mercredi 11 juillet 2018

DEADPOOL #2, de Skottie Young et Nic Klein


Bon, finalement, j'ai replongé et lu ce deuxième épisode de Deadpool par Skottie Young et Nic Klein - je pense faire au moins le premier arc, et j'aviserai pour la suite. Encore plus débile et drôle que le mois dernier (si, si !), c'est une lecture bien régressive, un vrai plaisir coupable.


Alors qu'il déjeune avec des amis, Deadpool reçoit la visite de Captain America. Mais le mercenaire pense alors que le héros est venu l'arrêter pour avoir repris ses activités de mercenaire et prend la fuite. Il ne va pas loin car tous les Avengers se sont déplacés et l'attendent dehors, mais cela n'arrête pas Deadpool qui engage le combat contre l'équipe.


Après avoir reçu une correction, Deadpool semble revenir à de meilleures dispositions et reçoit Captain America, Iron Man et Black Panther dans son bureau. Ils lui demandent de leur remettre l'arme capable de neutraliser Groffon the Regurger, lorsque Iron Man reçoit un appel des Champions.


Le Céleste est en effet déjà arrivé sur Terre et a commencé son oeuvre. Autre souci : Deadpool assure n'avoir aucun souvenir de détenir une arme susceptible d'éliminer une créature pareil, quoique Captain America lui assure qu'il l'aurait gagné au jeu sur la station spatiale Knowhere.


Iron Man s'impatiente et Deadpool abrège la discussion en dégoupillant une grenade fumigène. Il prend la tangente, direction : un garde-meuble gardé par un membre de l'Hydra... Dans lequel, au milieu d'un indescriptible capharnaüm, il retrouve l'arme !
  

Deadpool peut alors gagner le théâtre du combat engagé entre les héros de New York et les envahisseurs de Groffon the Regurger qu'il défie directement. Manque de chance : l'arme s'enraye !

S'il fallait encore se convaincre que Skottie Young envisageait Deadpool comme un cousin de Rocket Raccoon, dont il écrivit les aventures, un examen de la couverture de ce deuxième épisode suffirait à établir le lien : le mercenaire y déploie des armes aussi nombreuses que volumineuses directement pointées sur le lecteur à la manière du raton-laveur membre des Gardiens de la Galaxie.

Mais, évidemment, ce qui distingue les deux personnages, c'est leur intelligence : Rocket est un infatigable grincheux qui se débarrasse radicalement des fâcheux avec une pointe de contentement sadique, tandis que Deadpool est un crétin absolu qui cache à l'occasion son jeu.

Chercher à appréhender le mercenaire de manière rationnelle est assez passionnant car s'il est stupide, vulgaire, il n'est pas non plus complètement demeuré et loin d'être lâche. Disons, simplement, qu'il pense autrement. Par exemple, pourquoi, sinon parce qu'il culpabilise, fuit-il au début de ce numéro Captain America avant même de savoir pour quelle raison celui-ci demande à lui parler ? Captain America incarne tout ce que n'est pas Deadpool : un être droit, honnête, intègre et intelligent, visant le bien commun - son opposé absolu. Il prend à ses jambes à son cou parce qu'il pense qu'il va être arrêté pour avoir repris ses activités de tueur à gages.

Mais son illogisme monte d'un cran quand il affronte toute l'équipe des Avengers et l'humour utilisé par Young voisine alors avec l'absurdité hilarante des Monty Python puisque Deadpool ne se rendra qu'une fois mutilé, amputé d'un bras, éventré, tel le Chevalier Noir dans Sacré Graal ! qui, même privé de ses deux bras et deux jambes reste persuadé qu'il peut battre Arthur.

Derrière ce sommet de bêtise, Deadpool dissimule pourtant son jeu, mais ses raisons restent nébuleuses : pourquoi prétend-il avoir oublié qu'il a l'arme convoitée par les Avengers alors que Captain America lui rappelle dans quelles circonstances et où il l'a obtenue ? Pourquoi, surtout, sème-t-il Iron Man et Black Panther pour aller la chercher et affronter seul, directement, Groffon ? Deadpool veut-il être le seul héros de la confrontation, celui qui aura résolu le problème et se rachètera ainsi de ses mauvaises actions ? A moins qu'il ne soit mu par une volonté suicidaire en défiant un Céleste ?

Quoiqu'il en soit, malin ou abruti, sa geste est souvent drôle, même si elle ne vole pas haut, c'est un humour tout sauf sophistiqué - quoiqu'il interroge tellement le lecteur qu'on ne peut s'empêcher d'être ahuri par ce qui l'inspire. En revanche, point de mystère au moment de comprendre la signification réelle du titre the Regurger de Groffon : il vomit littéralement ses sbires !

Nic Klein doit quand même faire une drôle de tête en recevant pareil script puis en réfléchissant à la manière de le mettre en images. Mais le résultat est excellent : avant tout chose, parce que l'artiste ne cherche pas à en rajouter. Au contraire, il applique un dessin très premier degré qui donne du relief à ces pitreries, un choix payant.

Comme il a un style réaliste, l'effet est d'autant plus efficace qu'on est surpris par le choix d'un tel graphisme pour ce genre de récit. Klein soigne l'expressivité, les attitudes, bien cadrées dans un découpage sage mais fluide et tonique, comme s'il prenait très au sérieux ces bouffonneries. Et c'est pour cela aussi que c'est très drôle : Young se permet tout mais Klein ne lâche pas la bride, du coup le lecteur est comme les héros sérieux que rencontre Deadpool, médusé.

Un peu moins bavard, plus dynamique et spectaculaire, avec un cliffhanger accrocheur, j'attends désormais fébrilement le n°3.

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