dimanche 16 décembre 2018

HAWKMAN #7, de Robert Venditti et Bryan Hitch


Après le diptyque dans le Microvers, on pouvait raisonnablement penser que Hawkman, le personnage comme sa série, avait connu un tournant décisif : Robert Venditti et Bryan Hitch entraînaient le lecteur loin de la Terre, donc en direction à la fois des Deathbringers (les méchants de l'histoire) et de l'arme capable de les tuer. Mais avant d'en arriver là, restait à éclaircir les origines de Hawkman...


En accédant aux archives du vaisseau qu'il a récupéré dans le Microvers, Hawkman découvre enfin qui il est et d'où et quand il vient. Son vrai nom était Ktar et il était général pour le compte d'un Deathbringer !


Avec son lieutenant, Idamm, il a persécuté et massacré des dizaines de milliers d'individus pour les sacrifier à cette entité qui se régénérait ainsi. Mais la vision d'une femme l'obsédait et allait faire vaciller ses convictions.


Dégoûté par cette folie meurtrière, Ktar interrompt la cérémonie finale en écartant Idamm qui le blesse mortellement. Il encourage alors les prisonniers à détruire la tour abritant le Deathbringer.


Le Dieu jure de se venger tandis que Ktar dérive dans le vide sidéral, à l'agonie. La femme le conforte dans son choix tandis qu'il perd progressivement connaissance. Et meurt ?


Une voix provenant de nulle part lui donne alors le choix : la fin ou le rachat, au prix de réincarnations durant lesquelles il devra sauver autant de vies qu'il en a fauchées, et dans l'attente du retour du Deathbringer. Ktar choisit de vivre... Et Carter Hall est désormais en route pour Krypton !

Depuis le début de la relance du titre, Robert Venditti a affiché une folle ambition, celle d'aboutir à une version terminale, définitive de Hawkman, l'archétype du super-héros DC aux origines filandreuses au possible, constamment remaniées et compliquées à chaque nouveau statu quo.

Il a ainsi établi, très vite, que Carter Hall était la dernière version d'un processus de réincarnations à travers le temps mais aussi de l'espace - alors que, traditionnellement, depuis la saga Blackest Night de Geoff Johns, tout le monde s'accordait pour dire que l'espace était incarné par Green Lantern (et tous les héros aliens) et le temps par Flash (et tous les héros ayant traversé les âges, immortels, remplaçants de personnages initiaux, etc).

On savait donc comment cela se terminait - Carter Hall - mais pas encore comment tout avait démarré. Il était donc une fois Ktar Deathbringer, un zélote armé au service d'un Dieu réclamant toujours plus de sacrifices pour se régénérer. Rattrapé par les horreurs qu'il a commises, Ktar craque au point de tout vouloir détruire pour se libérer. Et s'attire ainsi l'ire de la divinité qu'il servait.

Venietti donne ainsi une envergure exceptionnelle au héros, peut-être son incarnation la plus impressionnante : Hawkman est un personnage de tragédie, qui en a causée mais qui, ce faisant, en est devenu un aussi. Tel Hamlet, il voit un fantôme (cette femme mystérieuse qui le poursuit). Et il doit faire face à la colère d'un Dieu qu'il a provoqué. 

Surtout, la mortalité de cet immortel est posée : en sauvant autant de vies qu'il en a ôtées, Hawkman est promis au repos éternel, aura payé sa dette. Et, en même temps, avant cela, il doit affronter et tuer le Deathbringer, non seulement pour lui-même mais pour la survie du Multivers.

Bryan Hitch livre des planches de feu pour cet épisode : ça devient une habitude, comment ne pas se répéter - ou plutôt, pourquoi ne pas se répéter. L'artiste anglais livre une prestation extraordinaire, une fois de plus.

On dira qu'il évolue dans un registre qu'il apprécie, qu'il a même reformulé depuis The Authority, ce grand spectacle total, cette démesure, ces comics bigger than life. Oui, mais encore faut-il l'assumer et assurer, tenir sa réputation, tenir le rythme. Non seulement, Hitch est présent à l'appel mais depuis sept mois, il enquille les épisodes sans retard, avec une qualité constante, et une générosité dans l'effort imparable.

Même si les auteurs ne répondent pas (encore ?) à tout (qui est celui qui offre le choix à Ktar de se réincarner pour sa rédemption ?), pour tout le reste - l'ampleur du récit, sa profondeur aussi, son imagerie insensée - , Hawkman est un sacré trip. De ceux dont on attend chaque escale avec impatience et gourmandise.

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