lundi 1 juillet 2019

MEN IN BLACK : INTERNATIONAL, de F. Gary Gray


Sept ans après le dernier volet de la trilogie réalisée par Barry Sonnenfeld avec Will Smith et Tommy Lee Jones, la franchise Men in Black devient International pour un spin-off, qui marche mieux en Europe qu'aux Etats-Unis. F. Gary Gray ne démérite pas mais le résultat souffre de la comparaison avec les premiers films et surtout des manipulations de son producteur - ce qui colle étonnamment avec l'intrigue !

L'agent O (Emma Thompson)

Ayant assisté, enfant, à une intervention des Men in Black sans être remarquée, Molly Wright n'a eu de cesse pendant vingt ans de découvrir leur Q.G. et d'y trouver des extra-terrestres. Elle y parvient enfin en entrant dans un bâtiment de Brooklyn où elle est vite appréhendée et présentée à l'agent O. Celle-ci se laisse convaincre de recruter Molly comme stagiaire.

L'agent M et le Grand T (Tessa Thompson et Liam Neeson)

Envoyée au bureau de Londres, elle y est accueillie par le Grand T, chef de la section, qui en fait l'adjointe du meilleur agent de l'agence locale, l'agent H. Casse-cou arrogant depuis une opération réussie à Paris, ce dernier se moque du règlement et néglige le danger, comme celui qui pèse sur Vungus, un noble en vacances menacé de mort.

Les Twins (Laurent et Larry Bourgeois)

Deux jumeaux aliens agressent Vungus et provoquent un affrontement avec les deux Men in Black. Pendant que H tente de les contenir, M recueille les dernières paroles de Vungus, mortellement blessé, qui pense que quelque chose cloche au sein de l'agence puis qui remet à la jeune femme un étrange rubis.

Les agents M et H (Tessa Thompson et Chris Hemsworth)

Les jeumeaux se retirent quand des renforts des MiB arrivent. H et M rentrent au Q.G. faire leur rapport mais l'agent C, jaloux de H, réclame sa révocation et le renvoi à New York de M. T met H au repos pour mieux lui permettre de poursuivre l'enquête sur les jumeaux avec M, mais sans être couverts par l'agence. M évoque alors le rubis que lui a remis Vungus.

M et H à Marrakech

Direction : Marrakech, où H connaît quelqu'un susceptible de les renseigner sur les ennemis de Vungus et le rubis qu'ils convoitaient. Mais, sur place, les informateurs sont tous morts, assassinés. Pendant ce temps, C visionne les images du combat de H et M contre les jumeaux et découvre ce que Vungus a donné à M. Il convainc T de les faire arrêter.

Pawney, M et H

A Marrakech, H et M découvrent "Pawny", seul survivant de la tuerie de leurs indics, mais bien incapable de les affranchir sur le rubis ou sur les ennemis de Vungus. Les MiB débarquent pour arrêter les deux agents qui réussissent à fuir sur une moto alien. Leur cavale s'achève dans le désert marocain. M manipule le rubis qui se déploie en une arme surpuissante. Mais elle est dérobée par un extra-terrestre qui les a suivis.

Riza (Rebecca Ferguson)

Après une nuit à réparer la moto, H pense que l'arme a été livrée à Riza, une trafiquante et son ancienne maîtresse. Nouvelle étape : Naples. Pendant que H occupe Riza, M s'infiltre dans sa forteresse où elle récupère le rubis. Ils parviennent difficilement à se débarrasser de Riza et son garde du corps mais leurs ennuis ne sont pas terminés car les Jumeaux resurgissent dehors pour leur réclamer l'arme. T débarquent avec une brigade de MiB et les abat.

H et M à Paris

Ce dénouement frustre H et M qui se demandent si les Jumeaux ne voulaient pas en fait l'arme pour combattre leurs ennemis plutôt que pour attaquer la Terre. Lorsque T disparaît avec le rubis pour Paris, où lui et H avaient repoussé une invasion trois ans plus tôt, les deux agents le rattrapent et l'affrontent au sommet de la Tour Effeil. Cette fois, leur mission est terminée et leur duo dissous car H hérite de la direction du bureau de Londres et M est définitivement affectéeà New York.

L'intrigue de Men in Black : International ne brille pas vraiment pas son originalité : une histoire de taupe dans l'agence, une arme terrible convoitée par des méchants, un dénouement express... Finalement, c'est de constater que les deux agents en première ligne ne restent pas ensemble à la fin qui surprend le plus.

Pourtant, cela reste un agréable divertissement qui fait le job et ne trahit pas l'esprit de la franchise tout en en changeant la dynamique. Le duo d'agents est désormais mixte et de la même génération. En lieu et place d'un vétéran grincheux, on a un beau gosse insouciant et le rookie héberlué d'autrefois a fait place à une recrue téméraire mais déterminée à appartenir à l'agence.

La production a eu une riche idée de confier les rôles principaux à Chris Hemsworth et Tessa Thompson dont la complicité était remarquable dans Thor : Ragnarok. Les deux acteurs, auréolés du triomphe de Avengers : Endgame et amis dans la vie, dynamisent le film sans effort en se moquant volontiers de leur image : lui n'a pas à se forcer pour camper ce beau gosse cool et elle cette jeune femme au caractère bien trempée qui n'a pas besoin de séduire pour exister. Le script multiplie les clins d'oeil à Thor (notamment dans une scène de bagarre où Hemsworth se défend avec un marteau... Mais sans aucun succès, à sa grande surprise).

En tout cas, cela prouve que l'un comme l'autre ont du talent pour autre chose que des aventures super-héroïques (même si leur filmographie le révélait déjà). Quant à F. Gary Gray, s'il n'a peut-être pas autant de style que Sonnenfeld, il emballe son affaire avec beaucoup de punch, visiblement ravi de l'alchimie de ses deux vedettes et du concours de seconds rôles aguerris comme Liam Neeson (dont le personnage est pourtant décevant) ou Emma Thompson (hélas ! sous-exploitée).

Mais alors qu'est-ce qui cloche ? De façon assez troublante, l'histoire du tournage a copié celle du film puisque Vungus, ce noble extra-terrestre fêtard menacé de mort parce qu'il possède une arme secrète, confie à l'agent M que quelque chose ne tourne plus rond chez les MiB, insinuant la présence d'une taupe en cheville avec des ennemis de la Terre.

C'est aussi ce qu'ont révélé des témoins aux médias en racontant la lutte de pouvoir qui s'est établie entre le cinéaste, ses acteurs et le producteur, Walter Parkes. Ce dernier et Gray ne partageaient pas la même vision du film : le réalisateur, soutenu par Hemsworth et (Tessa) Thompson, voulaient conserver l'aspect comique mais en y ajoutant un commentaire politique sur le sort des réfugiés, dont il reste des bribes dans quelques dialogues et situations. Le producteur n'en voulait pas.

Parkes a alors fait procéder à des réécritures durant le tournage, ce qui a conduit les acteurs à engager des dialoguistes pour minimiser les corrections de leur texte. Gray, qui n'avait pas le final cut, n'a, semble-t-il, pas pu livrer un montge conforme à ses souhaits, Parkes ayant même fait réétalonner le film pour le rendre plus lumineux.

Parkes s'est conduit comme le Grand T envers ses MiB dans le film, dégoûtant son co-producteur, se mettat à dos toute l'équipe, et abatardissant le résultat, qui n'est ni assez drôle pour être une pure comédie, ni assez profond pour traiter de la crise des réfugiés. C'est "juste" un honnête spectacle, transparent, ce qui explique sans doute pourquoi le public américain est resté sur sa faim.

Dans ces conditions, on ne peut que s'incliner : d'abord devant le produit fini, qui a échappé aux vrais auteurs, puis devant le professionnalisme de ses acteurs, qui en font la promo comme si de rien n'était mais dont le score au box-office du long métrage les (et nous) privera d'une suite.       

1 commentaire:

GranTorino a dit…
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