jeudi 25 février 2021

X-MEN #18, de Jonathan Hickman et Mahmud Asrar


Il y a un an, en Janvier 2020 (le monde d'avant...), paraissait X-Men #5 et Jonathan Hickman envoyait trois mutants dans la Voûte en Amérique du Sud pour qu'ils découvrent ce qui s'y cachait, la véritable puissance de ses occupants... Une intrigue laissée en suspens, volontairement, car le temps compté était une donnée cruciale. Avec ce numéro (et le suivant, le mois prochain) le scénariste reprend le fil de cette histoire, en compagnie de Mahmud Asrar (et non de Brett Booth comme l'indique la couverture). Et ça valait le coup d'attendre.
 

Synch raconte la mission qu'il a accepté de remplir avec Wolverine (Laura Kinney) et Darwin. Grâce à une diversion des X-Men, ces trois-là ont réussi à s'introduire dans la Voûte, où résident d'autres mutants, puissants et menaçants, et dont l'entrée est camouflée par une sentinelle endommagée.


A l'intérieur de la Voûte, le temps s'écoule différemment et l'espace cache une ville gigantesque mais peu peuplée. Wolverine entraîne Darwin et Synch pour l'explorer. Mais leurs présences ne passent pas inapercues car Serafina, qui peut se connecter avec le système de surveillance de la Voûte, les repère.


Serafina avec le chef des Enfants de la Voûte, Sangre, et ses compagnons, Aguja, Fuego et Perro, partent à la rencontre des intrus avec la volonté de les éliminer pour protéger la cité. Mais Wolverine ouvre les hostilités la première en tuant Serafina.


Brûlé par Fuego, Synch réussit à riposter et tue ce dernier, Sangre, et Perro. Reste Aguja qui, bouleversée, jure de faire payer à ses trois adversaires leurs meurtres. Elle déclenche une gigantesque explosion...

C'est plus exactement en Janvier 2020 que parut X-Men #5 et que démarrait cette histoire. C'était il y a peine un an et pourtant ça nous paraît aujourd'hui une éternité. Ce récit trouve un troublant écho car personne ne pouvait se douter qu'en suivant Wolverine, Synch et Darwin dans la Voûte, nous allions nous aussi entrer dans une période, toujours pas finie, ponctuée de confinements et de couvre-feu à cause la crise sanitaire mondiale.

Je ne prétendrai pas que Jonathan Hickman a été visionnaire, mais ce qui est sûr, c'est qu'il a eu le nez creux. On peut juger qu'attendre un an pour connaître la suite et fin de cette intrigue, c'est long, mais entretemps, il y a eu X of Swords, et même sans ça, le temps a joué en faveur de cette histoire car il y joue un rôle déterminant.

En effet, la dernière page de X-Men #5, avec un dialogue entre le Pr. X et Cyclope, expliquait que Wolverine, Synch et Darwin étaient entrés dans la Voûte depuis trois mois et cinq jours, ce qui correspondaient à 537 ans dans la Voûte ! Quiconque n'a pas eu l'impression que les douze derniers mois n'ont pas paru durer une éternité a bien de la chance... Ou aucun notion du temps.

Hickman fait de Synch le narrateur de l'épisode : c'est un mutant sympathique, facile à apprécier, dont le pouvoir lui permet de copier ceux des autres par mimétisme. Mais on apprend rapidement, au détour d'une data page, grâce à un rapport rédigé par le Dr. Cecilia Reyes, que depuis leur résurrection, beaucoup de mutants ont vu leurs pouvoirs augmentés, comme un effet secondaire de leur retour à la vie. Ce "détail" aura son importance à la fin de cet épisode.

R.B. Silva a cédé sa place au dessin à Mahmud Asrar, qu'on est bien content de retrouver après l'intérim pénible du mois dernier par Brett Booth. L'artiste prend le relais avec une facilité déconcertante, il évolue dans un registre similaire à son collègue, un dessin réaliste et descriptif, mais avec un trait différent, moins fin que celui de Silva. Ce n'est pas un reproche : Asrar compense cela par une plus grande maîtrise des compositions : il sait poser une scène et les éléments qui la forment rapidement et ainsi peut se passer ensuite de répéter des plans d'ensemble pour que le lecteur sache où les personnages se trouvent. Sa représentation de la Cité est impressionnante et marque les esprits de telle sorte qu'on s'en rappelle, son architecture futuriste, les couleurs bleutées de Sunny Gho, ses perspectives interminables suffisent à en donner la mesure phénoménale et d'une beauté glaçante.

Hickman est dans son élément avec ce contexte de SF, qui donne le la à son run sur X-Men. Il n'a pas besoin, lui non plus, d'insister pour prouver que les Enfants de la Voûte sont des mutants dangereux et puissants. Lorsque Serafina se connecte au grand ordinateur de la Cité, elle communique avec la machine sur ce qu'elle a appris au sujet de Krakoa et de la menace que représente désormais sa population - une menace mésestimée et à laquelle il faut se préparer. En effet, depuis leur première apparition durant le run de Mike Carey, les Enfants de la Voûte peuvent mesurer l'évolution énorme qu'ont connu les mutants.

Si je disais que le temps, la notion de temps étaient primordiale dans cette intrigue et que la parution à un an d'écart de cet épisode et de X-Men #5 était finalement un atout, c'est parce que, alors que, pour des raisons liées justement à cette publication mais aussi à ce qui s'est passé dans la vraie vie, nous avons pu ressentir plus intensément le passage du temps, en revanche les trois héros de l'histoire eux n'ont pas du tout conscience qu'ils sont dans la Voûte depuis une éternité. 

A l'image de Synch, qui est très confiant parce que Wolverine est le leader de l'expédition, et que Darwin peut littéralement s'adapter à tout et donc qu'il pourra s'aligner sur lui, tout semble se passer facilement pour les mutants de Krakoa. Ce décalage entre la perception des faits et leur réalité culmine dans la dernière page où Aguja riposte de manière spectaculaire est dévastatrice à l'attaque des X-Men. La voix-off de Synch (qui jure alors : "we do our best") résonne de sinistre façon, laissant planer un sérieux doute sur la capacité des trois héros à avoir résister à cette réplique ennemie. Et qu'en sera-t-il quand ils sortiront de la Voûte ? Cela fait penser aux missions spéléologiques où les volontaires pour des plongées au centre de la Terre perdent toute notion du temps, connaissent parfois de troubles psychologiques et physiques sérieux. Appliquée aux mutants, on peut deviner que Hickman ne va pas se contenter d'exfilter Wolverine, Synch et Darwin intacts.

Dans la dernière partie de l'épisode, Asrar met en scène l'affrontement entre les deux groupes de manière très habile. Il privilégie classiquement des cases assez grandes pour y intègrer un maximum de personnages mais aussi pour donner à voir le déchaînement de leurs pouvoirs, en particulier celui de Fuego. Et justement cela renvoie au rapport de Cecilia Reyes sur Synch qui découvre qu'il peut désormais assimiler une agression et reproduire un pouvoir étranger beaucoup plus facilement et puissamment qu'avant. Entre ça et l'entraînement sur la synchronicité des élèves des Nouveaux Mutants, on n'est plus loin des Chimères initiées par Mr. Sinistre dans Powers of X...

A suivre donc le mois prochain pour savoir ce qui adviendra de Wolverine, Synch et Darwin. Mais c'est prometteur.

1 commentaire:

Sam a dit…

Bonjour, d'après le wiki et le wikia, les Enfants de la Voûte ne sont pas des mutants sauf si dans ce X-MEN #18, on dit le contraire.