Comme convenu, après avoir fait l'éloge de Batman : year one, je vais (tenter de) délivrer une analyse de Batman the long halloween, dont les évènements se situent juste après ceux du livre de Frank Miller et David Mazzucchelli. L'initiative de ce projet est dûe à Archie Goodwin, éditeur mythique, qui rêvait de lire une suite au récit des origines de l'homme chauve-souris. Il proposa à Jeph Loeb et Tim Sale, auréolés du succès de Superman for all seasons, de relever ce défi.
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En vérité, cet imposant pavé de 360 planches repose sur un pitch diaboliquement simple :
alors que Gotham city est le théâtre de l'affrontement entre Batman et la pègre dirigée par Carmine Falcone - personnage créé par Miller - , un tueur en série abat ses victimes à l'occasion de jours de fêtes au cours de l'année, comme Thanksgiving, Noël, le Jour de l'An, la Saint-Valentin, la Saint-Patrick, le 1er Avril, la fête des mères et des pères, etc. Qui se cache derrière ces crimes ? Et quel est le mobile de l'assassin ?
Trois héros de Gotham vont s'allier pour tenter de résoudre cette énigme : Batman, Jim Gordon et Harvey Dent.
Trois héros de Gotham vont s'allier pour tenter de résoudre cette énigme : Batman, Jim Gordon et Harvey Dent.
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C'est donc plus un comic-book pour gourmand que pour gourmet. Mais si l'on est friand des exploits de Batman, c'est quand même un régal, ne serait-ce que pour la galerie de méchants qui est convoquée : Catwoman, Salomon Grundy, le Châpelier fou, l'Epouvantail, le Joker, Poison Ivy... Ils sont (presque) tous là pour pimenter cette série de crimes fous et contribuer à l'ambiance dégénérée du récit.
La présence de toutes ces "vedettes" est le prétexte, autant pour Loeb - qui égare le lecteur pour mieux le réorienter ensuite - que pour Sale - qui nous gratifie de pages (dont quantité de doubles) renversantes -, à ce qui est effectivement comme l'indique le titre un long Halloween (l'équivalent de notre Mardi-Gras).
Il faut admettre que Loeb mène son affaire avec un savoir-faire consommé. La révèlation de l'identité du "holiday killer", l'apparition de Two-Face (le monstre défiguré et psychopathe que deviendra le procureur Harvey Dent), la déliquescence de la mafia de Gotham, les investigations contrariées et épiques de Batman, les doutes de Gordon, la description de Gotham dans la droite ligne de l'enfer urbain (campé par Miller dans Batman : year one) : tous ces éléments composent une fresque qui tient ses promesses, ambitieuse, démesurée, "too much", mais dont on sort repu, impressionné, groggy.
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Cette réussite, Loeb la doit beaucoup à Sale qui sait parfaitement traduire visuellement son propos. L'art du découpage, la nervosité de son dessin, son sens de la composition des plans, l'efficacité avec laquelle il illustre les nombreux coups de théâtre, sans jamais se répéter et en employant un style audacieux, expressionniste, baroque : on voit rarement une telle somme !
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Alors, c'est vrai, in fine, on est assez loin d'une vraie suite à Batman : year one. Narrativement et esthétiquement, c'est tout à fait différent : l'un ressemble à un coup de fleuret virtuose, l'autre à une attaque au sabre ravageuse. Mais au bout du compte, là est sans doute la vraie qualité de cet ouvrage : avoir voulu prolonger une aventure sans l'imiter, la singer.
Diffusé à l'origine en 13 fascicules pendant un an, l'histoire compactée en un seul volume ne doit à la limite pas se faire en une seule fois, à la fois pour ne pas rester sur l'estomac, mais aussi pour respecter autant que faire se peut son développement feuilletonnesque. L'intrigue, si elle repose sur un argument simple, est tout de même très touffue, riche en rebondissements, en fausses pistes, et tout cela s'appréciera d'autant mieux si on prend son temps.
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