mardi 11 août 2009

Critique 87 : NEW AVENGERS 11 à 13 - RONIN + ANNUAL 1, de Brian Michael Bendis et David Finch









Ronin est le troisième arc des Nouveaux Vengeurs, toujours écrit par Brian Michael Bendis et à nouveau illustré par David Finch. Cette histoire se déroule des épisodes 11 à 13, publiés de Novembre 2005 à Janvier 2006 par Marvel Comics.
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L'énigmatique Ronin, recommandé par Matt Murdock/Daredevil pour le remplacer au sein des Nouveaux Vengeurs, enquête à la demande de Captain America sur l'organisation criminelle, la Main, en lieu et place de Wolverine. Ses investigations décident le reste de l'équipe à le rejoindre au Japon où leur route croise celle du Samouraï d'Argent. Ce dernier est en affaire avec Viper, chef de l'Hydra.

Sentry est, lui, resté en Amérique, récupérant de ses problèmes identitaires (révèlés dans l'arc précédent) et refusant d'aider ses partenaires sur ce coup à cause de cela. Cependant, Captain America commence à soupçonner Spider-Woman de ne pas être celle qu'elle prétend : il a raison puisqu'il est désormais évident qu'elle "roule" à la fois pour les Nouveaux Vengeurs, le S.H.I.E.L.D. et l'Hydra...
Quant à l'identité réelle de Ronin, elle en laissera plus d'un interloqué puisqu'il s'agit d'Echo, alias Maya Lopez !
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Brian Bendis n'a pas tardé à rétablir le cap après le raté de son arc précédent et, encore aujourd'hui, je considère ce Ronin comme l'un des meilleurs passages de la série.
Les premiers et principaux atouts de cette histoire sont sa brièveté et son dynamisme : en trois épisodes, le scénariste emballe une intrigue tonique, avec de belles séquences d'action, quelques surprises bien senties. On en voit pas le temps passer, c'est une réussite.

Intelligemment, Bendis renoue avec l'affaire du Raft tout en disposant quelques pions pour la suite, comme le jeu de rôles de Spider-Woman, suggéré dans Breakout. En déplaçant l'action au Japon, l'auteur adresse également des clins d'oeil réjouissants aux fans de Frank Miller (l'implication de la Main) mais aussi aux épisodes des X-Men par Chris Claremont et Paul Smith (lorsque Wolverine voulut se marier et dut affronter Viper et le Silver Samouraï) : le décor est agréablement dépaysant et permet des scènes savoureuses contre les Ninjas, où les bons mots de Spider-Man passent bien.
Le tout est mené sur un rythme soutenu mais le propos est toujours lisible, d'une fluidité et d'une sobrièté parfaite.
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David Finch, qui revient sur le titre, rend aussi une copie très honorable : dès la première scène, il impose un personnage dont on regrette presque le démasquage final - et l'exploitation maladroite par la suite. L'artiste nous gratifie surtout de planches soignées, toujours épaulé par ses partenaires favoris (Danny Miki à l'encrage et Frank d'Armata aux couleurs), dans un style un peu moins encombré qui fait plaisir.
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Le titre rebondit donc de façon très opportune - et cela va durer quelque temps.
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En Juin 2006 paraît New Avengers Annual #1 : il s'agit donc d'un épisode spécial, plus long, et qui signifie que le titre est désormais bien installé commercialement. Mais c'est aussi un chapitre particulier pour deux autres raisons : d'abord parce qu'il propose un suite directe à une situation présentée à la fin du premier arc, Breakout, et ensuite parce qu'il s'articule autour d'un motif traditionnel dans les comics super-héroïques, le mariage de deux héros... Qui, bien sûr, sert de cadre à une bataille épique.
Le scénario est bien sûr l'oeuvre de Brian Michael Bendis et les dessins sont signés par son complice du crossover House of M, le français Olivier Coipel.
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Gravement blessée par Sauron en Terre-Sauvage, Yelena Belova (alias la Veuve Noire blonde) accepte de recevoir les pouvoirs du Super-Adaptoïde comme les lui proposent les agents de l'HYDRA afin de se venger des Nouveaux Vengeurs.
Elle attaque l'équipe juste après que Jessica Jones
ait accepté la demande en mariage de Luke Cage. Yelena absorbe d'abord les pouvoirs de Sentry puis de Luke Cage, Wolverine, Spider-Man, et Spider-Woman, alors que le maire de New York est reçu par Tony Stark et Captain America à leur nouveau quartier général.

Mais après que Spidey ait compris qu'elle ne peut dérober les pouvoirs que d'un seul héros à la fois, Yelena Belova est mise en échec par Iron Man - ou plutôt par une attaque groupée de plusieurs armures du héros commandées à distance par Stark - et par Sentry dont elle a aussi "volé" le double démoniaque, Void, menaçant de détruire son esprit.
La situation conduit l'HYDRA à déclencher l'auto-destruction de Yelena, empêchant ainsi Iron Man de l'interroger pour connaître le nom de ceux qui l'ont transformée. Néanmoins, tous les Vengeurs suspectent l'organisation terroriste d'être derrière cette agression et Spider-Woman est prise à parti par Stark car elle a espionné l'HYDRA pour le compte de Nick Fury dans le passé.

Finalement, les noces de Luke Cage et Jessica Jones sont célèbrées devant un prêtre ressemblant de façon troublante à... Stan Lee.
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Ce premier "annual" est un pur régal et, à tout seigneur, tout honneur, c'est d'abord grâce à la contribution d'Olivier Coipel. Réalisées entre House of M et Thor, les planches que le français a réalisées pour l'occasion révèlent la fabuleuse progression de l'artiste durant ces dernières années. Ce n'est pas la première fois qu'il dessine ces personnages : avec Geoff Johns et Chuck Austen, il avait déjà oeuvré sur les Vengeurs "classiques" sur deux sagas (Red Zone et Lionheart of Avalon), et il n'est pas exagéré d'affirmer qu'il semble être né pour les animer.
Le découpage est éblouissant, donnant un tempo effrené à ce récit plein d'action : on tourne les pages à toute allure mais on y revient avec un plaisir égal en se laissant toujours prendre. L'aisance avec laquelle il insuffle vie et expressivité aux personnages, avec laquelle il alterne les angles de vue, agence la composition des plans, jongle avec le format des vignettes : c'est un feu d'artifices !
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L'intrigue est simplissime et à vrai dire, l'argument n'est qu'un prétexte, mais Bendis s'est visiblement amusé - et son plaisir est communicatif. Il y a un côté "old school" dans ce numéro où c'est vraiment "les bons contre la méchante".

La parenthèse est enchanteresse et atteste que le scénariste, lorsqu'il "lâche les chevaux" (comme dans Ultimate Spider-Man), vaut bien mieux que lorsqu'il abuse de la narration décompressée dont il est devenu le symbole vivant.
Un épisode pas absolument indispensable (sinon pour découvrir le sort de la blonde Veuve Noire) mais une lecture tellement jouissive qu'il serait idiot de s'en priver !

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