lundi 6 novembre 2023

UNCANNY X-MEN, TOME 6 : LE PROCES DE HENRY McCOY, de Brian Michael Bendis, Mahmud Asrar, Sara Pichelli, Chris Bachalo, Stuart Immonen, Kris Anka, Frazer Irving et David Marquez


Il est 22 heures 03, ce lundi 6 Novembre 2023, et je termine cette rétrospective sur les X-Men par Brian Michael Bendis avec cette troisième critique en une journée ! Le Procès de Henry McCoy est donc à la fois le sixième tome d'Uncanny X-Men et la fin du run du scénariste sur les titres mutants. On y trouve donc l'épisode 32 dessiné par Chris Bachalo, les 33-34 dessinés par Kris Anka, le 35 dessiné par Valerio Schiti et le 600 dessiné par Sara Pichelli, Mahmud Asrar, Stuart Immonen, Kris Anka, Chris Bachalo, Frazer Irving et David Marquez.


De retour à leur QG après la lecture du testament de Charles Xavier, Emma Frost, Magik et Cyclope réunissent leurs recrues. Scott leur annonce qu'ils poursuivront leur apprentissage à l'école Jean Grey. Magik entraîne alors Kitty Pryde ailleurs tandis que les esprits s'échauffent. Fabio Medina assomme Cyclope car, comme Hijack, il s'estime trahi par leur mentor. Revenu à lui, Cyclope a une discussion franche avec Emma au sujet de leur relation et ils se séparent. Havok rend visite à son frère, seul désormais, et le questionne sur sa révolution puis lui suggère d'en faire quelque chose de positif et inattendu.


Magik a emmené Kitty sur l'île aux monstres pour y récupérer un mutant. Elles gagnent une grotte où elles trouvent Bo, une fillette abandonnée là par son père et pourvue de pouvoirs lumineux. Magik la dépose à l'école Jean Grey où elle est prise en charge. Puis elle avoue à Kitty être heureuse de leur réunion. Kitty, elle, pense qu'il leur faut maintenant se réconcilier avec Colossus.


Dazzler obtient de Maria Hill l'accès au dossier de Mystique qu'elle accepte de livrer au SHIELD en échange de l'impunité pour les Uncanny X-Men. Une semaine plus tard, Mystique est arrêtée à Madripoor. Dazzler fête ça en se produisant sur scène tandis que, dehors, les recrues des Uncanny X-Men profitent du show tout en décidant de désobéir à Cyclope et de ne pas entrer à l'école Jean Grey.


Au lieu de ça, ils interviennent en tant qu'équipe pour neutraliser la mutante Animax. Ce fait d'armes leur vaut une popularité immédiate, notamment pour Fabio Medina/Godlballs. Mais pris à parti par des anti-mutants, il est gravement blessé. Triage le sauve et l'équipe reconnaît qu'ils ont besoin d'être formés et donc d'intégrer l'école Jean Grey.

Ces trois épisodes sont en apparence anecdotiques mais en grattant, on comprend pourquoi, au final, Uncanny X-Men est plus réussi que All-New X-Men. La gestion des personnages, les story-arcs, l'intensité des relations entre les héros, leurs adversaires (qui sont eux-mêmes en vérité), tout ça est bien plus inspiré et tenu.

Cela peut surprendre car Brian Michael Bendis s'est souvent montré à son avantage en animant des séries sur de jeunes héros, comme Ultimate Spider-Man. Mais il faut bien reconnaître qu'il a été maladroit avec les jeunes X-Men amenés à notre époque, en favorisant trop le personnage de Jean Grey dont il a fini par faire une insupportable gamine intrusive et en nouant autour d'elle des changements incongrus comme sa romance avec le jeune Hank McCoy, ou la révélation absurde de l'homosexualité de Bobby Drake, même si à côté il a été plus touchant avec la liaison de Angel et X-23 et les tourments du jeune Scott Summers.

Avec Uncanny X-Men, il n'est pas tombé dans ces pièges car il a articulé sa série autour des quatre personnages les plus impactés par Avengers vs X-Men (quand bien même il manque à l'appel Colossus et Namor). Avec Cyclope, Emma Frost, Magik et Magneto, il tenait quatre protagonistes au fort caractère mais cassés par leur expérience avec le Phénix et qui étaient obligés de vivre clandestinement tout en recrutant des élèves.

Des héros clandestins, ça rappelle bien sûr la meilleure période de New Avengers, post-Civil War quand Luke Cage et tous ceux qui refusaient le registration act de Iron Man prirent le maquis puis furent traqués par les Dark Avengers de Norman Osborn/Iron Patriot jusqu'à Siege. Dans ce registre, Bendis excelle à décrire des justiciers tiraillés entre leur envie de faire le bien et la nécessité de ne pas se faire prendre, en permanence menacés par des représentants de la loi.

A cela, il a associé des menaces variées et efficaces, souvent spectaculaires, avec des gimmicks accrocheurs et mystérieux jusqu'à ce qu'ils décident de les résoudre, comme le Fauve Noir et ses super-Sentinelles, Mystique, Maria Hill et le SHIELD, le mutant oméga Matthew Malloy, Dormammu, etc. Les recrues de Cyclope et compagnie offraient des profils tout aussi divers et même si certains ont ensuite disparu des radars (comme Hijack, Benjamin Deeds, Triage), d'autres ont su perduré (comme Eva Bell, devenu une des Cinq de Krakoa au même titre que Goldballs, désormais Egg).

Chris Bachalo a signé beaucoup d'épisodes, tous visuellement très puissants et soignés. Malheureusement, Marvel ne lui a jamais trouvé de suppléants dignes de ce nom, ou plutôt a fait des choix discutables en ne conservant pas Frazer Irving, Marco Rudy ou en installant Mike Del Mundo à la place du médiocre Kris Anka. Cela se confirme encore ici où Bachalo signe l'épisode 32, magnifique, tandis que Anka enchaîne avec les 33 et 34 sans saveur au plan esthétique, avant que Valerio Schiti ne relève le niveau pour le 35.

Mais, à présent, passons à la fin du run proprement dite, avec l'épisode 600, un numéro double avec quelques guests de poids et une série de scènes qui bouclent dignement la boucle.


Les jeunes X-Men sont à nouveau au complet maintenant que Scott est revenu de son périple dans l'espace aux côtés de son père. Jean estime que le groupe a besoin de repos. Hank s'éloigne et elle rattrape pour lui confirmer ses sentiments et ils s'embrassent tandis que Scott les observe de loin.


Dans l'école Jean Grey, le Fauve est convoqué par Tornade et il est surpris en voyant tous les X-Men, étudiants compris, l'attendre. Mais il comprend vite que ses amis veulent qu'il réponde de ses actes qui, depuis longtemps, divisent la mutantité. Lui répond qu'il a tout fait, au contraire, pour éviter une catastrophe après le passage du Phénix. Le ton monte, il tourne les talons.


C'est alors qu'à la télé une allocution en direct du Capitole à Washington détourne l'attention des X-Men. Cyclope s'adresse aux journalistes à une foule de curieux en expliquant que son projet révolutionnaire est de remédier à la division entre les mutants et surtout à restaurer l'idéal de Charles Xavier, la cohabitation entre homo sapiens et homo superior. Magneto se joint à lui, fier qu'il embrasse l'utopie de leur ami commun.
Plus tard, dans la soirée, Eva Bell surgit dans le laboratoire du Fauve et lui explique ses voyages dans différentes lignes temporelles où on exigeait d'elle qu'il y ait un procès contre lui. Mais Hank McCoy refuse d'en entendre davantage. Eva s'éclipse et le Fauve quitte l'école Jean Grey.

C'est donc une brillante conclusion qu'écrit là Bendis. Une sorte de synthèse intelligente et nuancée, même si, en vérité, c'est aussi à partir de là qu'il aurait pu (dû ?) enchaîner avec une série X-Men (adjectiveless) sur la grande réunion mutante et la suite du parcours du Fauve moderne. S'il n'y avait eu Secret Wars, l'event de Jonathan Hickman et Esad Ribic qui mit au pas tout l'univers Marvel pendant de nombreux mois et redistribua les cartes à la fin.

Mais avant d'en dire plus, comment en est-on arrivé à ce 600ème épisode ? J'ai fait les comptes : le premier volume d'Uncanny X-Men a compté 544 épisodes, le deuxième 20 et celui-ci, le troisième, 35, ce qui donne 599. + 1 = 600. 

Pour encore mieux situer cet épisode, il arrive chronologiquement donc après All-New X-Men 41, Uncanny X-Men 35, X-Men 26 et Amazing X-Men 19.

Les pages avec les All-New X-Men sont dessinées par Stuart Immonen, qui, comme d'habitude, fait un superbe boulot. Celles du "procès" sont signés Sara Pichelli, très bien. Chris Bachalo se charge de la scène du Capitole avec le discours de Cyclope, impeccable. David Marquez signe quelques autres planches du "procès". Kris Anka met en images les retrouvailles de Kitty, Magik et Colossus, bof. Mahmud Asrar hérite de la scène la plus gênante où les deux Iceberg discutent de leur sexualité (avec les propos de Bobby adulte qui explique ne jamais avoir réfléchi s'il était gay car accaparé par ses missions en tant qu'X-Man... Mon Dieu !). Et enfin Frazer Irving ferme le ban avec l'échange entre Eva Bell et le Fauve.

Tout ça est fort beau (sauf Anka). Et surtout j'ai toujours trouvé ça chouette que les artistes présents au début d'une série reviennent passer pour le final, donc c'est extra de relire une dernière fois du Immonen, du Bachalo...

Bendis, en dehors donc de la scène avec les deux Iceberg gay/pas gay (ou je sais pas, faut que je réfléchisse... Mais bon sang, ce que c'est naze !), écrit des moments touchants, nuancés, et intenses. Parmi ses meilleurs, tous titres confondus. Après ça, All-New X-Men aura droit à deux autres volumes (par Dennis Hopeless et Mark Bagley puis Cullen Bunn et Jorge Molina & RB Silva). Uncanny X-Men attendra plus longtemps pour revenir, avec un run écrit surtout par Matthew Rosenberg et dessiné par Salvador Larroca, juste avant la révolution initiée par Jonathan Hickman, Pepe Larraz et RB Silva avec House of X/Powers of X.

J'espère que ce retour en arrière sur une période controversée mais intéressante, atypique, des mutants vous aura plu et motivé pour la (re)découvrir. 

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