lundi 11 janvier 2021

JUGGERNAUT #5, de Fabian Nicieza et Ron Garney


Sans surprise, cette mini-série Juggernaut se termine sans éclat. Le format est, je l'avais dit, frustrant, surtout quand il est aussi bref, et même si Fabian Nicieza ne ferme pas la porte, il est peu probable qu'on ait droit à une suite (serait-elle nécessaire d'ailleurs ?). Ron Garney fait le job sans se forcer non plus. Voilà, voilà...


Le Fléau et D-Cel font irruption dans le Dongeon qui s'avère être une couverture pour une prison détenant des super-humains. Face au Gardien du lieu, le Fléau refuse de lui livrer D-Cel en arguant qu'elle est une mutante, donc protégée par Krakoa.


Quelques jours après, comme l'a convenu avec Charles Xavier, Cain Marko lui remet D-Cel. Il demande à Black Tom Cassidy, qui fut son complice jadis, de bien veiller sur la jeune femme. Puis il peut passer à la suite de son plan.
 

Renouant avec Arnim Zola, le Fléau fait revenir Sable Mouvant qu'il empêche de se venger en lui proposant de l'aider à mettre fin au Dongeon...

Au fond, quel était l'objectif de cette mini-série ? Fabian Nicieza, à défaut de bien le formuler dans son script, l'a expliqué en interview : il désirait que le Fléau ait un projet personnel qui le sorte de son rôle de vilain ou de héros occasionnel. Mais le scénariste semblait un peu douter de la pérennité de son idée, craignant qu'un prochain auteur ne se réapproprie Cain Marko pour le détourner de la voie qu'il lui avait tracée.

Nous verrons ce que l'avenir fera du Fléau, mais Nicieza mériterait qu'on respecte son travail car il ne s'en sort pas si mal que ça. A la fin de cette histoire, effectivement, il a établi une situation bien pensée pour son personnage : désormais, il a un but (empêcher la détention abusive de super-humains) et, si'il s'associe pour cela à des partenaires moyennement fréquentables (voire pas du tout fréquentables), c'est parce qu'il sait qu'il n'appartient pas à la communauté mutante (que dirige son demi-frère, le Pr. X) ni qu'il est considéré comme un héros par le public. Il devient donc une sorte d'agent indépendant, un électron libre.

Si Nicieza ou un autre pouvait développer le personnage dans cette direction, nul doute qu'il y aurait matière à le faire et il serait intéressant d'analyser comment l'action du Fléau serait admise par d'autres justiciers et quelles seraient ses chances de succès face au Dongeon, quand on voit comment le Gardien arrive à le neutraliser.

Mais ça, ce serait possible si le Fléau était un personnage qui compte pour Marvel. Cette mini-série sort un peu de n'importe où et on peut déjà s'étonner qu'elle ait été produite, surtout en pleine crise sanitaire et économique. Rien ne paraît indiquer qu'un scénariste en vue ait envie d'employer le Fléau et de poursuivre son histoire tout comme il paraît très improbable que Fabian Nicieza reçoive le feu vert pour une suite. D'ailleurs, est-elle nécessaire ? En quittant le Fléau et ses alliés tels quels, c'est déjà bien car le reste, le lecteur peut l'imaginer à sa guise sans forcément avoir l'acquérir et le lire. Chacun, en somme, extrapolera sur le futur du personnage.

La prestation de Ron Garney m'a un peu laissé sur ma faim, je dois l'avouer. Bien que fan de l'artiste et de l'évolution de son style, il ne m'a jamais semblé donner son maximum sur cette mini, comme s'il s'agissait d'une commande à exécuter avant de passer à autre chose de plus galvanisant. 

Effectivement, le dessinateur quitte Marvel pour illustrer une autre série (en douze épisodes), BRZKR, imaginée par Keanu Reeves, et qui devrait commencer à être publiée à l'Automne prochain (pour que Garney ait produit assez de numéros à l'avance). C'est un peu dommage de le voir achever son travail chez Marvel (même si rien n'exclut qu'il revienne chez l'éditeur) sur une note aussi faible. Mais le script de Nicieza ne lui a jamais donné l'opportunité de réaliser des planches comme celles où il excelle (avec ce talent pour le mouvement, l'action).

Voilà, c'est terminé. Je pense que j'aurai pu me dispenser de cette lecture, mais j'ai tenu à aller jusqu'au bout.

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