samedi 6 février 2021

AN UNKINDNESS OF RAVENS #5, de Dan Panosian et Marianna Ignazzi


An Unkindness of Ravens se termine avec ce cinquième épisode. Mais la conclusion laisse franchement perplexe tant elle ressemble à un cliffhanger pour annoncer une suite. En l'état, quoi qu'il en soit, ce n'est pas du tout satisfaisant. Dan Panosian a raté son coup et Marianna Ignazzi, si elle demeure la révélation, de cette mini-série, ne peut pas sauver ce ratage.


Wilma  reçoit la visite de sa mère, Melody, qu'elle a toujours crue morte.  Celle-ci lui explique avoir dû se cacher pour son bien et celui de son père car les Dansforth et leurs amis "Survivants" conspirent contre les Ravens auxquelles ils s'aprrêtent à donner le coup de grace. A moins que Wilma n'agisse...


Au même moment, la principale Andrews a réuni les Ravens dans son bureau après avoir obtenu leur libération grâce à son avocate. Elle leur explique que Wilma est en train de parler à sa mère. Mais les jeunes sorcières s'interrogent sur le potentiel de la jeune fille à pouvoir contrer les Survivants.


Le soir venu, les Dansforth reçoivent leurs invités, conviés pour coordonner leur attaque décisive contre les Ravens. Parmi eux, Ansel qui rejoint Scarlett dont la mère a elle aussi fait son retour surprise pour présider cette réception.


Wilma, elle, retourne auprès de la principale Andrews et des Ravens. Mise au défi, elle déchaîne ses pouvoirs, dévoilant son considérable potentiel et le déployant contre les Survivants... 

C'est interloqué que j'ai lu cet épisode. D'abord parce qu'il est censé conclure l'histoire, mais qu'en vérité, il ne le fait pas vraiment. Tout aboutit à un règlement de la crise pour le moins elliptique et confus avant un épilogue qui semble annoncer une suite inattendue.

Ensuite parce que, il faut bien l'admettre, on achève cette lecture en se disant "tout ça pour ça". Qu'a voulu raconter Dan Panosian avec cette (mini ?) série ? Quand An Unkindness of Ravens a débuté, cela ressemblait à un mix entre récit d'apprentissange et intrigue fantastique. Un cocktail accrocheur, mais qui, rapidement, semblait manquer de direction et surtout de consistance, au rythme mollasson, avec une héroïne assez insipide, subissant trop les événements.

Le défaut de ce projet, c'est d'être toujours resté trop superficiel. Les personnages manquent de profondeur, l'histoire manque d'intensité. La narration est trop elliptique, les dialogues abusent de non-dits ou d'allusions pour suggérer un grand mystère aguicheur qui ne tient jamais ses promesses. Il n'y a rien à sauver dans ce naufrage.

J'aime bien les mini-séries, elles n'exigent pas d'investissement trop lourd (que ce soit en argent ou en temps) et c'est un exercice comparable à la nouvelle littéraire pour des auteurs de comics (où le format feuilleton domine), qui testent leurs capacités à aller à l'essentiel. Mais il faut bien avouer que Panosian n'a jamais paru en mesure d'honorer cela, comme si le propos de son projet n'était pas suffisamment défini.

De ce scénario où des sorcières (les Ravens) sont persécutées depuis la nuit des temps par les notables d'une bourgade (les Survivants), Panosian ne tire rien, ou pas grand-chose. L'amorce de sa série n'était pourtant pas mal avec ce père et sa fille revenant dans ce coin perdu où planaient bien des secrets (le premier concernant la disparition d'une jeune élève ressemblant étrangement à Wilma). Mais ensuite, ces arguments ont été sous-développés, affleurés, d'où une frustration grandissante et un agacement croissant. Les allers-retours de Wilma entre la haute société de Crab's Eye et la bande des Ravens échouaient à créer la moindre tension - pire : l'héroïne provoquait une irritation chez le lecteur par sa passivité, semblant ne rien voir ni comprendre de ce qui se tramait quand tout était évident.

Cet ultime épisode accumule les invraisemblances : alors que le précédent chapitre s'achevait sur la découverte par la police du corps de Waverly Good et l'arrestation des Ravens (arrangée par les Survivants), celui-ci commence non pas comme le prolongement direct et évident, mais par une llipse qui nous montre Wilma réveillée par son père alors qu'elle reçoit une visite. Cette ellipse est culottée, mais surtout difficile à avaler car elle prive le lecteur de la réaction de Wilma. Au lieu de ça, Panosian préfère mettre en scène le retour de Melody, la mère de Wilma, et aligner de longues pages de dialogues, qui mènent au refus de Wilma de jouer les arbitres dans la guerre ouverte entre Ravens et Survivants.

La suite est aussi indigeste : on découvre que Ansel est en fait complice avec Scarlett Dansforth - un autre rebondissement improbable et artificiel - , la réception chez les Dansforth et le retour (encore un) de la mère de Scarlett ne produisent rien, et enfin Wilma déchaîne ses pouvoirs magiques... Mais bien malin qui comprendra à quoi ça sert, puisque Panosian boucle là son intrigue de la manière la plus nébuleuse possible. Wilma a-t-elle supprimé les Survivants et les Ravens ? L'épilogue le suggère, mais ça fait beaucoup de choses suggérées. Trop en fait. On aurait préféré que cette histoire dise et montre plus franchement ce qu'elle a à dire et à montrer au lieu de se complaire dans des allusions qui rendent le récit incompréhensible.

An Unkindness of Ravens aura été plaisant pour ses dessins et Marianna Ignazzi mériterait d'être revue avec un meilleur script à illustrer. Son travail qui utilise l'infographie est certes un peu léger, mais elle est à l'aise avec les personnages, parvient à croquer l'ambiance délétère de cette ville de province. C'est subtil mais élégant.

Malheureusement, un projet aussi mal fichu ne rend pas justice à ses mérites et risque même d'être un boulet pour la jeune artiste. Ce n'est pas là une série qui lui servira de carte de visite pour attirer l'attention d'une maison d'édition plus importante. En fait, comme Wilma, Ignazzi a du potentiel, mais le contexte n'est pas favorable à le mettre en valeur.

Parmi les bonnes résolutions que je vais essayer de tenir en 2021, il y a celle d'être plus sélectif dans les comics auxquels je donnerai leur chance. Je risque donc d'être beaucoup plus prudent envers les mini-séries, notamment publiées par des indépendants. 

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