouvelle mini-série, avec toujours Jones aux commandes.


Yara Flor a provoqué un esclandre alors qu'elle voulait embarquer sur le Styx pour retrouver sa soeur, Potira dans les enfers. Cerbère attaque et Yara doit l'éloigner. Elle arrache avec son lasso-bola une main de Charon pour la jeter au chien à trois têtes puis saute dans la barque.


Mais Caipora la laisse continuer son voyage seule en lui conseillant de ne pas céder à son caractère impulsif. Malheureusement, Yara ne suit pas cette sage recommandation et Hadès, une fois devant elle, menace de la châtier. Perséphone accorde à la jeune femme une chance.


Se jetant dans une fosse où se trouvent les âmes perdues en enfer, Yara réussit à en extirper avec difficulté sa soeur Potira. Hadès enrage et lance aux trousses des deux amazones une nuée d'araignées. Yara et Potira fuient dans une galerie.


Pour assurer leur retraite, Yara provoque l'éboulement de la galerie. Mais Potira est prise sous les gravats. Yara refuse de l'abandonner une nouvelle fois mais d'autres amazones la tirent de là. Yara pleure sa soeur perdue en comprenant qu'elle doit désormais honorer sa mémoire.

S'il n'y a donc pas eu de miracle avec ce second épisode, c'est parce qu'il répète les mêmes erreurs que le premier. Toutefois, on peut simplement se demander avec quel projet, quel scénario était parti Joelle Jones au moment de produire Future State : Wonder Woman...

De tous les titres que j'ai lus en relation avec cet event, celui de Jones est en effet le plus famélique au niveau de la narration. Il est typique du récit entrepris par une artiste qui avait manifestement plus envie de dessiner son héroïne que de raconter une histoire digne d'elle.

On retiendra seulement de Yara Flor qu'elle est une jeune femme horripilante, immature et indigne du nom de Wonder Woman. Son périple aux enfers pour y retrouver sa soeur, prisonnière de Hadès, sonne terriblement creux er révèle surtout une personnalité puérile, agaçante et lassante. Elle s'engage dans une quête sans aucune sagesse, aucune méthode, sinon de semer la pagaille - ce qui est loin d'être judicieux à l'heure de négocier la vie de sa soeur avec le dieu des enfers. Inconsciente des dangers et finalement peu soucieuse de celui qu'elle fait courir à Potira, Yara Flor n'est rien d'autre qu'une idiote pour laquelle il est impossible d'éprouver de la sympathie ou de la compassion.

Que sa mission se solde par un échec n'a donc rien de surprenant, mais Joelle Jones n'est visiblement pas à ça près. Quand les amazones la remontent à la surface, Yara est effondrée, mais il suffit que son cheval ailé, Jerry, vient frotter sa tête contre elle pour qu'aussitôt elle éclate de rire, aussi vite consolée. Cette fille est une vraie tête à claques.

Qu'on puisse aussi mal créer et présenter un personnage relève de l'exploit. Joelle Jones fait n'importe quoi, n'importe comment, se reposant sur le buzz provoqué par Yara Flor et l'esthétique, certes efficace, de son héroïne. Pourtant, ceux qui ont loué l'effort pour la diversité, l'originalité de Yara Flor devraient réviser leur histoire de DC et se rappeler que dans les années 90 Stan Lee, invité par l'éditeur à proposer ses versions de ses héros les plus iconiques, avait imaginé, avec Jim Lee au dessin, une Wonder Woman latina. Ce n'est donc pas nouveau.

Ce qui frappe, c'est surtout l'erreur que commet Jones en pensant que Yara Flor a une identité visuelle assez forte pour qu'elle se substitue à une caractérisation en bonne et due forme. Le design de la jeune femme, de son costume, ses origines géographiques, et sa fraîcheur ne font que souligner à quel point elle est une coquille vide. Certes, elle attire le regard, mais on ne fait pas une BD avec seulement de belles images.

Et c'est bien là le souci de Future State : Wonder Woman : Joelle Jones s'est fait, à l'évidence, plaisir comme dessinatrice mais elle a oublié de proposer une histoire et un personnage consistants. Tout cela est très beau, Jones est une magnifique artiste, mais sorti de là, elle ne raconte rien, rien d'intéressant, et son héroïne n'a rien d'attachant. C'est une jolie poupée mais sans cervelle.

Pourtant, ça n'a frappé personne chez DC car l'éditeur a déjà communiqué sur une mini-série, toujours écrite et dessinée par Jones, et qui introduira Yara Flor à notre époque (je suis vraiment curieux de voir par quel tour de passe-passe ils vont réussir ça, vu que ce fantôme de mini-série se déroule en 2050 et que Yara Flor ne doit pas avoir vingt ans), comme en témoigne sa présence sur un poster promotionnel pour le n°770 à paraître en Mars. 

Est-ce que ça m'intriguera assez pour que je lise cette future mini-série ? Je ne suis pas sûr. par contre, dès que Joelle Jones ne contentera de dessiner en collaborant avec un scénariste qui a des choses à dire, je serai ravi de suivre ses nouveaux travaux.

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