lundi 6 novembre 2023

ALL-NEW X-MEN, TOME 8 : LES UTOPISTES, de Brian Michael Bendis, Mahmud Asrar, Mike Del Mundo et Andrea Sorrentino


Alors, comment dire ? Il était temps que ça s'arrête parce que ce huitième et dernier tome de All-New X-Men est vraiment mauvais, c'est le tome en trop, les épisodes de trop. Brian Michael Bendis n'est vraiment pas inspiré et ni les dessins de Mahmud Asrar (sur les épisodes 40-41), ni ceux de Mike del Mundo (sur l'épisode 37), ni ceux d'Andrea Sorrentino (sur les Annuals de All-New X-Men et Uncanny X-Men) ne sauvent les meubles. Dernier tour de piste avant la vraie conclusion dans Uncanny X-Men tome 6.


Emma Frost n'en a pas fini avec l'entraînement de Jean Grey. Elle l'emmène à Madripoor et bloque ses pouvoirs télépathiques en la lâchant dans un quartier mal fâmé. Jean ne tarde pas à y croiser le Blob occupé à écouler les derniers stocks de l'hormone de croissance prélevée à Dazzler quand elle était la captive de Mystique. Le combat s'engage et oblige la jeune mutante à utiliser intelligemment sa télékinésie.


Magik devient la nouvelle professeur des jeunes X-Men maintenant que Kitty pryde a rejoint Star-Lord et les Gardiens de la Galaxie dans l'espace. Jean Grey révèle à Bobby Drake qu'il est gay, ce qu'il ne comprend pas puisque sa version adulte ne l'est pas. Angel avoue ses sentiments à X-23. Cependant, sur l'île abandonnée d'Utopia au large de San Francisco, des agents du SHIELD sont attaqués...


Pour résoudre cette affaire, Maria Hill demande l'aide des X-Men. Jean Grey et ses camarades se déplacent sur l'île avec Magik et y découvrent les Utopistes, un groupe composé de Boom-Boom, Elixir, Madison Jeffries, Karma, Masque et Random, désirant qu'on les laisse tranquilles. Après d'âpres négociations, ils acceptent d'intégrer l'école Jean Grey et Maria Hill renonce à les arrêter.


- ANNUAL ALL-NEW X-MEN / UNCANNY X-MEN : LA VIE SECRETE DE EVA BELL. Après avoir été lâchée avec les recrues des Uncanny X-Men dans le Montana pour un stage de survie, Eva Bell, choquée, fait un bond dans le temps. Elle découvre la Terre attaquée par des martiens dans le futur et que Killraven affronte. Puis elle remonte le temps jusqu'en 1875 où elle croise Rawhide Kid. Elle avance ensuite jusqu'en 2099 et va frapper à la porte du Sanctum Sanctorum où elle découvre que Magik,est devenu la sorcière suprême. Elle passe plusieurs années à se former auprès d'elle, se marie, a un enfant. Mais quand un démon tue Magik, Eva lui promet que le Fauve sera jugé pour ses actes...


Tempus remonte le temps à nouveau, jusqu'à la préhistoire où elle échappe de peu à la mort quand un dinosaure l'attaque. Morgana le Fay la capture pour se servir de ses pouvoirs et échapper à sa geôle. mais Eva réussit à se débarrasser de la sorcière pour atteindre à nouveau le futur. Elle retourne au Sanctum Sanctorum mais cette fois c'est Tony Stark qui est le sorcier suprême et lui apprend qu'elle est dans une ligne temporelle différente. Elle réussit à revenir dans le Montana où ses camarades en la voyant resurgir, les vêtements en lambeaux lui demande si tout va bien.

Quel gloubi-boulga que cet album ! Qu'a voulu faire Brian Michael Bendis avec ces épisodes totalement superflus et mal foutus ? C'est un mystère. Même le plus indulgent de ses fans serait bien en peine de trouver la moindre des qualités à ces ultimes chapitres d'All-New X-Men.

Ce huitième tome s'ouvre avec le n°37 où Emma entraîne à nouveau Jean Grey en l'emmenant à Madripoor mais en bloquant ses pouvoirs télépathiques. Pourquoi pas ? Mais surtout pourquoi cette énième séance de training dont le seul intérêt réside dans le fait qu'Emma a recouvert ses propres capacités télépathiques - et encore on en sait trop comment. Sans doute que les stigmates du Phénix ont fini par s'effacer, mais Bendis ne juge pas utile de préciser.

Les dessins sont signés par Mike del Mundo, un graphiste au style très audacieux, qui aurait eu davantage sa place sur Uncanny X-Men (comme Frazer Irving ou Marco Rudy) à la place du médiocre Kris Anka.

Où sont passés ensuite les épisodes 38 et 39, me demanderez-vous ? Hé bien, ils ont été intégrés au crossover Black Vortex, une nouvelle aventure dans l'espace avec les X-Men et les Gardiens de la Galaxie plus Nova (version Sam Alexander, la création de Jeph Loeb et Ed McGuinness). Je vous dispense de lire ce machin ennuyeux à mourir et totalement grotesque même s'il permet de comprendre la transformation physique d'Angel par la suite (avec des ailes de feu et une armature métallique). A l'époque, j'avais lu ça en baillant beaucoup dans la revue "Les Gardiens de la Galaxie" chez Panini Comics et franchement, je n'ai pas eu le courage d'y revenir pour vous en faire une critique entière.

On passe donc de l'épisode 37 au 40 et 41 pour un arc éclair en deux parties dont l'intérêt est encore un sujet de recherches pour les fans les plus hardcore. Bendis imagine qu'une bande de mutants est revenue sur l'île d'Utopia (désertée depuis Avengers vs. X-Men) et le SHIELD qui avait envoyé des hommes fouiller l'endroit n'a plus de nouvelles. Maria Hill, contre toute attente, demande aux jeunes mutants de mener l'enquête.

Absolument rien ne va dans cette histoire : que ce soit l'identité des Utopistes (sans aucune utopie sinon qu'on leur fiche la paix sur ce morceau de caillou, ayant été l'astéroïde M, au large de San Francisco, et qui y subsistent on ne sait comment), la raison de leur résidence (pourquoi ne se sont-ils pas joints à l'école Jean Grey ?), le fait que Hill demande aux jeunes X-Men d'aller y faire un tour (alors qu'ils n'ont aucune expérience en lien avec une mission pareille), la bagarre qui s'ensuit, l'inévitable négociation menée par... Par qui ?... Je vous le donne en mille : par Jean Grey. Et le dénouement qui vous fait les yeux au ciel tant il montre Bendis en roue libre.

Au passage, Bendis commet un des pires scènes de son oeuvre quand Jean (toujours elle) révèle à Bobby Drake son homosexualité. Il n'en revient pas puis finit par l'admettre tout en ne comprenant pas que sa version adulte ne le soit pas. Et ça, c'est vraiment de la merde ! Mais alors une grosse bouse, qui va complètement venir transformer un personnage qui ne demandait rien, d'une manière totalement gratuite et contradictoire (puisque Bobby Drake a eu des copines, même Mystique lui a roulé une pelle, et dans Wolverine and the X-Men, il avait même entamé une relation avec Kitty Pryde). Entre ça et l'homosexualité de Rachel Summers assénée par Tini Howard dans Excalbur/Knights of X, on voit à quel point le wokisme est un délire terrible, qui, sous prétexte de diversité, de représentativité, fait écrire n'importe quoi !

C'est du grand n'importe quoi, mais c'est dessiné par Mahmud Asrar, très sérieusement. Est-ce suffisant pour sauver les meubles ? Bien sûr que non, mais bon, au moins c'est joli.

Le niveau remonte un peu avec les deux Annuals qui concluent l'album. Panini avait choisi de les publier dans ce tome, sans doute pour qu'il ne soit pas trop maigre (pour une fois). L'histoire fait suite à l'épisode 17 de Uncanny X-Men quand Magik avait laissé les recrues de l'équipe se débrouiller seules dans un environnement hostile, en fait situé dans le Montana. Pour rappel, suite à cet épisode, Hijack se faisait renvoyer par Cyclope car il avait utilisé un téléphone portable pour se repérer et avait ainsi permis au SHIELD de le localiser.

Eva Bell, elle, disparaissait et resurgissait mystérieusement dans cet épisode, jurant aller bien (alors que ses vêtements étaient en lambeaux et que les Stepford Cuckoos avaient lu ses pensées et y avaient découvert ce qu'elle venait de traverser). Par la suite, Bendis, à plusieurs reprises, jouait sur ce mystère car les cadres des Uncanny X-Men, en particulier Cyclope, se doutait de quelque chose. Mais Eva refusait de raconter quoi que ce soit.

Ces deux Annuals lèvent le voile sur l'aventure de Tempus et... Ben, en fait, c'est très décevant. Elle remonte le temps, va dans le passé, le futur, rencontre divers personnages avec lesquels elle interagit fugacement (Rawhide Kid, Killraven, Morgana le Fay) et s'en remet à deux sorciers suprêmes différents (Magik et Tony Stark) pour comprendre que non seulement elle peut voyager dans le temps mais également dans le Multivers. Ah, et aussi on lui répéte que le Fauve (moderne) doit être jugé pour ses actes.

Visiblement, la jeune fille n'a guère retenu la leçon puisque, dans le tome 5 de Uncanny X-Men, elle se fichera pas de créer un bazar avec le temps en allant chercher le jeune Charles Xavier pour effacer l'existence de Matthew Malloy. Et ça ne l'empêchera pas non plus de faire la leçon à Cyclope au prétexte que sa révolution divise la mutanité.

Là encore, on s'interroge sur le propos tenu par Bendis, la démonstration qu'il entend faire dans cette aventure. Eva Bell est une mutante puissante et influente, mais complètement irresponsable et qui mériterait autant d'être jugée que Hank McCoy. Ses rencontres avec des personnages divers apparaissent comme des gadgets (un moyen pour Bendis, souvent accusé de se moquer de la continuité de prouver qu'il connait quand même ses classiques ?). Quand le Multivers, cette invention diabolique, s'en mêle, ça vire au grand fourre-tout au lieu de creuser des pistes intéressantes au milieu de ce zapping infernal (comme Magik qui devient la sorcière suprême).

Les dessins sont l'oeuvre d'Andrea Sorrentino (avec lequel Bendis collaborera ensuite sur une série Old Man Logan, post-Secret Wars). Ceux qui aiment avoir les yeux qui piquent avec les couleurs saturées de Marcelo Maiolo et des découpages alambiqués jusqu'à la caricature (n'est pas J.H. Williams III qui veut) seront comblés par ces planches souvent grotesques au lieu d'être sophistiquées. Les autres tourneront vite les pages en priant pour que ce calvaire cesse.

Le pire dans tout ça, c'est qu'une fois ce tome achevé, on se rendra compte en enchaînant avec le dernier de Uncanny X-Men que c'était une lecture inutile, superflu. Et un des pires machins qu'ait pondu Bendis.

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