lundi 23 juillet 2018

OLD MAN HAWKEYE #7, d'Ethan Sacks, Ibraim Roberson et Marco Checchetto


Ce septième épisode marque un tournant dans cette maxi-série puisqu'il nous plonge aux origines de la chute des super-héros : il s'agit donc d'une étape importante... Hélas ! complètement ratée. Et finalement bien dispensable. Un faux pas de la part d'Ethan Sacks, qui ne peut pas s'appuyer sur Marco Checchetto (qui ne signe qu'une page), suppléé par Ibraim Roberson.


Il y a quarante-cinq ans... Un groupe d'Avengers - War Machine, Scarlet Witch, Quicksilver, Thor, le Faucon, Black Knight, Tigra, Black Widow et Hawkeye - et les Thunderbolts - Songbird, Moonstone, Atlas, Mach-1, Citizen V - vont à la rencontre d'une équipe de super-vilains signalés en ville. Mais Magneto fait exploser leur quinjet.


Le maître du magnétisme commence par tuer War Machine avant que n'entrent en scène ses complices - l'Homme-Sable, Crossbones, le Super-Bouffon, Morgan le Fay, L'Homme Absorbant. Ce dernier étrangle Thor tandis que Scarlet Witch est empalée par son père et Quicksilver piétiné par Atlas.


Les Thunderbolts trahissent les Avengers : Songbird et Moonstone abattent le Faucon. Morgan le Fay décapite Tigra. Atlas pourfend Black Knight avec sa propre épée.


Black Widow tente de convaincre Hawkeye de battre en retraite mais l'instant d'hésitation qui le freine a raison de sa partenaire, à son tour assassiné par Citizen V, qui se démasque pour révéler qu'il est en réalité le Baron Zemo.


Pour que cette défaite cuisante soit communiquée aux autres héros tentés de répliquer, Hawkeye est laissé en vie. Quarante-cinq ans plus tard, il n'a rien oublié et Kate Bishop à qui il vient de raconter ces événements décide de l'accompagner dans sa vengeance. Mais tous deux ignorent que le Baron Zemo les suit à la trace...

Quand Mark Millar écrivit Old Man Logan, qui a établi l'univers dans lequel se déroule Old Man Hawkeye, il avait préféré ne pas montrer la chute des super-héros, se contentant de la suggérer par le déclin de Wolverine (abusé par Mysterio, il avait massacré tous les X-Men) et quelques images-chocs (le marteau de Thor abandonné). Cette économie dans l'évocation suffisait à rendre compte de la terrible attaque groupée des super-vilains.

Ethan Sacks, en racontant l'histoire de Clint Barton quelques années avant celle de Old Man Logan, a sans doute cru bien faire en figurant ce fameux apocalypse des héros, comme pour mieux justifier la vengeance de Hawkeye. Mais, en vérité, mal lui en a pris.

Pour rédiger pareil épisode, il fallait un souffle épique et tragique qu'il est incapable de produire, se contentant de rédiger un combat somme toute rapide et invraisemblable à bien des niveaux, mais qui surtout n'ajoute rien à son histoire. Encore une fois, mieux vaut ne pas en montrer trop mais le faire de manière percutante plutôt que tout et mal le montrer.

Il s'agissait surtout d'expliquer la trahison des Thunderbolts après lesquels le vieux Clint Barton court pour les tuer en mémoire de la défunte Black Widow et de ses amis Avengers. Mais même cela, Sacks le bâcle : on n'apprendra pas ici les motivations véritables d'Atlas, Moonstone, Mach-1, Songbird (cette dernière étant néanmoins la seule à agir à contrecoeur). Le reste est à l'avenant.

Par exemple, comment croire une seconde que Magneto, survivant des camps de concentration, ait pu s'entendre avec Crâne Rouge (grand stratège de la fin des super-héros), un criminel nazi, et qu'il empale sa fille, Scarlet Witch, sans regret, ou laisse Atlas piétiner Quicksilver, son fils, sans tiquer ? L'autre faiblesse concerne la mort de Thor, étranglé par l'Homme Absorbant (renforcé par la magie volée à Scarlet Witch et le magnétisme de Magneto) : difficile de croire que le fils d'Odin ait succombé si vite, sans même invoquer la foudre ? Quant aux autres Avengers participant à cette mission, ils semblent avoir été choisis pour être facilement sacrifiés, comme des personnages de second plan (le Faucon, Tigra, War Machine). Même la fin de Black Widow, censée être bouleversante, est expédiée.

Tout manque cruellement d'intensité, d'émotion. Et comme Marco Checchetto ne dessine pas cet épisode (se contentant de la dernière page - est-ce pour lui permettre de souffler après six épisodes de haute volée ? Ou pour que ce flash-back se différencie par un autre style graphique ?), on ne peut se raccrocher au dessin pour espérer du mieux.

Ibraim Roberson a un dessin qui ressemble à celui de Guiseppe Camuncoli, mais sans l'art de la composition de l'italien. C'est aussi sa faute si l'épisode manque d'envergure, les moments-clés étant souvent mal cadrés, avec des angles de vue, des valeurs de plans assez misérables, et peu d'expressivité.

Que ce numéro soit raté est à la fois dommage et peu grave : on peut le zapper sans craindre d'être perdu ensuite. Mais il faut tout de même souhaiter que les prochains épisodes, jusqu'à la fin de la maxi-série, renoueront avec l'excellence des six premiers et que Checchetto ne manque plus à l'appel : Old Man Hawkeye est une trop bonne production pour qu'elle échoue à mi-chemin. 

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