jeudi 4 octobre 2018

ANT-MAN ET LA GUÊPE, de Peyton Reed


Dans la vaste galerie des héros Marvel portés sur grand écran, Ant-Man est à part parce que dans son premier film il se distinguait pas son humour et ses ambitions décalées - pas de monde à sauver, pas de menace énorme. Peyton Reed (qui avait remplacé Edgar Wright à la réalisation au grand dam des geeks) s'est pris au jeu et d'affection pour ce justicier et Marvel lui a confié la suite de ses aventures avec ce Ant-Man et la Guêpe qui s'avère encore plus réussi mais toujours aussi atypique.

 Scott Lang et Hope Van Dyne (Paul Rudd et Evangeline Lilly)

Assigné à résidence, un bracelet électronique à la cheville, pour avoir pris part à la "guerre civile" entre les Avengers (cf. Captain America III : Civil War), Scott Lang a remisé son costume de Ant-Man et n'a plus de contact avec Hank Pym et sa fille Hope Van Dyne, eux-mêmes recherchés pour lui avoir procuré cette technologie (conçue pour le SHIELD). Ces derniers travaillent donc en secret à la construction d'un portail pour explorer le plan sub-atomique, le "royaume quantique" dans lequel Janet Van Dyne s'est perdue en mission en 1987. Or, après avoir rêvé d'elle, Scott laisse un message sur la boîte vocale de Hank... Et se fait enlever peu après par Hope !

La Guêpe et Ant-Man (Evangeline Lilly et Paul Rudd)

Convaincus que Janet a placé une sorte d'antenne-relais miniature dans le crâne de Scott pour leur donner sa position dans le "royaume quantique", Hank et Hope vont précipiter leurs manoeuvres. En commençant par se procurer une pièce essentielle à leur portail auprès de Sonny Burch, un trafiquant. Mais celui-ci, flairant la bonne affaire, exige d'être leur associé. Le deal dégénère mais Hope/la Guêpe s'empare de la pièce avant que n'entre en scène le Fantôme. Scott/Ant-Man vient lui prêter main-forte mais échoue à arrêter leur adversaire.

Bill Foster (Lawrence Fishburne)

Pour retrouver la pièce, Pym accepte à contrecoeur de faire appel à son ancien partenaire, Bill Foster, pour concevoir rapidement un détecteur. Ils localisent vite le repaire du Fantôme mais tombent dans un piège car Foster est son complice. La jeune femme qui se cache derrière le masque du voleur est Ava Starr qu'une expérience ratée de feu son père, lui aussi associé à Pym au SHIELD, a transformé en créature intangible et mourante.  

Ava Starr/Le Fantôme (Hannah John-Kamen)

Pym promet de l'aider mais c'est par la ruse de Scott que lui et Hope réussissent à s'enfuir en récupérant la pièce. Dans le laboratoire miniaturisé de Pym, Hope stabilise cette fois le portail vers le royaume quantique et, grâce à Scott, elle et son père situent la position de Janet dans cette dimension. Cependant Sonny Burch surgit chez Luis, l'associé de Scott, et lui soutire l'adresse de Pym grâce à un sérum de vérité, puis il informe un agent véreux du FBI pour procéder à l'arrestation du scientifique et de sa fille en cavale contre la garde de sa technologie.

Ant-Man et la Guêpe

Obligé de rentrer chez lui pour qu'on ne remarque pas qu'il a violé son assignation à résidence, Scott échappe donc au coup de filet du FBI ainsi qu'à la récupération du labo miniature de Pym par le Fantôme. Mais, quand Hank et Hope sont conduits au poste, il l'apprend par l'agent Woo, chargé de vérifier sa présence chez lui, et une fois celui-ci reparti, il va libérer ses amis. Cette fois, grâce à une balise placée dans le labo, ils n'ont aucun mal à remonter la piste du Fantôme.

Hank Pym dans le royaume quantique

La Guêpe s'échine à reprendre au Fantôme le labo tandis que Ant-Man s'occupe de Burch et ses sbires à leur poursuite. Pendant ce temps, Pym s'est réintroduit dans son labo et emprunte le portail pour accéder au royaume quantique. Il suit le signal émis par Janet et finit par la retrouver puis, ensemble, ils reviennent dans notre dimension... Juste à temps après que la Guêpe ait maîtrisé le Fantôme et rendu au labo sa taille normale et que Ant-Man avec l'aide de Luis ait livré Burch et ses hommes à la police.

Hope et Scott

Grâce à l'énergie quantique assimilée depuis trente ans, Janet rétablit l'instabilité moléculaire d'Ava Starr qui repart avec Bill Foster. Scott, dont les exploits ne sont pas passés inaperçus auprès de Woo en étant retransmis en direct à la télé, a juste le temps de rentrer chez lui pour mystifier l'agent du FBI. Mais sa peine est de toute façon purgée et on lui retire le bracelet électronique : il peut aller voir sa fille Cassie chez son ex-femme et le nouveau compagnon de celle-ci.

Deux scènes supplémentaires apparaissent durant le générique de fin et au terme de celui-ci :

- Scott retourne dans le royaume quantique pour une expérience menée par Janet, Hank et Hope. Mais ceux-ci sont désintégrés par le claquement de doigts de Thanos (cf. Avengers III : Infinity War) et Scott ne peut plus rentrer dans notre dimension.

- Chez Scott, une fourmi géante, qui le remplaçait en son absence pour porter le bracelet électronique, joue de la batterie.

Chacun des personnages portés sur le grand ou petit écran par Marvel a ses qualités et ses défauts, on peut s'amuser à classer quelles sont les adaptations les plus réussies à chaque fois qu'un nouveau film ou une nouvelle série apparaît - si tant est qu'on regarde tout.

Mais, évidemment, avec le temps - dix ans maintenant que le MCU existe et se développe, avec en guise d'apogée attendue Avengers IV l'an prochain, qui devrait à la fois conclure une ère et en démarrer une autre - , le fan a observé qu'il existe différents échelons dans cette production foisonnante et que ceux-ci correspondent à la personnalité des héros et à l'ambition des longs métrages. Autrement dit, tout le monde n'est pas sur un pied d'égalité. Et tant mieux.

A côté des icônes de Marvel (comme Captain America, Iron Man, Thor), il y a les protagonistes en devenir - amenés certainement à prendre du galon dans les prochaines années (comme Black Panther et Captain Marvel) - et les outsiders - dont la renommée est marginale (comme Dr. Strange). Ant-Man appartient à cette seconde catégorie et non seulement s'y est placé dès son premier film mais s'y conforte dans cette suite, jusqu'à partager l'affiche avec sa partenaire, la Guêpe (dont la "naissance" était annoncée à la fin du premier opus).

La genèse du premier opus avait été très laborieuse parce que le cinéaste Edgar Wright avait développé le projet de son côté, soucieux de se lancer dans sa réalisation seulement quand il serait satisfait des effets visuels. Puis des différends concernant son scénario (pourtant jugé brillant par plusieurs de ses confrères) ont abouti au divorce avec Marvel. Quand Peyton Reed hérita du bébé, les geeks se désespérèrent... Avant de de constater que le résultat valait quand même leur indulgence. Quant à Wright, il s'est refait avec Baby Driver (pourtant moins fabuleux que prévu).

Reed s'est attaché aux personnages (sans doute aussi au chèque de Marvel) et cela se voit car sa réalisation abonde en excellentes idées. Le film est très rythmé, on ne voit pas passer les quasi deux heures de l'histoire, et on se met à rêver qu'un comic-book consacré aux héros déploie autant de trouvailles que le long métrage. Tout y passe : miniaturisations à gogo, gigantisme mal contrôlé, courses-poursuites échevelées, rebondissements incessants, interactions multiples... Presque trop d'ailleurs car parfois on se rend compte que certains éléments sont en vérité superflus (le méchant Sonny Burch, campé par Walton Goggins, est surnuméraire dans un scénario avec un adversaire comme le Fantôme, joué par Hannah John-Kamen, dont l'état est suffisamment captivant).

Mais il faut sans doute y voir un reliquat du script écrit à cinq mains, dont celle de Paul Rudd qui enfile à nouveau le costume de Ant-Man. Le comédien a visiblement contribué, comme dans le premier film, à injecter beaucoup de comédie et c'est salutaire. En faisant du héros une sorte de pantin constamment dépassé par ce qui se joue autour de lui, à commencer par l'obligation de rester chez lui pour purger sa peine, les ruses qu'il imagine avec ses compères deviennent autant de ressorts pour les gags que de moyens de l'humaniser.

On pouvait déplorer dans le film précédent la romance tardive qui unissait Scott à Hope, mais l'histoire a pris en compte les événements de Captain America : Civil War et démarre donc avec une brouille entre les deux personnages et Hank Pym. De quoi relancer la machine sans pour autant effacer complètement ce qui avait été mis en place. Rudd et Evangeline Lilly ont une vraie complicité à l'écran, et l'ex-star de la série Lost pique volontiers la vedette à son partenaire grâce à la caractérisation tonique de la Guêpe. Au milieu, Michael Douglas est royal en savant grincheux dont les évocations de son passé révèlent qu'il n'a jamais été un partenaire exemplaire.

Lawrence Fishburne a peu d'espace pour s'exprimer et Michelle Pfeiffer apparaît finalement peu au regard de l'importance que son rôle a dans l'intrigue, mais tout de même le casting a belle allure grâce à eux aussi.

On passe vraiment un très chouette moment avec Ant-Man et la Guêpe, sans doute le plus humble des films Marvel, celui qu'on peut apprécier sans réserve car il ne cherche pas être plus que ce qu'il n'est. Entre deux Avengers et avant Captain Marvel, c'est une récréation salutaire. 

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