mercredi 10 mai 2023

GREEN LANTERN #1, de Jeremy Adams et Xermanico, Philip Kennedy Johnson et Montos


Après Shazam ! la semaine dernière, c'est au tour de Green Lantern de connaître une relance. C'est aussi le come-back de Hal Jordan dans le rôle. Le héros qui reste attaché au run de Geoff Johns (qui en fit une vraie vedette) est cette fois entre les mains de Jeremy Adams et Xermanico, qui sont réunis après Flashpoint Beyond. Tandis que le mensuel s'accompagne d'une back-up story par Philip Kennedy Johnson et Montos impliquant John Stewart.


Les Gardiens d'Oa ont disparu et ce sont désormais les Planètes Unies qui les commandent. Mais Hal Jordan a refusé de les servir et a dû rendre son anneau de pouvoir et revenir sur Terre, placée en quarantaine car jugée trop peu sûre. Et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas accueilli à bras ouverts...
 

Il y a 19 ans (déjà !) Geoff Johns prenait les rênes du titre Green Lantern et fit de Hal Jordan (l'incarnation du héros depuis le Silver Age) un personnage vedette, éclipsant même à l'époque Superman et Wonder Woman. Quand il quitta la série neuf ans plus tard, il avait achevé un run historique.


Depuis, malgré les efforts des différents scénaristes à avoir animé les aventures de Green Lantern, DC n'a jamais renoué avec pareil succès pour ce personnage. Hal Jordan fut même remplacé par John Stewart dans la Justice League de Scott Snyder, accomplissant le plus souvent ses missions dans l'espace. Loin des yeux, loin du coeur...


C'est encore une fois à l'occasion de Dark Crisis (on Infinite Earths) que Hal Jordan fit son come-back et que, peu après, DC annonça le lancement d'une nouvelle série dont il aurait le premier rôle. Nous y voilà.

Jeremy Adams achève actuellement un long run sur Flash (autre point commun qu'il partage avec Johns) et il se trouve qu'il y a quelques années il avait soumis un pitch à l'editor de la série. Il la proposé à nouveau quand on chercha un auteur pour ce relaunch que DC souhaitait plus terre-à-terre pour le héros.

Comme pour Shazam ! sorti la semaine dernière, il s'agit, on le comprend, de réintroduire Green Lantern auprès des lecteurs, nouveaux ou plus anciens, et de le rendre à nouveau sympathique, abordable. De ce point de vue, c'est une totale réussite, même si comme pour la série de Mark Waid et Dan Mora, on pourra se sentir un brin frustré par ce premier épisode.

Toutefois, ce Green Lantern  n°1 comme Shazam ! témoigne de l'intelligence éditoriale actuelle de DC : plutôt, comme chez Marvel, de confier leurs séries phares à des vedettes pas forcément inspirées, la Distinguée Concurrence attribue les titres à des auteurs fans avec une vision claire et nette pour le personnage et son univers, s'appuyant sur une idée simple. En l'occurrence, faire de Hal Jordan un Green Lantern viré du Green Lantern Corps, revenu sur Terre qui a été mise en quarantaine car considéré comme un secteur trop dangereux pour l'équilibre cosmique.

Sans le sou, parti depuis longtemps, privé de son anneau de pouvoir, Hal Jordan ne résiste pourtant pas un soir à se rendre à Coast City où sévit un dangereux vilain, Steel Fury, vêtu d'une armure de Manhunter. Puis il va frapper à la porte de Caroll Ferris pour décrocher une place. Son retour ne passe pas inaperçu et si certains s'en félicitent, la plupart le voit d'un mauvais oeil...

L'épisode se lit rapidement, presque trop. Jeremy Adams (re)fait les présentations et surtout rétablit les fondamentaux de Green Lantern : Carol Ferris, Sinestro, les Manhunters. Cela contribue à rassurer un lecteur qui n'a plus lu la série depuis un bail. Mais le scénariste en garde sous le pied : où sont passés les Gardiens d'Oa ? Qu'est-ce qui justifie l'autoritarisme des Planètes Unies vis-à-vis du Green Lantern Corps ? Pourquoi la Terre est-elle mise en quarantaine ? Qu'y fait Sinestro, incognito ?

La couverture indique aussi qu'on reverra Kilowog, le formateur du GLC aux côtés de Hal Jordan. Adams n'épargne pas ce dernier qui, embauché à nouveau par Ferris, ne pilote plus d'avion de chasse mais des drones car c'est désormais le matériel favorisé par l'armée, et on voit que cela le met en difficulté. Du coup, habilement, on prend fait et cause pour Hal à qui on souhaite le meilleur tout en se doutant bien que les ennuis vont resurgir vite. Le volontarisme du héros participe aussi à en faire une figure aimable (ce qui est une condition sine qua non pour un personnage se vantant d'avoir le willpower le plus affirmé de tous ses homologues).

DC fait aussi un effort régulier pour attacher aux projets des artistes en mesure de rafraîchir les séries tout en s'assurant de composer un binôme efficace avec le scénariste. Tout comme Dan Mora et Mark Waid, Xermanico et Jeremy Adams se connaissent bien puisqu'ils ont collaboré récemment sur Flashpoint Beyond

L'artiste espagnol s'est investi avec passion dans le titre et son trait sert à merveille le personnage, depuis la couverture à l'aquarelle jusqu'aux planches intérieures au rythme trépidant. Avec le coloriste Romulo Fajardo, il produit des images lumineuses et dynamiques, avec des compositions harmonieuses, sur lesquelles on peut s'attarder pour en apprécier les détails, avec des arrière-plans fournis, mais aussi une fluidité remarquable dans les enchaînements (bienvenue pour un épisode qui va-et-vient entre passé et présent).

Si Xermanico tient le rythme, alors pas de doute, cette relance a de beaux jours devant elle (sinon il faut souhaiter que DC trouve un fill-in artist d'un bon niveau pour laisser au titulaire le temps de souffler de temps en temps).

C'est en tout cas très engageant et on a envie d'y croire.


- JOHN STEWART HOMECOMING (Philip Kennedy Johnson/Montos) - De son côté, John Stewart a aussi fait son retour sur Terre, auprès de sa mère, pour qui il effectue des réparations dans sa maison. Mais dans l'espace, ses compagnons du Green Lantern Corps affrontent la Mère des Revenants qui le traque...

Cette back-up écrite par Philip Kennedy Johnson (Action Comics) doit, à terme, servir de rampe de lancement pour une série régulière consacrée à John Stewart (déjà vedette du run de Geoff Thorne. Il faut en tout cas le souhaiter car en l'état c'est un appendice dispensable pour le titre dédié à Hal Jordan (même si Jeremy Adams n'a pas fermé la porte à une interaction entre Stewart et Jordan).

L'idée de Kennedy Johnson est intéressante : il suggère que Stewart n'a pas claqué la porte du GLC (comme Jordan), mais a plutôt raccroché, comme un militaire professionnel en retraite. Pourtant, considéré comme le meilleur du Corps, il ne fait guère de doute qu'il rempilera, et d'ailleurs une menace dans l'espace indique qu'il est traqué par un mystérieux et féroce ennemi.

Au dessin, Montos, inconnu au bataillon, a un style qui fait penser à du Gary Frank et se montre aussi à l'aise dans les scènes intimistes (avec John et sa mère) que dans l'action (avec le GLC).

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