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Dans ces chapitres, l'homme araignée allait connaître d'emblée de grands bouleversements puisqu'il rencontre le mystérieux Ezekiel : celui-ci sait tout de lui, de ses pouvoirs jusqu'à son identité civile, mais surtout il possède les mêmes capacités que lui et il le met en garde contre un nouveau et terrible danger.
En effet, un nommé Morlun traque tous les individus ayant des liens privilégiés avec les animaux et les insectes pour se nourrir de leur énergie vitale. Spider-Man découvre donc qu'il doit peut-être autant ses pouvoirs à l'araignée radioactive qui l'a piqué qu'à une force totemique !
Ezekiel propose d'abord à Peter Parker de se cacher de Morlun, le temps que celui-ci s'éloigne de New York, mais notre héros refuse, sachant que cela signifie que ce prédateur cherchera une autre proie, autre part.
Mais comment affronter - et vaincre un adversaire pour qui votre mort signifie sa survie et qui n'a jamais été défait ? Et, bien sûr, comment mener cette bataille tout en continuant à cacher sa double vie à sa tante et alors qu'on vient d'accepter un poste d'enseignant dans un collège des bas-quartiers ?
Ce n'est pas encore cette fois que Spider-Man va pouvoir se reposer...
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Publiés de Juin à Novembre 2001, ces épisodes offrent un point de vue détonant sur le plus célèbre justicier masqué de Marvel : d'entrée de jeu, Straczynski imprime sa marque sur la série en y glissant des éléments aussi inattendus qu'originaux.
Le mysticisme s'invite dans la vie de Spider-Man et donne un relief inédit aux origines du héros sans les réécrire complètement - rétrospectivement, il est amusant de constater que le scénariste ait voulu rafraîchir le passé du Tisseur dès son arrivée et de voir qu'il a quitté le titre lorsque Joe Quesada a voulu revenir aux fondamentaux du héros (mais d'une manière bien moins inspirée... Et en effaçant du même coup bien des idées de JMS).
Toutefois est-il que relier les pouvoirs de Spider-Man à un totem, ce qui expliquerait aussi le bestiaire composant ses ennemis les plus emblématiques (le Rhinocéros, le Lézard, le Vautour, le Scorpion, la Chatte Noire...), éclaire d'un jour nouveau (si j'ose dire...) l'histoire du personnage.
C'est la grande force d'un auteur comme Straczynski : il sait aborder son sujet sous un angle sinon nouveau en tout cas passionnant, comme on l'a encore vu récemment lors du relaunch de Thor (où le scénario était bâtie sur l'idée que les Dieux n'existaient vraiment que par la foi des humains en eux).
Son autre atout réside dans la caractérisation des protagonistes : longtemps écrit (et à nouveau aujourd'hui) comme un post-ado mal dégrossi, Peter Parker est traîté ici comme un authentique jeune homme, qui doute de lui-même, de son rôle de justicier, qui revient sur son passé de collégien non pour reprendre ses études mais pour enseigner. Il se retrouve ainsi dans deux élèves aux destins distincts : l'un finira par ouvrir le feu dans l'établissement, évoquant par là de tragiques faits divers comm la fusillade de Columbine ; l'autre aidera Peter à le maîtriser en utilisant ses connaissances scientifiques alors qu'il était la tête-de-turc des petits caïds du bahut. Dans ces deux trajectoires, JMS trace une métaphore sobre car rapide, expresse mais simple, de l'existence de son héros.
Les seconds rôles sont encore rares, signe que l'auteur prenait ses marques : Tante May fait quelques rares apparitions, Mary-Jane Watson (alors mariée à Peter) est absente. Mais l'introduction de l'énigmatique Ezekiel est frustrante : le personnage, charismatique à souhait, aurait pu être employé pour épaissir la mythologie du Tisseur, mais, curieusement, JMS ne l'emploiera plus ensuite - et la refonte du titre après le dyptique One More Day-Brand New Day ne laisse pas espérer un retour. Dommage vraiment car on aurait aimé en savoir plus sur la famille des "Accomplis" suggérée dans ce récit...
Les dialogues, enfin, traduisent le savoir-faire de Straczynski : jamais ils ne cèdent au bavardage mais toujours ils éclairent ou soulignent la personnalité des protagonistes. C'est exemplaire.
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Les dessins de John Romita Jr, encrés à merveille par Scott Hanna, sont d'une puissance et d'une vivacité extraordinaires : riche en action, cet arc permet à l'artiste de donner la pleine mesure de son énorme talent, utilisant avec force les splash et double-pages.
Le découpage dégage un mélange de fluidité et d'énergie et le rythme de lecture s'en ressent de manière optimale : on tourne les pages à toute vitesse tout en étant souvent ébloui par ce qu'elles donnent à voir et qui mérite qu'on s'y arrête pour en observer toous les détails.
Là aussi, c'est une vrai leçon.
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Que du bonheur en somme : un pitch original et palpitant, un graphisme tourbillonnant... le résultat est emballant - si vous tombez dessus à votre tour, n'hésitez pas, surtout à ce prix-là !
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