lundi 9 juillet 2018

CATWOMAN #1, de Joelle Jones


La couverture de ce Catwoman #1 prévient le lecteur avec humour puisque Selina Kyle menace de spoiler Batman #50 si ses fans ne le lisent pas avant sa première aventure solo. Passée cette blague, Joelle Jones, seule aux commandes, a la lourde tâche de redonner son lustre à l'héroïne qui, depuis longtemps, n'a pas été à la fête dans une série à son nom. Mission accomplie ?


Selina Kyle a quitté Gotham depuis une semaine, après avoir renoncé à épouser Bruce Wayne. Depuis, souffrant d'insomnie, elle passe ses nuits dans des cercles de jeux, indifférente à ce qui se passe dehors et en journée.


Pourtant, elle devrait se méfier car une jeune femme commet plusieurs vols et tue un policier en service en s'enfuyant après son larcin, vêtue comme Catwoman. Un ami du flic abattu jure de le venger, quand bien même son supérieur lui ordonne de ne pas se mêler de l'enquête.


Alors qu'elle quitte un tripot, Selina est arrêtée par le détective Yilmaz mais elle réussit à lui échapper en s'engouffrant dans une rame de métro. Pendant ce temps, la femme du gouverneur Creel, Raina, enregistre une interview pour la télé où elle répond aux calomnies dont elle est la cible.
  

Une fois l'entretien terminé, elle se retire dans sa chambre où elle ôte plusieurs prothèses et révèleun corps sévèrement mutilé. Puis elle reçoit ses deux fils et la jeune femme qui se fait passer pour Catwoman, qui s'excuse pour avoir commis un crime contre un policier.


Selina, elle, rejoint sa planque dans la boutique de Carlos et Linda. Alfred Pennyworth lui a expédié son costume de Catwoman et elle apprend à la télé pourquoi elle est recherchée. Elle part alors à la poursuite de l'usurpatrice et ne tarde pas à la retrouver. Mais en la coursant, elle est entraînée dans un local où plusieurs autres filles se trouvent, déguisées comme elle !

Mis à part les runs de Ed Brubaker à partir de 2001 (avec Darwyn Coke, puis Cameron Stewart au dessin) et de Will Pfeiffer à partir de 2005 (avec surtout David Lopez comme artiste), Catwoman n'a guère été bien servie par ceux à qui le staff éditorial l'a confiés. Durant le statu quo précédant "Rebirth", durant les "New 52", on a même touché le fond avec Ann Nocenti.

Puis Tom King a eu la riche idée de redonner de la place à Selina Kyle dans sa série Batman au point d'en faire la co-star du titre et, récemment, d'organiser le mariage du Dark Knight avec la belle voleuse. Ce n'était alors plus qu'une question de temps avant qu'elle récupère un mensuel à son nom - et j'avais parié que Bendis s'en chargerait lors de son transfert chez DC, espérant qu'il le ferait avec Alex Maleev.

C'est finalement Joelle Jones qui en hérite, et c'est tout compte fait logique et légitime : elle a participé à la réalisation de quelques épisodes-clés du Batman de King, une fois le héros ayant fait sa demande en mariage à Catwoman, guidant même le scénariste dans la définition psychologique de Selina Kyle (en suggérant que Bruce Wayne l'idéalisait alors qu'elle traînait un lourd passif).

Pour la peine, l'artiste retrouve sa coloriste de la série Lady Killer (écrite par Jamie Rich), Laura Allred. C'est pourtant le point le moins satisfaisant : la palette utilisée manque de sensualité, privilégiant les à-plats un peu ternes. Le design du costume a aussi été modifié par Jones et c'est dommage car celui de Darwyn Cooke, inchangée depuis 2001, me semblait intouchable, indémodable, à la fois classe et fonctionnel : ici, la combinaison a un aspect vinyle moins esthétique et les ouvertures au niveau des aisselles sont peu raffinées. Dommage.

Que vaut ensuite Jones comme scénariste, poste où elle débute ? Ce premier épisode ne permet pas de se faire une idée définitive, mais elle prend des risques étonnants, notamment en révélant qui en veut à Catwoman. Le mobile de Raina Creel demeure, lui, mystérieux. L'argument - des copycats meurtrières de Catwoman - est accrocheur. Quant à la caractérisation de l'héroïne, elle colle aux événements qui l'ont conduite à quitter Gotham : c'est une femme malheureuse, souffrant d'insomnie et que la menace qui la cible ne va pas laisser se reposer.

Il y a donc à boire et à manger dans ce premier chapitre et il convient de laisser du temps à Joelle Jones pour la juger. D'un côté, les fans de Catwoman espèrent que le personnage aura enfin une série à sa mesure (faute de quoi elle sera uniquement visible dans Batman). De l'autre, chat échaudé craint l'eau froide, rien ne sera passé à Jones qui devra non seulement composer avec une héroïne iconique mais aussi avec la pression de succéder à d'illustres auteurs et de terribles ratés.  

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