mercredi 4 juillet 2018

DEADPOOL #1, de Skottie Young, Nic Klein et Scott Hepburn


A vrai dire, je ne savais pas à quoi je consacrerai une ent... Non, ça je l'ai déjà dit ! Mais, enthousiasmé par ma lecture du 801ème numéro d'Amazing Spider-Man, j'ai attaqué le premier de la nouvelle série consacrée à Deadpool. Parce que Skottie Young l'écrit. Et que Nic Klein le dessine. Sans garantie d'aller plus loin, mais pour le fun.


- Back in business. Deadpool est au cinéma lorsqu'il répond à un appel téléphonique de sa complice Negasonic Teenage Warhead qui lui remémore qu'il a un contrat à honorer. La conversation dérange un spectateur derrière le mercenaire qui coupe la communication. Puis il prévient la salle qu'il recherche un certain Rocko pour le tuer. Manque de bol : celui-ci se manifeste et c'est un colosse sur lequel les balles du pistolet de Deadpool n'ont aucun effet.  
  

Rocko inflige une sévère raclée à Deadpool jusque dans la rue et lui demande qui l'a payé pour l'éliminer. Mais le mercenaire ne dénonce personne et se relève, mal en point certes, mais résolu à en finir. Il réussit à ceinturer son adversaire avec une rangée de grenades.


Rocko pulvérisé par l'explosion (et le costume de Deadpool en lambeaux), son commanditaire, qui n'était autre que le spectateur mécontent, refuse de payer des pénalités au mercenaire. Ce dernier file donc avec la moto du mauvais client comme rétribution.


Cependant, les Gardiens de la galaxie avertissent les Avengers de l'arrivée imminente sur Terre d'un Céleste menaçant, Groffon the Regurger. Pour l'arrêter, il n'existe qu'une arme, qui, heureusement, se trouve déjà sur notre planète. Malheureusement, elle est en possession de Deadpool...  


- Good Night. Vexé par une remarque de Negasonic Teenage Warhead sur son absence de popularité, Deadpool entreprend de réécrire ses origines en s'inspirant successivement de celles de Hulk, puis Spider-Man, Superman et Batman...

Je n'ai jamais été fan du "Merc with a mouth" (soit le mercenaire à la grande gueule) qu'est Deadpool, même si j'ai dû composer avec sa présence dans de bonnes séries comme Uncanny X-Force de Rick Remender ou, plus récemment, Uncanny Avengers de Gerry Duggan (lequel a aussi longtemps écrit la série solo consacré au héros). Alors pourquoi lire ce nouveau numéro 1 ?

Un peu par désoeuvrement, je l'avoue. Mais aussi par curiosité. Parce que Skottie Young s'y entend pour animer les héros les plus déjantés avec un humour farcesque redoutable (cf. Rocket Raccoon). Et qu'il est, pour l'occasion, accompagné du mésestimé Nic Klein, qu'on n'attendait pas sur un tel titre.

Je ne prétendrai pas suivre à présent cette série, quoique ce premier épisode est très efficace. Le prétexte, plus que l'histoire, est vraiment accessoire, Deadpool se suffit presque à lui-même, il n'a pas besoin d'un ennemi spécial pour se distinguer, ce mercenaire particulièrement stupide mais coriace, totalement fou et incontrôlable qui dézingue ses adversaires sans sourciller. Du reste, Young ne cherche pas à rendre la série plus fine qu'elle l'a jamais été : le héros finit la bagarre entièrement nu (et ses parties intimes sont cachées par un logo à son effigie ou floutées), le motif de son contrat est passé à la trappe, il rentre à sa base avec ses attributs camouflés de manière grotesque. C'est con, très con, mais drôle.

Et délirant aussi car, dans sa dernière partie, le récit bifurque subitement en invoquant les Gardiens de la galaxie et les Avengers. Saugrenu ? Oui, mais pas innocent car Young introduit un cliffhanger "hénaurme" qui se moque, de manière irrésistible, du premier arc narratif de Avengers par Jason Aaron avec l'arrivée d'un Céleste que seul Deadpool serait capable de neutraliser.

Nic Klein fait son retour chez Marvel où personne ne lui a jamais accordé le crédit qu'il mérite pourtant. Technicien solide, au style évoquant étonnamment celui de Ralph Meyer (et plus généralement ce qu'on pourrait désormais appeler "l'école Jean - Moebius - Giraud), il n'a jamais pu s'installer sur une série alors qu'il fournissait des planches de qualité en respectant les délais (sur The Winter Soldier, Thor, Captain America). Alors il est parti s'amuser ailleurs, chez Image, avec la série Drifter (écrite par Ivan Brandon).

On l'imaginait mal sur une série aussi barrée mais Deadpool gagne son meilleur artiste, capable d'animer aussi bien les scènes d'action que la grosse comédie. Il modère le délire orchestré par Young et c'est pourtant précisément grâce à cela que les effets humoristiques sont plus toniques (le meilleur exemple est cette page où l'explosion de Rocko est montrée hors champ, le retentissement de la déflagration ne faisant même pas sursauter des passants - voir ci-dessus - , la situation devient plus décalée et savoureuse).

Young est généreux dans son appropriation du personnage au point qu'il propose aussi une back-up story à l'épisode, dans laquelle Deadpool veut, pour attirer la sympathie du public, réécrire ses origines - et plagie éhontément celles d'illustres super-héros. Le scénariste a l'intention de poursuivre là-dessus, ça promet. Scott Hepburn dessine cette partie, c'est moins bon que Klein, mais en même temps ça convient parfaitement car l'effet contraste avec la tenue de ce qui a précédé et souligne là aussi le côté blague du procédé.

Je vais donc voir si je persévère (je suis prudent quand même car si c'est marrant, c'est aussi excessivement bavard - même si on peut zapper quasiment tout le texte tellement la narration est efficace - et que je suis d'autres choses). 

Aucun commentaire: