dimanche 2 août 2009

Critique 83 : LONDON INFERNO, de Laurent-Frédéric Bollée et Roger Mason


John Cope et Mark Hollis sont deux officiers de police anglais. Mais John aime Valerie, la femme de Mark. Leur liaison dangereuse dure depuis deux ans...
Un matin, John apprend que Valerie a été assassinée. Apparemment la jeune femme a été tuée par un déséquilibré lors d'une soirée donnée par Mark et l'affaire est vite classée.
Pourtant, John mène l'enquête et réclame vengeance. Il va découvrir que cet "accident" cache une histoire complexe au coeur de laquelle la victime a servi à son insu d'instrument...
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Malgré son format atypique, ce récit complet de 80 pages se lit rapidement : le dessin nerveux, dominé par de larges à-plats noirs et un découpage cinématographique, de l'anglais Roger Mason y contribue largement. On tourne les pages remplies de grandes vignettes à vive allure, mais où règne une ambiance nocturne prenante.
C'est lorsqu'il laisse son pinceau s'exprimer que cet artiste est à son meilleur niveau, et il excelle aussi à représenter l'héroïne ainsi que la passion qui l'unit à son amant. Quand il lui faut montrer Londres, il en donne une image inquiètante, tout en prenant soin de s'écarter des clichés qui symbolisent la capitale anglaise : pas de Big Ben ici, mais plutôt un réseau de ruelles et une nuit sans fin. C'est prenant et bien senti.
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Le scénario de LF Bollée, qui vient de la télévision où il officie comme journaliste sportif, n'est pas mal non plus : il ne perd pas de temps pour présenter les protagonistes du récit et les plonger dans une authentique série noire.
L'obstination romantique de John Cope à découvrir la vérité sur la mort de sa maîtresse et les découvertes inattendues qu'il va faire sont parfaitement traduites : ce n'est pas un héros sympathique - il est violent, trompe son équipier et ami, et finit par appliquer une justice expéditive qui n'est en rien libératrice - mais c'est un personnage fort, à la hauteur de l'intensité de l'intrigue.
Ce qui semble n'être en effet qu'un thriller sexy et macabre se révèle progressivement comme un récit tortueux où il est question de magouilles financières, de manipulation d'individus, de venageance partagée (Mark savait que sa femme le trompait avec John) : c'est finement joué et bien développé.
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La preuve que, parfois, pour vraiment pas cher, on peut mettre la main sur des perles rares - le tout étant agrémentée d'une tracklisting de belle allure, ayant inspiré la réalisation de ce London Inferno, un titre sonnant déjà en soi comme une chanson !

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