dimanche 14 juillet 2019

NAOMI #6, de Brian Michael Bendis, David F. Walker et Jamal Campbell


Avec ce sixième épisode s'achève la première "saison" de Naomi. Si on ignore quand la série reviendra, elle demeure une déception au regard des ambitions affichées par Brian Michael Bendis. En revanche le projet aura révélé Jamal Campbell.


Les parents adoptifs de Naomi et Dee le garagiste rejoignent Annabelle là où Naomi vient de disparaître. Elle a en effet suivi sans résistance Zumbado via un portail dimensionnel sur leur monde d'origine.


Cette terre parallèle est aujourd'hui dévastée par la guerre que se sont livrés les élus dotés de pouvoirs divins. Les rares survivants vivent cachés. Zumbado avoue àNaomi que ses parents biologiques sont morts depuis longtemps.


Parce qu'elle connaît le rôle qu'a joué Zumbado dans le sort de la planète, Naomi l'accuse d'être l'assassin de ses parents et engage le combat. Mais son adversaire est trop puissant pour elle.


La jeune fille ne doit son salut qu'à l'intervention providentielle de sa tante, Akira, qui, en ouvrant un nouveau portail dimensionnel, la renvoie sur Terre. Zumbado la suit mais Naomi l'atomise en déchaînant ses pouvoirs.


Bouleversée, Naomi mesure sa chance de revoir sa famille adoptive tout en comprenant que sa vie a irrémédiablement changé. Elle est soutenue par Annabelle et s'envole vers son nouveau destin.

On peut quand même se demander quelle mouche a piqué DC de sortir tous ces épisodes écrits par Brian Michael Bendis la même semaine (et encore j'ai zappé Young Justice #7). On frise l'indigestion et comme, hormis Event Leviathan #2, le scénariste n'a guère été inspiré, forcément Naomi avait peu de chance de surnager après ses précédents épisodes décevants.

Bendis a aussi sa part de responsabilité car il a visiblement péché par excès de confiance en déclarant dès le lancement de ce titre qu'il allait enrichir le DCU de manière aussi significative que Le Quatrième Monde de Jack Kirby. Plutôt audacieux comme affirmation.

Le compte n'y est évidemment pas. Ce n'est pas la découverte de ses origines extra-terrestres et de ses pouvoirs qui fait de Naomi l'égal d'Orion, de Mister Miracle ou Darkseid. Tout cela évoque davantage Superman (une orpheline recueillie au monde dévasté) et renvoie à d'autres créatures "Bendisiennes" comme Miles Moralés et Riri Williams.

Sauf que Miles et Riri avaient un statut d'héritier de super-héros emblématiques comme l'Ultimate Spider-Man ou Iron Man là où Naomi n'est que le rejeton d'une obscure lignée d'élus dont, il faut bien l'avouer, on se fiche un peu. Est-ce pour cela, comme ne le cache pas la couverture de ce numéro, que l'héroïne va grossir les rangs (pourtant déjà bien fournis) de Young Justice, en attendant la suite de ses aventures en solo (pas avant plusieurs mois car le dessinateur de la série va enchaîner avec un nouveau projet) ?

Quel est aussi la part de David F. Walker dans la série ? Bendis joue-t-il le rôle d'une sorte de concepteur et Walker de scribe ? Ou les deux partenaires se partagent-ils plus équitablement les responsabilités ? Il apparaît tout de même que la série tient davantage de Bendis (pour ses dialogues, ses thèmes).

Le vrai mérite de Naomi sera surtout d'avoir révélé au grand public (car le titre a été bien reçu) son dessinateur, Jamal Campbell. En assumant dessin, encrage et colorisation, il montre un potentiel prometteur. Il lui faut encore travailler la lisibilité de certains plans et freiner l'usage de doubles pages, mais c'est épatant.

Car Campbell assure sur beaucoup d'autres points : ses personnages sont expressifs, ses découpages dynamiques. C'est une vraie star en devenir. Qui va donc devoir confirmer sur Far Sector, un titre inédit de la gamme "Young Animals" de Gerard Way, avec pour héros un nouveau (un énième plutôt) Green Lantern.

Pour ma part, je ne ferai pas la "saison 2" de Naomi (et je ne serais d'ailleurs pas fâché que Bendis lâche ses "Wonder Comics" maintenant qu'il va relancer, à l'Automne prochain, La Légion des Super Héros : le scénariste est une force de travail mais je préférerai qu'il s'éparpille moins). 

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