jeudi 23 novembre 2023

BATMAN - SUPERMAN : WORLD'S FINEST #21, de Mark Waid et Dan Mora


Tout (ou presque) est dit sur la couverture : ce nouveau numéro de Batman - Superman : World's Finest va opposer les Superman et Batman de deux Terres. Mais Mark Waid trouble aussi ceux qui croyaient avoir bien cerné ce retour dans l'univers de Kingdom Come, entamé le mois dernier. Dan Mora, lui, se charge de rendre cet affrontement spectaculaire avec son brio coutumier.


A la sortie d'un affrontement avec leurs doubles de la Terre 22, Batman et Superman doivent battre en retraite et trouvent refuge dans la ferme des Kent. Batman s'interroge sur les secrets que garde David Sekela devenu ici Thunderman tandis que ce dernier et ses alliés préparent leur riposte...


J'ai lu le premier volet de cet arc narratif le mois dernier en pensant savoir exactement où je mettais les pieds, quand il se situait dans la chronologie des événements de Kingdom Come. Je suis beaucoup moins affirmatif après avoir lu cet épisode.


Mark Waid a non pas menti au lecteur mais l'a un peu dérouté. En effet, quand Batman et Superman sont arrivés sur la Terre 22, tout indiquait qu'on se trouvait là après la fin de Kingdom Come, soit après le sacrifice de Shazam et la mort de centaines de héros. Pas si simple.


En effet, dans ce numéro, on découvre que les Superman et Batman de Terre 22 ne sont pas encore aussi âgés que dans Kingdom Come, que Superman ne s'est pas retiré après l'assassinat de Lois Lane par le Joker, et d'ailleurs Magog n'existe pas encore et n'a pas exécuté le Joker en représailles. Nous sommes donc bien avant et pas après Kingdom Come.

Waid intègre à son récit des éléments qu'il n'a pas créés comme la présence de Gog, créé par Geoff Johns et Alex Ross dans les pages de Thy Kingdom Come, l'arc qu'ils ont co-écrits pour la série Justice Society of America. Mais en même temps, dans cet arc de JSA, ce n'est pas David Sekela qui devenait Magog mais David Reid, un descendant de Franklin Delano Roosevelt, servant dans l'armée américaine au Moyen-Orient.

Comment interpréter tout ça ? On peut supposer, par exemple, que Mark Waid joue avec les reboots ayant eu lieu dans le DCU depuis Kingdom Come, qui était lui-même un récit hors continuité initialement. Entre temps, il y a eu les New 52 puis DC Rebirth, de quoi pas mal chambouler la mise en place de l'intrigue originelle. Durant les New 52, la JSA n'avait notamment jamais existé et donc l'histoire de Thy Kingdom Come avait été effacée.

Bien entendu, cet arc de World's Finest ne fait que débuter et donc il est difficile, pour ne pas dire impossible de deviner comment Waid va composer avec ce qui a précédé ni où il va aboutir. La seule certitude à ce stade, c'est qu'on est bien sur la Terre 22. Après le diable est dans les détails : Lois Lane est encore en vie (comme le Joker), Superman n'est pas retiré (et ne porte pas son costume futur), Batman porte son armure mais pas parce qu'il est lourdement handicapé.

Et surtout donc, il y a Gog, qui semble avoir une influence énorme sur cette Terre parallèle, notamment vis-à-vis de la Justice League... Mais je ne vais pas spoiler la fin de l'épisode et sa dernière double page impressionnante. En vérité, on est en face d'un puzzle dont seul le scénariste connait le motif. Il convient d'être patient.

Ce qui ne signifie pas qu'on s'ennuie en attendant. Waid fournit à Dan Mora l'occasion de briller et le dessinateur produit des planches explosives. La bagarre que déclenche Thunderman (David Sekela ayant modifié son pseudo de Thunder Boy par rapport à son âge) contre Superman est spectaculaire. Quand les deux Batman s'affrontent à leur tour et que le Nightwing de Terre 22 surgit pour l'aider, la baston se fait plus stratégique mais pas moins percutante.

Mora garde des cartouches pour l'entrée en scène de Gog dont le design est toujours aussi impressionnant et donc l'épisode se referme sur une double page bluffante. On reste estomaqué par la force de travail de Mora qui garde un niveau affolant sur deux séries mensuelles sans jamais s'essouffler. 

Bon, je continue à le préférer sur World's Finest car je trouve que sa manière de représenter Superman et Batman est plus conforme à ce que j'aime que quand il dessine Shazam, où son trait me paraît trop anguleux. Mais c'est tout de même un phénomène exceptionnel en ces temps où les éditeurs ont tant de mal à trouver des artistes capables d'enchaîner les épisodes.

Mention aussi aux couleurs de Tamra Bonvillain, qui, je trouve là aussi, conviennent mieux au trait de Mora qu'Alejandro Sanchez sur Shazam. Elle contribue énormément au charme et à l'efficacité du titre en accompagnant l'artiste titulaire mais aussi les fill-in (quand Mora a quand même besoin de souffler entre deux arcs).

C'est une lecture un peu frustrante mais qui ne va certainement pas manquer de surprendre.

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