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Le premier attrait de cet ouvrage vient évidemment de la présence au générique d'Alex Ross, dont j'ai déjà loué le talent et l'impact dans les comics. L'artiste de Marvels ou Kingdom Come nous émerveille encore avec son style photoréaliste impressionnant, mis en scène dans un découpage énergique, qui fait toujours penser à Neal Adams (cases aux formes variables et improbables mais donnant un dynamisme étonnant).
Cependant, avec sa narration en voix off (celle de J'onn J'onzz, le Martian Manhunter), JLA - Justice et liberté se rapproche parfois davantage du récit illustré - voire, si on veut être sévère, du livre d'images - que de la pure bande dessinée. Pourtant, même cette approche esthétisante ne gâche pas la lecture, conférant même une concision et une densité à l'histoire qui, si elles peuvent dérouter, sont bienvenues.
Les implications de l'histoire sont également surprenantes : la météorite qui libère le virus s'écrase en Afrique (ce qui rappelle le film Alerte !). Désirant intervenir vite, les super-héros décident avec le Pentagone de se rendre sur place pour endiguer la menace... Mais sans en avertir les gouvernements africains ! Comme le déclare d'ailleurs Wonder Woman : "Quand des innocents meurent, nous avons tous les droits". Cela indique que la JLA ne se soucie pas des autorités locales et prétend faire le bien du monde sans se préoccuper de l'avis du monde en question.
Paul Dini a-t-il voulu faire passer un message politique critique sur le droit d'ingérence ? Je l'ignore mais cela résonne de manière troublante lorsqu'on sait que cette histoire fut écrite alors que les Etats-Unis envahirent l'Irak, à la recherche des fameuses armes de destruction massive que ce pays aurait construit à des fins terroristes. Traiter en tout cas de la vénérable JLA comme du symbole de l'Amérique impérialiste, gendarme du monde, est assez culotté - et évoque évidemment la série Authority, créée par Warren Ellis et Bryan Hitch, dont les héros agissaient au mépris du droit des nations.
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On ne saurait en tout cas suspecter Alex Ross d'une telle propagande, lui qui signa en son temps le série Uncle Sam où il stigmatisait les épisodes les plus sanglants de l'Histoire des Etats-Unis ou qui tenait un discours aussi dénonciateur dans Kingdom Come.
Mais en même temps, c'est cette ambiguïté sous l'apparence du divertissement visuellement somptueux qui fait de JLA - Justice et liberté un comic-book très efficace.
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PS : A noter que pour les "débutants", cet album s'ouvre sur une collection de double-pages relatant les origines des plus éminents membres de la JLA - l'occasion de faire connaissance avec des personnages emblématiques de l'univers DC, toujours sous la plume et le pinceau de Dini et Ross !
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