L'apocalypse zombie continue et DCeased arrive à mi-parcours sans que Tom Taylor ne lève le pied ni ne donne de solution miracle. Cette radicalité est étonnante et on se dit que le pitch délirant, limite grotesque, devient troublant, tragique même par moments. Trevor Hairsine ne ménage pas pas ses personnages et donne à voir le massacre sans chercher à l'enjoliver.
Alfred Pennyworth a abattu Batman et achevé Red Robin et Nightwing. Il prend les commandes du Bat-plane et s'envole au-dessus de Gotham qu'il bombarde pour exterminer les civils infectés.
Dans une ruelle de Gotham justement, Harley Quinn tue le Joker avant d'être prise à parti par les Birds of Prey - Catwoman, Huntress, Batgirl et Batwoman. A Metropolis, Damian Wayne est réconforté par Jon Kent.
Superman met à l'abri les civils indemnes des zombies. Il doit s'absenter et confie Lois Lane, son fils et Damian à Green Arrow et Black Canary retranchés sur le toit de "Daily Planet".
A Atlantis aussi, la situation empire. Aquaman, infecté, attaque sa cité. Contaminé par le sang des victimes, Tempest se retourne contre Mera. Elle l'écarte et prend la fuite, abandonnant ses sujets.
Superman arrive à Smallville. Sa mère, Martha, est saine et sauve, mais Pa Kent est touché. Il l'enferme dans une trappe qu'il scelle. Puis il transporte Martha à Metropolis.
Je l'admets, j'ai entamé la lecture de DCeased comme s'il s'agissait d'une grosse blague. Tout prêtait à le croire : des zombies, un techno-virus, Darkseid qui y passe? tout s'enchaînait à une telle vitesse que ça ne faisait pas sérieux.
Et puis d'abord s'agissait-il d'une histoire inscrite dans la continuité ? Ou d'une sorte de "Elseworld" ? Tom Taylor, en tout cas, y allait à fond les ballons, n'hésitant pas à tuer Batman, à sacrifier Green Lantern...
Le scénariste oublie le sort de personnages en route (quid de Wonder Woman ? Et ce pauvre Cyborg, où est-il passé depuis le premier épisode ?). On verra s'il corrige ça. Mais il faut reconnaître que le coeur n'est plus du tout à la rigolade : si l'argument de ce massacre n'a rien d'original, sa radicalité, son traitement jusqu'au-boutiste sont saisissants.
Le spectre de l'histoire est lui-même troublant : d'un côté, on a Harley Quinn, qui dessoude le Joker et savoure cet instant cathartique, même si, l'instant d'après elle est assaillie par les Birds of Prey. De l'autre, on a Superman, l'occasion pour Taylor de prouver que, non, vraiment, personne n'est épargné.
Car l'auteur trouve un terrible moyen de terrasser l'homme de fer. Je vous rassure, on n'a pas droit à un Super-zombie, mais en infectant Pa Kent, l'épisode se termine sur une scène poignante et cruelle. Avec ce moment remuant, Taylor réussit là où Tom King a échoué dans Heroes in Crisis : montrer ce qui peut briser moralement le plus brave d'entre tous, quasi sans un mot.
Cette crise est sale, répugnante et Trevor Hairsine la dessine comme telle. L'artiste n'a pas un style joli, son trait paraît parfois expéditif, et même l'encrage de Stefano Gaudiano a un aspect crade, à vif.
La contamination, les flots d'hémoglobine (colorisation puissante de Rain Breredo), le feu, c'est l'apocalypse souhaitée par Darkseid. En se concentrant sur un nombre réduit de personnages, tous dans une position critique, Taylor et Hairsine suggèrent habilement que les survivants sot rares et dépassés. On se demande comment ils vont s'en sortir, ce qui restera du monde une fois l'histoire finie.
1 commentaire:
C'est un "Elseworld", Tom Taylor l'a dit.
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