mercredi 26 juillet 2017

FANTASTIC BIRTHDAY, de Rosemary Myers


Sorti en Mars dernier, le premier film de Rosemary Myers est un petit bijou qui est à la fois un conte sur l'adolescence et un hommage à Wes Anderson - un conte d'Anderson en somme...
 Greta et Elliott (Bethany Whitmore et Harrison Feldman)

Greta s'apprête à avoir 15 ans, un âge riche de promesses, de changements, qui provoque chez elle autant d'inquiétudes que d'espoirs. Collégienne appliquée mais peu sociale à cause de sa timidité, elle se fait un ami d'Elliott, garçon peu séduisant mais sympathique et visiblement très épris d'elle.
 Le père de Greta (Matthew Whitter)

La mère de Greta s'oppose à son père pour organiser une fête d'anniversaire, l'occasion selon elle de faire "sortir de sa coquille" leur fille (coquille dans laquelle le paternel aimerait la garder car il redoute de voir sa petite grandir trop vite et lui échapper). La jeune fille s'y oppose d'abord puis s'y résigne, comptant sur cette occasion pour mieux s'intégrer à la communauté des collégiens (en particulier la bande de filles menée par Maiah, une peste).
 Elliott et Greta

Mais la soirée ne se passe pas du tout comme prévu : si l'ambiance est joyeuse, Maiah gâche tout en humiliant cruellement Greta et Elliott déclare maladroitement sa flamme à la jeune fille. Elle se réfugie dans la forêt voisine après qu'un lutin ait volé sa boîte à musique, prélude à une errance onirique chargée en symboles, en rencontres...
Greta

Au bout de cette drôle de nuit, Greta aura franchi un cap décisif.

Le film se distingue d'abord par sa forme : il est bref (à peine 1h. 17), le format de l'image est carré, et surtout les cadrages (avec des plans symétriques) et les couleurs (vintage). L'influence de Wes Anderson est manifeste, et Rosemary Myers ne la cache pas. C'est néanmoins plutôt déconcertant, et on se demande s'il ne s'agit pas que d'un simple exercice de style, fait "à la manière de", un peu vain.

Puis, subtilement, l'histoire glisse dans un registre à la fois doux (la cour touchante que fait Elliott à Greta) et cruel (avec l'apparition de la bande de Maiah) jusqu'à la mise en scène (pathétique à souhait) de la fête et son déroulement. L'héroïne choisit une fois encore de s'isoler pour se protéger d'un monde qui la refuse et dans lequel elle ne se sent pas à sa place, s'en remettant à des fétiches de l'enfance (en l'occurrence une boîte à musique, dont la ritournelle est rassurante mais aussi régressive et les éléments curieux).

Enfin, le film bascule dans le songe, la fable et la réalisatrice convoque les codes du genre - la forêt, la nuit, les créatures, etc. Le rythme s'accélère en même temps qu'il semble se suspendre : dans cette longue séquence, Fantastic Birthday s'impose comme une franche réussite, à la fois entraînante, angoissante, sur le passage d'un âge à un autre, entre rêve et cauchemar, nostalgie ouatée et avenir incertain mais inévitable et émancipateur.

La cinéaste a trouvé en Bethany Whitmore un visage, un corps, une interprète parfaits pour exprimer la palette d'émotions de son récit.

Même s'il n'est pas exempt de défauts, ce premier effort est riche de promesses et possède le goût acidulé d'une pop-song mélancolique et l'intensité d'un rite de passage.

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