mardi 20 juin 2023

Collection Marvel Gold - Carrefour : SECRET WARRIORS, de Matthew Rosenberg et Javier Garron


Et voici donc la dernier album que j'ai acheté dans la collection Marvel Gold disponible dans les hypermarchés Carrefour pour 3,99 E. Le programme est curieux dans la mesure où il débute par un épisode de Secret Warriors issu du run de Jonathan Hickman (ici dessiné par Alessandro Vitti), qui plus est rattaché à l'event Siege (2010). Qui n'a absolument aucun rapport avec la suite, écrite par Matthew Rosenberg et majoritairement dessinée par Javier Garron à l'occasion de l'event Secret Empire (2017-2018) et sur laquelle je vais concentrer mes commentaires.



Les cinq premiers épisodes de l'album sont des tie-in à Secret Empire, un event écrit par Nick Spencer. Pour vous resituer : un cube cosmique a transformé Steve Rogers/Captain America en agent de l'Hydra. Pendant des mois, le héros va manipuler tout le monde jusqu'à ce que les Etats-Unis passent sous la coupe de l'organisation terroriste avec la complicité des agents du SHIELD. Un dôme isole New York du reste du pays avec ses super-héros tandis que d'autres justiciers sont coincés dans l'espace. Les mutants ont trouvé refuge à new Tian. 

Lorsque la série Secret Warriors redémarre sous la direction de Matthew Rosenberg, Captain America a fait exécuter Phil Coulson qui a découvert sa trahison.


Cet événement va entraîner l'agent Daisy Johnson alias Quake à vouloir venger son mentor et à former une équipe constituée d'inhumains dans laquelle on trouve Ms Marvel, Moon Girl et Devil Dinosaur, Enfer et Karnak. Celui-ci la convainc de retrouver un jeune inhumain, Leer, qui leur permettra de renverser l'Hydra. Ceci fait, l'équipe apprend que Leer est le fils de Karnak et que son pouvoir lui permet d'augmenter la puissance d'autres inhumains depuis qu'il a subi des expériences du Fauve Noir... A qui l'a livré son propre père !


Matthew Rosenberg est un auteur très inégal, davantage apprécié pour ses comics indés (4 Kids walk into a bank ; What's the furthest place from here ?) que pour ses productions chez les Big Two (Hawkeye : Freefall, Astonishing X-Men). D'où cette agréable surprise de le voir si bien écrire Secret Warriors. Le titre n'a alors plus rien à voir avec celui initié par Jonathan Hickman presque dix ans auparavant, même si on retrouve Daisy Johnson/Quake au générique.

L'excellence du script tient moins dans son intrigue, qui nécessite de connaître les tenants de Secret Empire (au demeurant un event médiocre), qua par la caractérisation de ses héros et la dynamique de leur équipe. On dit souvent qu'il faut de la tension entre les membres d'un groupe pour qu'un team-book fonctionne mais ici ils détestent tous franchement. Daisy s'engueule régulièrement avec Kamala Kahn, Enfer agace tout le monde, Moon Girl est plus intelligente que les autres, Karnak agit comme un sociopathe, et pour couronner le tout ils sont accompagnés par un T-Rex rouge !

Pour illustrer ça, Javier Garron est magistral. Depuis, le dessinateur a pris du galon (en collaborant sur Avengers de Jason Aaron), mais à l'époque c'est un autodidacte déjà impressionnant, produisant des planches regorgeant de détails, ne se ménageant jamais pour des scènes de groupes très peuplées, animant l'action avec tonus, et se payant même le luxe de découper ça avec efficacité et inventivité.

Surtout, même si cette version de Secret Warriors aura une durée de vie très courte (12 n° parus), elle témoigne encore (comme souvent dans cette collection Marvel Gold) des efforts de l'éditeur pour imposer les inhumains même si ça n'aura pas pris auprès des lecteurs. Pourtant, encore une fois, il y avait un réel potentiel, à défaut ici d'avoir un ou deux personnages suffisamment populaires pour avoir une fanbase solide.


Le deuxième arc publié dans cet album comprend les épisodes 8 à 12. A la fin du premier récit, on découvrait donc que Karnak, tracassé par la disparition des brumes tératogènes qui procurent leurs pouvoirs aux inhumains, n'avait pas hésité à livrer Leer, son propre fils, à des savants fous comme le Fauve Noir pour trouver une parade.

Il a également confié son rejeton à Mr. Sinistre, alias Nathaniel Essex, le généticien mutant. Après la séparation des Secret Warriors au terme de Secret Empire, Karnak s'est rapproché de Ahura, le fils de Flèche Noire et Medusa, qui préside la société Ennelux, afin de financer de nouvelles recherches de Sinistre en lui fournissant de nouveaux cobayes... Comme la soeur de Enfer !


A l'équipe qui se reforme pour aider Enfer s'ajoute alors la mutante Magik, qui, elle, traque Sinistre. Cette addition permet d'élever d'un cran supplémentaire les sources de conflits internes dans le groupe puisque mutants et inhumains ne s'entendent pas et que Ilyana Rasputin n'est pas du genre commode. L'intrigue, hélas ! s'effiloche en voulant créer une mini-guerre civile entre les deux races, en exposant la trahison de Enfer (prêt à tout pour sauver sa soeur), celle de Karnak. Dommage.

Qui plus est Javier Garron commence à fatiguer et Marvel doit solliciter deux artistes pour l'assister. Will Robson livre des pages au style trop naïf pour soutenir la comparaison, puis Ramon Bachs intervient pour le dernier épisode.

Cet ultime chapitre montre comment Moon Girl attire chez elle les Secret Warriors (Magik comprise) pour les forcer à se réconcilier autour d'un jeu de société et à l'occasion de son anniversaire. Cela ne fonctionne qu'à moitié mais Karnak en conclut que Lunella Lafayette devrait un jour gouverner tous les inhumains. Marvel n'a pas donné suite à cette piste.

Voilà, c'était le dernier tome de cette collection qu'il me restait à commenter. Je ne me suis pas procuré les cinq autres, qui m'intéressaient moins ou pas du tout (spécialement X-Force période Rob Lefield...). Mais il faut saluer ces opérations mises en place par Panini pour tenter d'attirer de nouveaux lecteurs ou permettre à des habitués de s'approvisionner à bas prix (on a quand même là des albums de plus de 280 pages, certes en softcovers, avec souvent des arcs complets, et parfois de séries méconnues). Ce serait d'ailleurs bien que Panini, comme Urban Comics avec sa gamme Urban Nomad, s'engage dans des rééditions à bas prix au sein d'une collection aux sorties régulières plutôt que sur des opérations ponctuelles.

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