vendredi 12 octobre 2018

HAWKMAN #5, de Robert Venditti et Bryan Hitch


Ce cinquième épisode de Hawkman marque un tournant dans la série : non seulement, c'est le début d'un nouvel arc narratif, mais Robert Venditti nous gratifie de quelques explications cruciales sur les aventures de Carter Hall. La leçon n'est nullement un coup de frein car Bryan Hitch, de son côté, continue à nous en mettre plein la vue, avec une régularité enthousiasmante.


Grâce au disque trouvé sur Thanagar, Carter Hall se trouve téléporté dans le Microvers où il retrouve Ray Palmer/Atom. Ne comprenant pas ce qu'il fait là car cet endroit n'a rien à voir avec ses précédentes stations et ses réincarnations spatio-temporelles, Hawkman peut compter sur son ami pour l'aider.


Atom entraîne Hawkman au "Nucleus", son laboratoire, et lui expose une théorie sur ses avatars et le peu de souvenirs qu'il en garde. Selon une théorie, le temps serait comme un océan où passé, présent et futur coexisteraient. Carter a donc pu être en différents lieux et époques simultanément.
  

Mais est-il humain ou extraterrestre ? Et donc où son histoire a-t-elle commencé ? Atom l'ignore mais pense que Hawkman a laissé des indices, des artefacts, pour, le moment venu, aujourd'hui, recomposer le puzzle, et trouver une solution à la menace des "Deathbringers".


En examinant à nouveau le disque de Thanagar, Carter a une révélation : le glyphe gravé dessus est en fait la structure atomique du Nth Métal. S'il a atterri dans le Mircovers, c'est qu'il en a laissé ici ou qu'il en a trouvé jadis. Atom lance une recherche et en détecte une source.


Mauvaise nouvelle : elle se situe dans le coin le plus dangereux du Microvers, à Moz-Ga. Or, cet endroit, désormais désolé, est une entité vivante et surtout inhospitalière comme vont vite le découvrir les deux héros...

En démarrant un deuxième acte dès le cinquième épisode, Robert Venditti signifie au lecteur qu'il développe la série sur un rythme soutenu, en quartiers brefs. On peut donc se rendre compte que, dans un premier temps, il a opposé Hawkman à quelques-unes de ses incarnations passées ou lointaines (en Egypte durant l'Antiquité, ou à Thanagar dans le futur), et chacune de ses rencontres lui a permis de mettre la main sur un artefact qui l'a déplacé autre part.

Le risque, comme je le soulevais dans ma critique le mois dernier, était que ce procédé devienne systématique et lassant. Venditti réagit donc intelligemment en modifiant sa mécanique puisque cette fois Hawkman rencontre non plus un autre lui-même mais un de ses amis héros et dans un environnement où il pense n'avoir jamais mis les pieds.

Cela a un double effet : non seulement Hawkman est relié à la communauté super-héroïque en retrouvant Atom, ce n'est plus l'explorateur solitaire et perdu des quatre premiers volets ; et ensuite il entre en contact avec un personnage en mesure de lui apporter des explications sur ses mésaventures, de manière beaucoup moins cryptiques et catastrophistes que Mme Xanadu (voir #1).

Venditti, depuis qu'il a pris en main la série, a le souci d'opérer une synthèse de l'histoire tortueuse de Hawkman, certainement la mise à jour la plus ambitieuse et assumée à ce jour. Il a ainsi établi que Hawkman était à la fois un héros avec une lignée temporelle et spatiale, résumant ses deux origines (à la fois réincarnation d'un pharaon et d'un flic galactique). Il a aussi insisté sur le fait que ses réincarnations usaient sa mémoire, brouillaient ses souvenirs : Carter Hall ne sait littéralement plus d'où et quand il vient à force de renaître.

On pouvait redouter, à plus d'un titre, le moment où le scénariste, ici par le biais de Atom, allait devoir justifier scientifiquement de tout ça. Mais Venditti a décidément de la ressource car l'explication qu'il donne est limpide et brève, passant comme une lettre à la poste. Elle ne résout pas tout (il faut en garder sous le pied pour la suite) mais éclaire le chemin considérablement (en gros, Hawkman n'est pas une collection d'alias, mais un être multiple et simultané qui a semé des indices pour se reconstruire en vue d'empêcher la fin du monde). C'est brillant et efficace.

Dans ce cadre, comment Bryan Hitch allait-il lui aussi s'en sortir, sachant qu'il excelle davantage dans le grand spectacle que dans la leçon de choses ? Le britannique étonne lui aussi, non seulement par la régularité affichée depuis le début (depuis quand avait-il enchaîné des épisodes, sans retard, d'une telle qualité ?), mais par son adaptabilité. Il découpe toujours les scènes de manière à souligner leurs éléments les plus démesurés, y compris dans ce monde subatomique, quand il montre les étendues infinies du Microvers ou le "Nucleus" de Atom ou le territoire de Mog-Za.

Ensuite, Venditti n'oublie pas de donner du biscuit à son artiste en lui réservant les dernières pages de l'épisode : l'arrivée à Mog-Za, l'attitude brute de Hawkman, la surprise réservée par Atom, sont autant de moments taillés pour Hitch, à renforts de doubles-pages explosives. La preuve que, même dans ce cadre apparemment minimaliste, il y a de la place pour du grandiose.

Hawkman continue d'être une série classique, mais pas pépère : elle est finement conçue et écrite, et superbement mise en images. C'est peut-être un peu scolaire, mais l'effort fait pour reconstruire le personnage est plus que louable et, ma foi, sa quête est tout sauf ennuyeuse. 

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