vendredi 21 juillet 2017

CAPTAIN BRITAIN & MI13, de Paul Cornell et Leonard Kirk


Une virée en Grande-Bretagne à l'heure du "Brexit" ? (Re)lisons Captain Britain & M.I.13 de Paul Cornell et Leonard Kirk.

La série est lancée comme tie-in à la saga Secret Invasion (Brian Michael Bendis / Leinil Yu) mais la formule s'attire un public de fidèles qui maintiendra le titre à flot pendant une quinzaine d'épisodes, soit trois arcs, et un Annual (que j'ai zappé).

Donc, les Skrulls passent à l'offensive et ciblent l'Angleterre dont ils convoitent la magie. Une unité spéciale, le MI 13, commandée par Pete Wisdom, est sur le pied de guerre pour protéger la population et ce patrimoine bien spéciale. L'équipe compte dans ses rangs Captain Britain, Black Knight, Spitfire, Union Jack.

Cornell réjouit par le rythme avec lequel il mène son affaire : 4 épisodes à fond les ballons, avec destructions massives, morts rapides et résurrections aussi express, nouvelle détentrice d'Excalibur (une femme médecin musulmane et voilée, Faïza Hussain), des démons, des skrulls très hargneux. On ne s'ennuie pas... Parce qu'on n'a pas le temps de s'ennuyer !

Graphiquement, Leonard Kirk est au diapason, encré par Jesse Delpergang. Il s'amuse visiblement à animer ces scènes d'action spectaculaires, même s'il échoue à donner du volume à Captain Britain (qui semble avoir subi un régime par rapport à celui dessiné par Alan Davis).
En prime, on a droit à des couvertures de Bryan Hitch (pas toujours renversantes, mais disons que ça se remarque). 

On croit qu'après ça, c'est bouclé, mais que nenni ! 

Après Secret Invasion, Cornell annonce Hell goes to Birmingham (sacré titre) et cette fois, l'équipe doit affronter les conséquences d'un geste mal mesuré par Pete Wisdom, qui, pour repousser les skrulls, a libéré des démons. Tous ont accepté de regagner leurs dimensions par loyauté, sauf un : Platko !
au passage, on s'aperçoit que Mr Misery, dans Dr Strange
de Aaron et Bachlo, est la copie conforme de Platko...
C'est pas beau de copier, même une série un peu oubliée !

Platko vend littéralement du rêve aux humains, et ainsi compte asservir le monde. Captain Midlands, une recrue secondaire du MI 13, trahit le groupe que Blade le chasseur de vampires a rejoint - et lorsqu'il apprend que Spitfire tient ses pouvoirs d'un vampire, vous imaginez que ça complique encore plus la situation !

Toujours pied au plancher, Cornell exploite superbement son intrigue avec une menace originale et spectaculaire, qui permet aussi, habilement, d'explorer les fantasmes de chaque membre de l'équipe (Captain Britain retrouve Meggan, bien vivante, mais s'en détourne, persuadée que c'est une illusion ; Faïza et Black Knight commencent à flirter...). C'est très plaisant à lire, sans prétention mais solide.

Pat Oliffe vient remplacer Kirk au dessin le temps de l'épisode 5, tandis que les encreurs se succèdent (Delpergang étant parti au terme du premier arc). Kirk, lui-même, donne tout ce qu'il a dans des planches exigeantes (explosions multiples, figuration importante, etc), et on sent qu'il tire un peu la langue - souvent influencé par Immonen, il n'en a cependant pas la sidérante régularité.

L'histoire se termine par une nuit au clair de la lune. C'est qu'il s'y prépare du vilain...
 Et cette fois, c'est Stuart Immonen qui se colle
aux couvertures : la classe !

La série va s'achever dans un feu d'artifices et un arc plus long (six épisodes), avec un méchant d'envergure : Dracula. Le prince des vampires accepte d'épargner la Latvérie avec le Dr. Fatalis alors qu'il s'apprête à attaquer la Terre en commençant par le Royaume Uni, dont il se méfie (comme les skrulls) à cause de sa concentration magique.

Le père de Faïza est enlevé, le fils de Spitfire l'attire dans un guet-apens, mais Blade a un as dans sa manche : le crâne de Quincy Harker, qui permet de dresser une barrière magique contre les vampires et de les repousser le moment venu : ça va saigner ! Dracula a aussi, croit-il, un joker puisque Fatalis, durant leur négociation, lui a livré Meggan, histoire de piéger Captain Britain !

Vampire Nation est l'histoire la plus folle et la plus inégale du lot : Cornell multiplie les rebondissements avec adresse et tonus mais abuse parfois des surprises providentielles et cède au bain de sang prévisible et violent d'un tel récit. 

En même temps (comme dirait notre nouveau président), il sait tirer parti du matériel dont il dispose : puisque tous les héros de la série sont des seconds couteaux, aucun n'est assuré de s'en tirer, seule l'affection que peut porter le lecteur à l'un ou l'autre fait la différence, mais ça créé un vrai suspense.

Kirk a un point de côté puisqu'il est régulièrement assisté par Ardian Syaf sur plusieurs épisodes et le mélange de leurs deux styles donnent des écarts déroutants. Mais dans l'ensemble, ça reste honorable : Cornell aime quand ça pète de partout, que ça gicle, que ça démonte, que ça ventile façon puzzle, avec un max de figurants et de décors/véhicules qui partent morceaux, donc le(s) dessinateur(s) qui illustre(nt) ça a(ont) intérêt à être costaud(s).

Je me demande ce que cette quinzaine d'épisodes auraient donné avec Alan Davis au dessin : voilà une production qui aurait été parfaite pour lui, d'autant que Cornell sans être Claremont est à l'aise avec ses héros, la dynamique de groupe, un certain humour délirant.

Bon, ça ne vaut pas la grande époque d'Excalibur (celle de Claremont/Davis et plus encore celle de Davis en solo), mais c'est très divertissant.

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