jeudi 5 juillet 2018

DEATH OR GLORY #3, de Rick Remender et Bengal


On dit qu'il ne faut jamais juger un livre à sa couverture, et cela se vérifie avec ce troisième épisode de Death or Glory pour lequel Bengal s'est inspiré de l'affiche de Bullitt (Peter Yates, 1968). Malheureusement, en effet, Rick Remender ne nous entraîne pas dans un récit aussi captivant que celui du capitaine incarné par Steve McQueen. Au point qu'on commence à se demander sérieusement si la série n'est pas en train de faire "Pschitt !"...


Glory résume son passé à Pablo, l'immigré clandestin qu'elle aide à retrouver sa famille en échange de son aide pour dévaliser un trafiquant d'esclaves : sa mère, sur le point de quitter Red, accaparé par son travail, convainquit ce dernier de changer de vie. Mais leur bonheur fut de courte durée car elle fut tuée par un voleur qu'elle surprit.
  

Red éleva seul sa fille puis décrocha une place de mécano dans une écurie automobile où Glory devint pilote. Elle y rencontra aussi Toby qu'elle épousa contre l'avis de son père, avant de déchanter en découvrant ses activités de dealer. De retour auprès de Red, la jeune femme apprit en même temps que lui qu'il avait un cancer du foie pour lequel seule une greffe, coûteuse, pourrait le sauver.


Aujourd'hui, Pablo et Glory vident le coffre-fort de Joe le boucher, qui se sert des immigrés clandestins pour en faire de la viande à consommer, tandis que l'inspection des services d'hygiène débarque. Nos deux héros découvrent Isabelle, la nièce de Pablo, dans une cellule et le jeune homme la confie à Glory pendant qu'il part à la recherche de sa soeur et son beau-frère.


Il trouve à la place dans une chambre froide les restes humains destinés à être vendus tandis que Glory tombe à nouveau sur le tueur à la bouteille de nitrogène qui faillit la tuer après avoir dérobé l'argent de Toby. Elle se réfugie in extremis dans une pièce plongée dans le noir avec Isabelle, la nièce de Pablo.


Avançant à tâtons vers une possible sortie, Glory aboutit dans la salle d'équarrissage de la boucherie de Joe...

Death or Glory n'aura-t-elle été la série que d'un épisode, son "pilote" de 40 pages aussi alerte que prometteur ? Je suis de plus en plus enclin à le croire tant Rick Remender peine depuis à combler les attentes qu'il a suscitées en s'enfonçant dans une intrigue souvent écoeurante et surjouée, dont le rythme est cruellement absent et les personnages de moins en moins intéressants.

Que se passe-t-il ? On avait embarqué pour une aventure trépidante où l'héroïne planifiait un braquage audacieux contre son ex-mari malhonnête avant que tout ne foire et qu'elle soit impliquée dans un trafic d'immigrés clandestins promis à un funeste sort puisqu'un boucher vendait leur chair à ses clients ! Rien qu'en résumant cela, on est quand même sidéré par l'abracadabrantesque tournure du scénario qui a démarré à toute allure comme un thriller pour verser dans l'épouvante.

En soi, pourquoi pas ? On a vu des virages déjà aussi étonnants, et Remender n'est pas franchement un poète délicat qui raconte des fables pour les enfants. L'auteur, même quand il oeuvrait chez Marvel, donc pour des productions mainstream, ne lésinait pas sur le gore et les rebondissements les plus cavaliers (souvenons-nous, en particulier, de son ahurissant Franken-Castle avec le Punisher littéralement reconstruit en hommage au monstre de Mary Shelley).

La différence, c'est que, jusqu'à présent, dans ce que j'ai lu et aimé de Remender, il y avait un allant, un élan, un souffle, qui m'entraînait suffisamment efficacement pour accepter ses tendances à en faire parfois trop. Death or Glory piétine, s'essouffle, et on n'en est qu'au troisième épisode : ce n'est pas bon signe...

Je vais encore donner un peu de temps au titre, qui peut rebondir, mais j'ai tout de même l'impression d'avoir été trompé sur la marchandise : parti pour une cavalcade tonique, me voilà dans une histoire horrifique aux protagonistes sommaires. Je suis déçu, impossible de le cacher.

Et Bengal, qui m'avait fait si forte impression, ne s'en sort pas mieux : son dessin, si énergique et expressif, verse de plus en plus dans une narration type manga avec des personnages grimaçants plus souvent qu'à leur tour, amplifiant les émotions au lieu de les doser, et, victime collatérale des errances du scénario, échoue à donner une plus-value au récit.

Il y a bien, de ci, de là, quelques idées astucieuses, dans le découpage, la valeur des plans, les angles de vue, mais, à l'image du flash-back narré en voix-off au début de l'épisode (et qui en occupe un bon quart, peut-être même un tiers, ce qui est trop), tout cela est noyé dans des facilités (du texte en marge d'illustrations, ou des scènes parallèles qui manquent de tension).

Image Comics a l'habitude de publier un premier recueil d'une série au bout des cinq premiers chapitres, donc j'irai jusque-là pour m'assurer d'un progrès notable de Death or Glory. Faute de quoi, j'arrêterai les frais avec cette série qui avait pourtant si bien débuté.   

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