mercredi 8 avril 2009

Critique 17 : NEXTWAVE, de Warren Ellis et Stuart Immonen





Nextwave est une série atypique et décapante, qui ne ressemble à rien de connu dans la production de Marvel, et on la doit au scénariste Warren Ellis et au dessinateur Stuart Immonen.
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La Nextwave squad est composée de :
- Monica Rambeau, ex-Captain Marvel II (créée par Roger Stern, aussi connue comme Photon ou Pulsar, se vantant sans cesse d'avoir dirigé les Vengeurs), pouvant se changer en n'importe quel type d'énergie ;
- Aaron Stack, alias Machine Man, un androïde méprisant les humains (les "tas de chair" comme il les appelle) ;
- Elsa Bloodstone, fille de Ulysses Bloodstone, chasseur de monstre ; bourgeoise britannique forte en gueule ;
- Tabitha Smith, a.k.a. Meltdown (ancien membre des Nouveaux Mutants et X-Force), mutante au pouvoir explosif ;
- et Le Captain, archétype du surhomme, pourvu de pouvoirs (vol, force surhumaine, etc) par des aliens, mais d'une bêtise absolue.
Enfin, leur ex-boss et nouvel adversaire est une version aberrante de Nick Fury, Dirk Anger, patron de la H.A.I.N.E..
A bord de leur vaisseau, ces 5 héros recrutés pour lutter contre le terrorisme découvre que leur employeur orchestre des attaques contre de petites villes dans des régions rurales pour le compte d'une organisation terroriste. La Nextwave squad se retourne donc contre la H.A.I.N.E. et le S.I.L.E.N.C.E..
Ils vont successivement affronter un lézard géant, un policier cyborg, un champ d'O.G.N., un sorcier venant d'une dimension parallèle, une équipe de super-agents dégénérés et enfin l'état-major ennemi.
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Nextwave est une série limitée de 12 épisodes, publiés en 2006 et 2007, parus en 2 tomes (en vo : This Is What They Want - # 1-6 + I kick your face - # 7-12).
L'appellation "Nextwave : agents of HATE" impose d'emblée que le second degré s'impose à la lecture : les superhéros travaillent pour une organisation dont l'acronyme signifie "haine". On pense imméditatement à la  Justice League International de Keith Giffen et JM DeMatteis avec ces seconds couteaux qui servent de ressort comique dans un récit farceur.
Warren Ellis étonne en se montrant très à l'aise dans ce registre comique mais aux multiples facettes : moqueries et railleries entre les membres de l'équipe se succèdent. Par exemple, Monica Rambeau répéte à l'envi son passé comme chef des Avengers en exagérant ses faits d'armes ; Aaron Stack cabotine dans son rôle de robot misanthrope ; Elisa Bloodstone revendique fièrement ses origines européennes (prétexte lors d'une scène pour répondre à la provocation lancée par Mark Millar sur les français durant l'occupation allemande dans Ultimates) ; Tabitha Smith est pendue à son téléphone portable et incarne la blonde idiote...
Ellis s'aventure avec le même bonheur dans l'absurde : soldats sans âmes à base de brocoli ; caractère maniaco-dépressif de Dirk Anger, l'ancien chef de Nextwave lancé à leur poursuit, incompétent et névrosé...
Enfin, il faut compter avec des dialogues croustillants, comme quand le Captain explique avoir essayé tous les noms composés avec Captain (Captain Ron, Captain L. Ron, Captain Universe, Captain Ultra, Captain Avenger, Captain Avalon, Captain Marvel, Captain Kerosene) pour s'apercevoir qu'ils étaient tous déjà pris.
Les menaces que rencontre l'équipe sont de plus en plus délirantes et extrèmes, on nage dans un délire absolu et hilarant, où la surenchère même des dangers qu'affrontent les héros de comics traditionnels est soulignée dans un mélange détonant d'hommage et de parodie : on rit autant qu'on a droit à des batailles homériques comblant aussi bien le fan de comédie que d'action.

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Les dessins de Stuart Immonen (encrés par Wade von Grawbadger) renforcent l'impact drôlatique : l'artiste canadien emploie un style "cartoon" exagèrant expressions et physionomies, avec des traits anguleux.
Il excelle par ailleurs en représentant une technologie décalée (un énorme combiné téléphonique en guise de casque de télécommunication) et en animant des scènes d'action reprenant des astuces visuelles directement inspirées par le dessin animé (un superhéros reçoit un coup, s'envole, et retombe en rebondissant à plusieurs reprises sur le sol).
L'illustration traduit parfaitement les variations du script, au premier degré quand elles soulignent le courage, franchement outrancières quand on plonge dans l'absurde ou la caricature.
Par ailleurs, Immonen réinterpréte brillamment des icones comme les Transformers, ou souligne avec malice le consumérisme débilitant avec les Sans-Cerveaux de Rorkannu - la séquence où ils se substituent aux civils souligne la critique mordante qui se cache derrière la farce.
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Ellis et Immonen sont à la fois respectueux des superhéros sans les prendre au sérieux et en invitant les geeks à faire preuve de la même dérision. Les chapitres sont articulés de façon binaire (exposition de la menace, affrontement et victoire) mais la variété des dangers et l'énormité des solutions du groupe sont implacables. 
Ainsi ne subsiste que la qintessence du genre super-héroïque, mais avec une distanciation comique salutaire (qui n'exclut pas des références pointues - comme Forbush Man, des clins d'oeil aux Krees, des planches inspirées par Mike Mignola ou l'art séquentiel).
Ces 12 épisodes forment un ensemble d'une admirable cohérence et d'une redoutable efficacité, une série également subversive avec ses allusions aux armes de destruction massive recherchées par l'administration Bush en Irak après les attentats du 11-Septembre 2001.
Un comic-book irrévérencieux et imparable.

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