dimanche 31 janvier 2021

X-MEN #17, de Jonathan Hickman et Brett Booth


Il fallait bien que ça arrive et c'est arrivé ce Mercredi : Jonathan Hickman vient de signer un mauvais épisode de X-Men. Un épisode pour rien, un épisode sans intérêt, un épisode à côté. Certes le scénariste n'est pas gâté puisque Marvel lui a fourgué la dernière recrue maison, l'abominable Brett Booth, transfuge de DC. C'est donc aussi très laid. 


Deathbird, la prescriptrice de l'impératrice Shi'ar Xandra Neramani, sollicite l'aide des X-Men car sa protégée a disparu. Elle pense à un enlèvement mais a besoin d'enquêteurs discrets et rapides pour mener l'enquête. Cyclope, Jean Grey et Tornade acceptent cette mission.


Reçus sur la planète-trône Chandilar par Smasher, membre de la garde impériale (et femme de Cannonball), le trio entre dans une salle où a été rassemblé le personnel de l'impératrice. La télépathe Oracle les a sondés mais Jean Grey répète l'opération et détecte un suspect.


Xandra est aux mains de Urr, un Stygien, qui refuse de supporter plus longtemps les conditions de vie que leur imposent les Shi'ar. Il veut exécuter Xandra pour se venger mais aussi provoquer une insurrection.
 

Jean Grey remonte la piste de Xandra et Urr et sonne la charge. Tornade sauve la jeune impératrice et neutralise son ravisseur. Xandra la remercie en lui assurant son aide si la mutante en a un jour besoin.

Bon, allons droit au but : Je n'aime pas Brett Booth. C'est un dessinateur au style affreux, un émule de Jim Lee et de l'école Image Comics des débuts (dans les années 90). Je sais que certains en sont fans parce que cela les renvoie à l'époque où ils ont découvert les comics ou y ont repris goût. 

Jim Lee, Rob Lefield, Whilce Portacio, Todd McFarlane ont contribué au renouveau de Marvel dans la dernière décennie du siècle dernier avant de fonder leur propre maison d'édition et de développer leurs propres labels. Image est devenu l'alternative aux Big Two mais a su évoluer pour devenir le foyer de nombreux auteurs et artistes qui tentent l'aventure du creator-owned. Finalement, aujourd'hui, il ne reste plus grand-chose de ce qu'elle fut à l'origine. Ironie du sort : Jim Lee, la star de cette génération, est aujourd'hui devenu le big boss chez DC.

Il est logique que, grâce à lui, des artistes comme Booth ait émergé, en imitant son style, et en produisant pour DC. Malheureusement, comme je n'ai jamais été client de Lee comme dessinateur, je n'ai pas davantage d'attirance pour tous ses disciples. Je n'aime pas ce style surchargé qui dissimule sous des effets mal digérés des défauts techniques. Je n'aime pas ces hachures qui sont en fait des cache-misères pour camoufler des insuffisances diverses et non pour créer des textures. Je n'aime pas ces physionomies saillantes, ces anatomies ridicules tellement elles sont exagérées. Le style Jim Lee, c'est cela. Et Booth n'est de ce point de vue pas un bon dessinateur, c'est un imitateur, mais embarrassant tant son niveau est indigent.

Au moins, on n'est pas pris en traître : dès la première page de l'épisode, on a droit à la totale, un plan d'ensemble avec des personnages au physique risible, un découpage grossier, tape-à-l'oeil, des angles de vue et des enchaînements tellement baclés qu'il ferait rougir de honte un professeur de dessin. Encore une fois, j'admets qu'on puisse trouver ça agréable parce que c'est simple, c'est rapide, c'est racoleur. Mais bon sang, qu'est-ce que c'est mauvais !

Je ne veux pas paraître pontifiant mais le regard s'éduque, qu'on veuille devenir dessinateur ou qu'on soit lecteur. Il n'y a pas forcément des règles pour tout, et la BD gagne même à s'en affranchir. Mais une base technique pour un artiste, et un peu d'exigence esthétique pour le lecteur, c'est le minimum.On ne peut pas juste aimer un dessin pour son côté madeleine de Proust, parce qu'il nous renvoie à l'enfance, à l'adolescence, à nos premiers émois de lecteur. Il faut apprendre à reconnaître un dessin qui tienne debout, qui fonctionne selon la narration graphique de la BD. Il ne suffit pas d'envoyer des splash pages qui claquent, des surhommes nourris aux hormones ou des héroïnes avec des silhouettes de playmates, dans des décors quasi inexistants, pour prétendre que c'est de la BD.

Mon problème avec certains fans, c'est qu'ils prétextent que lire leur suffit alors que s'il faisait l'effort de s'instruire sur la narration de BD, ils profiteraient bien mieux de leur lecture. Il n'y a même pas l'excuse de savoir quoi lire pour se former le regard : les ouvrages sur la narration abondent aujourd'hui, il y en a dans les médiathèques, ce sont des livres faciles d'accès, parfois signés par de grands artistes. Et parfois encore ils sont conçus comme de vrais récits (cf. L'Art invisible de Scott McCloud).

Ma modeste ambition de critique, c'est de ne jamais négliger le dessin par rapport à l'écrit et inversement. Récemment, le dessinateur Fernando Blanco (Catwoman) a eu cette formule très juste sur Twitter en disant que les scénaristes dessinent avec des mots et les dessinateurs écrivent avec des images. Cela suffit à résumer à quel point les deux disciplines sont inséparables. Parler de BD en négligeant le dessin, c'est comme ne parler que de la moitié de ce qui fait une BD. Pire : c'est ne rien comprendre au média. Le dessin a un vocabulaire, si on est capable de faire l'effort de lire des comics en anglais, ça ne demande pas plus d'efforts d'apprendre ce vocabulaire. Et pour le peu d'effort que cela exige, quel bénéfice au moment de partager ses lectures et d'argumenter pour expliquer pourquoi tel livre est bien.

Mais même un dessinateur médiocre comme Booth ne suffit pas à justifier l'échec d'un tel épisode. C'est aussi la responsabilité de Jonathan Hickman, bien peu inspiré. L'intrigue de de numéro tient sur un post-it, mais surtout elle est mal conduite, mal menée et sans intérêt. Tout est raté ici : jamais on ne vibre, jamais on ne palpite. Le sort de Xandra, la jeune impératrice, nous indiffère (pire : on comprend même en partie le sentiment de Urr, qui pointe l'asservissement de son peuple par les Shi'ar). Et surtout on se demande bien ce que les X-Men viennent faire dans cette galère, comme si la garde impériale ne suffisait pas pour règler cette affaire, sans compter que ni Cyclope, ni Tornade ne sont nécessaires pour résoudre ce dossier. A la rigueur, Hickman aurait pu suggérer que Oracle n'a pas poussé assez loin son sondage télépathique parmi les suspects et pourrait ne pas souhaiter que Xandra soit retrouvée en vie à temps. Mais rien de tel n'est sous-entendu.

Le prétexte aussi de solliciter les X-Men parce qu'ils seraient des détectives rapides et discrets ne tient pas la route : ils passent difficilement inaperçus en débarquant sur Chandilar dans leurs costumes colorés (au passage, j'espère que ce n'est pas le retour des costumes de l'ère X-Factor première période, car j'ai toujours trouvé leur design insipide) et bon, la rapidité n'a rien de spectaculaire vu que le mystère est sibyllin. Pas besoin de Sherlock Holmes mutant pour résoudre tout ça.

Heureusement que le prochain numéro verra le retour de Mahmud Asrar au dessin et surtout la reprise d'une intrigue autrement plus passionnante (qu'est-il arrivé à Darwin, X-23 et Synch depuis qu'ils sont dans la Voûte ?). 
 
*
Un dernier mot avant de conclure. Dans le précédent épisode de X-Men, Cyclope annonçait donc au Pr. X et Magneto qu'il allait reformer, avec Jean Grey, une équipe de X-Men. Quand on lui demandait quels en seraient les membres, comment ils seraient choisis, le mutant répondait qu'il allait organiser une élection. La communauté de Krakoa voterait pour ses champions.

L'idée était en soi déjà assez atypique, mais Jonathan Hickman et Marvel ont décidé de l'exploiter complètement en impliquant les lecteurs. Une liste de dix prétendants a donc été communiquée, la voici :


Vous pouvez donc voter pour votre X-Man favori, jusqu'au 2 Fèvrier, en vous rendant sur le site de Marvel. Attention ! Un personnage = un vote. On ne vote qu'une fois pour un seul mutant de cette liste.

J'ignore combien de candidats seront retenus, tout dépendra si Hickman compose une équipe fournie ou pas, mais en comptant Cyclope et Jean Grey, il ne faut pas croire à une formation de douze membres. En tout cas, on peut déjà noter l'originalité des mutants pré-selectionnés, car on ne trouve pas quelques vedettes (comme Wolverine, Tornade, Kitty Pryde, etc.).

Pour ma part, j'ai voté pour Polaris car ne lisant pas X-Factor dans laquelle elle figure, et ayant toujours eu un faible pour la fille de Magneto, trop souvent dans l'ombre de son père et de son compagnon régulier (Havok), j'aimerai la voir plus régulièrement. Je ne dois pas être le seul à l'espérer puisqu'elle est actuellement en tête des suffrages...

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